Les enfants et les jeunes sont devenus des proies faciles pour les créateurs de certains jeux comme la Baleine Bleue Préserver la communication entre les différentes générations d'une même famille tout en étant au diapason des nouvelles technologies de la communication semble être l'un des enjeux majeurs de la famille tunisienne de nos jours. Le monde virtuel agit tant positivement que négativement sur les jeunes. Il les introduit dans un univers parallèle à la réalité, augmentant sensiblement l'écart entre les générations. Un monde qui, loin d'être inoffensif, tend souvent à piéger les plus vulnérables des internautes, les entraînant même dans un labyrinthe de jeux à haut risque sinon mortels. Pour aviser les familles tunisiennes quant aux risques liés aux nouvelles technologies de la communication, en général, et aux jeux et applications électroniques néfastes, en particulier, le bureau régional de la banlieue nord de Tunis relevant de l'Association tunisienne des parents et des élèves (Atupe) et le Centre régional de l'information destinée aux enfants à Ben Arous ont organisé, samedi dernier, un après-midi de sensibilisation sur la rude équation liant la cohésion familiale, d'une part, et l'essor des nouvelles technologies de la communication, de l'autre. Cette rencontre a été l'occasion aussi bien pour les parents, les enfants inscrits audit centre ainsi qu'aux membres de l'association de mettre le doigt sur les différentes problématiques liées à ce thème et d'en cerner les solutions à même d'orienter les familles vers des mesures, voire des réflexes salutaires. Cette rencontre a été organisée dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale de la famille. Protéger sa famille est un devoir Il n'est plus à douter de la fragilité et de la vulnérabilité de la famille actuelle face au monde virtuel et aux différents moyens technologiques de la communication. La communication familiale, dans le sens conventionnel du terme, a perdu de son utilité et de sa capacité à protéger les nouvelles générations. Ces dernières sont devenues des proies faciles pour certains jeux et applications numériques. D'ailleurs, des jeux mortels comme la Baleine Bleue ou encore Marie ont poussé bon nombre d'enfants au suicide. «Sauver la cohésion familiale d'un effritement menaçant relève, avant tout, du devoir des parents. Ce sont eux qui devraient, désormais, rationaliser l'usage des nouvelles technologies de la communication en prenant soin de contrôler la navigation et les contenus des liens qui s'emparent de l'intérêt de leurs enfants. Il faut aussi rétablir la communication réelle entre les membres de la famille», souligne Mme Faïka Ben Jannet, présidente du bureau régional de la banlieue nord de l'Atupe et vice-présidente de l'association. Mme Leila Belhaj, journaliste et membre de l'Association, a réuni les parents autour d'un débat sur la définition même de la famille et de la cohésion familiale. L'heure est, en effet, à la re-mémorisation des notions basiques, lesquelles semblent être éparpillées, négligées voire oubliées dans le brouhaha de la vie quotidienne. Le débat a été l'occasion, pour les parents, de remettre les pendules à l'heure et de tâcher, désormais, de reprendre les choses en main non sans souplesse et lucidité. Place au blocage des liens dangereux ! De son côté, Mlle Mariem Soltani, étudiante en 2e année section développement des systèmes d'information à l'ISET à Zaghouan, a présenté son exposé intitulé : «Dangers et prévention des jeux électroniques pour enfants». Il s'agit d'un projet d'études ayant pour finalité de sensibiliser au mieux les enfants et leurs parents quant à la lutte contre les jeux électroniques nuisibles et autres mortels et prenant connaissance de leurs risques et des moyens de prévention disponibles. «Il devient crucial de sensibiliser les familles tunisiennes sur les risques liés aux jeux électroniques pour enfants et de les informer sur les moyens susceptibles d'aider les parents et les enfants à y faire face. Pour ce, j'ai tenu à reprendre les statistiques et les données ayant été médiatisées sur ces jeux et de transmettre le message via une communication adaptée à chaque tranche d'âge et à chaque niveau intellectuel», souligne-t-elle. Mlle Soltani a pris soin, aussi, d'orienter les parents vers les dispositifs établis afin de les aider à contrôler les liens et les contenus électroniques auxquels accèdent leurs enfants. «L'agence tunisienne de la sécurité informatique a mis en place des applications à cet effet. Il suffit, pour le parent, de demander le blocage automatique des liens nuisibles auprès de l'opérateur de téléphonie mobile et de connexion internet en question pour protéger son enfant contre les méfaits de la communication électronique», indique-t-elle. Cette étudiante a procédé, auparavant, à d'autres actions de sensibilisation, et ce, dans plusieurs établissements scolaires. «Je me suis déplacée au collège d'El Fahs où j'ai présenté mon exposé. J'étais ravie de constater l'intérêt, l'engagement et le sens de la responsabilité chez des parents d'un niveau d'instruction pourtant rudimentaire. A peine je rangeais mes affaires pour quitter les lieux que des enfants étaient revenus pour me dire qu'ils voulaient bloquer ces liens mais qu'ils n'y arrivaient pas aisément», ajoute-t-elle. L'expérience n'était pas, en revanche, aussi fructueuse au collège d'El Wardia où les adolescents étaient plus tentés par le risque que conscients du danger qu'ils encourent. La rencontre a été l'occasion pour les enfants inscrits au Centre régional de l'informatique destinée aux enfants à Ben Arous de donner libre cours aux talents des enfants, des dessinateurs en herbe. Tous les dessins réalisés ont montré, en effet, que le message a été bel et bien assimilé. «Les enfants sont assoiffés de plaisirs simples, de jeux conventionnels. Ils ne demandent qu'à avoir droit à des parcs, des jardins publics, des espaces de jeux et des terrains de sport où ils pourraient jouer en toute liberté. A Ben Arous, tout comme au Kram, les requêtes sont les mêmes», note Mme Ben Jannet. Elle saisit l'occasion pour lancer un appel aussi bien aux parents qu'aux parties concernées : «Les parents sont vivement appelés à s'informer sur les centres d'informatique pour enfants et à y inscrire leurs enfants. Dans ces centres, l'enfant bénéficie d'un bon encadrement tout en prenant goût au monde numérique. D'ailleurs, poursuit-elle, il convient de généraliser cet acquis au profit de tous les chérubins sans exception».