L'Association tunisienne des parents et des élèves (Atupe) réfléchit à l'instauration, dans chaque établissement scolaire, d'une cellule d'écoute de parents et d'élèves bénévoles dont le rôle sera de trouver des solutions aux problèmes et aux difficultés que rencontrent les élèves La réforme du système de l'éducation ne pourrait aboutir aux résultats requis sans un changement progressif et positif de la mentalité prépondérante. Il est grand temps de repenser le relationnel entre les différents acteurs du domaine et de considérer —d'une manière effective et non seulement théorique— que l'intérêt de la catégorie estudiantine mérite bien un effort collectif, impliquant aussi bien l'Etat que la société civile, le cadre enseignant tout comme les parents et les élèves eux-mêmes. Partant de cette logique, l'Association tunisienne des parents et des élèves (Atupe) œuvre en vue de mobiliser les parents d'élèves, les élèves ainsi que le cadre enseignant afin de se serrer les coudes et réussir un projet ambitieux de réforme, dont les retombées se feront déceler tant à court qu'à long terme. «Tout élève a le droit de bénéficier d'un enseignement de qualité. L'optimisation de la qualité de l'enseignement doit être le cheval de bataille de tous les acteurs y compris les élèves eux-mêmes», indique Mme Faïka Ben Jannet, vice-présidente de l'association, chargée de la communication et présidente du bureau régional de Tunis-Nord. Une cellule de bénévoles dans chaque établissement Pour traduire ce défi dans la réalité, il est nécessaire de faire face à la démission des parents, laquelle démission ne cesse de prendre de l'ampleur, et inciter les parents à devenir partie prenante du changement. L'implication des parents dans cette logique commencerait par la création de cellules parentales au sein de chaque établissement scolaire, notamment dans les écoles primaires, les collèges et les lycées. «L'idée étant d'instaurer dans chaque établissement scolaire une cellule de parents et d'élèves bénévoles. Chaque cellule prendra à cœur la résolution des éventuels problèmes que rencontreraient les élèves. Elle jouera en quelque sorte le rôle d'intermédiaire entre parents et élèves, d'une part, et l'administration et le corps enseignant, de l'autre», explique-t-elle. Et d'ajouter que cette cellule coordonnera avec l'Atupe pour organiser des événements culturels et de sensibilisation en faveur de la catégorie estudiantine. Selon Mme Ben Jannet, ce concept rejoint les expériences des pays européens en la matière. Des expériences qui ont donné leurs fruits en raison notamment de l'engagement inconditionnel des parents, du sens de la responsabilité des élèves et de l'importance de l'esprit volontariste dans ces pays. «Nous pouvons réaliser beaucoup de choses grâce au bénévolat. Nous pouvons même instaurer des cours particuliers gratuits au sein des établissements scolaires et qui seront donnés par des étudiants bénévoles», suggère-t-elle. Prêter une oreille attentive Parallèlement, l'association multiplie les actions de sensibilisation sur différentes thématiques ayant trait aux jeunes, dont les comportements à risques qu'il devient urgent de combattre, non pas d'une manière verticale mais plutôt horizontale. Aussi, des rencontres et des cercles de dialogue sont-ils concoctés dans les établissements scolaires relevant de la délégation régionale de l'éducation Tunis 1. Des rencontres qui permettent aux élèves de s'exprimer et d'être écoutés, ce qui n'a jamais été évident, auparavant. «Nous avons organisé des rencontres sur la violence, sur la délinquance, sur la gestion du stress et de la pression psychologique précédant les examens...Et à chaque fois, nous constatons non sans émotion, l'intérêt souligné des élèves. Ces derniers ne demandent, en fait, qu'à être écoutés, orientés, encouragés, considérés», ajoute-t-elle. Il est intéressant de souligner, en outre, que la présence des parents est exigée afin de renouer les relations entre les générations et de créer cet espace de dialogue et d'engagement aussi bien auprès des élèves qu'auprès de leurs parents. Par ailleurs, l'association œuvre pour l'implication des parents, des élèves, des bénévoles et de la société civile dans les actions de rénovation des écoles surannées. «Nous ne pouvons garder les bras croisés ou nous contenter des interventions de l'Etat à cet effet. Chaque parent devrait contribuer à combler les lacunes observées dans l'établissement scolaire où sont inscrits ses enfants, chacun de par sa spécialité, son savoir-faire. Ainsi, un parent maçon, ébéniste ou peintre en bâtiment pourrait retaper à neuf une salle de classe ou la cour de l'école», souligne-t-elle.