Le Document de Carthage II est suspendu depuis près d'une semaine. Pourtant, les tractations et les concertations se poursuivent dans le but de trouver une solution consensuelle à cette crise qui n'a que trop duré Que faut-il attendre des tractations et des concertations qui se déroulent ces derniers jours entre les différents acteurs du paysage politique et civil national dans le but de trouver une solution consensuelle à la crise politique secouant le pays depuis près de deux mois, crise qui s'est approfondie davantage à la faveur de l'allocution télévisée de Youssef Chahed, chef du gouvernement, annonçant sa rupture avec Nida Tounès sous sa direction actuelle et son engagement à poursuivre sa mission à la tête du gouvernement, tout en acceptant d'y introduire de nouveaux visages qu'imposent les derniers développements sur la scène nationale ? C'est la question que se posent les observateurs suivant l'évolution des événements et des positions des uns et des autres depuis que le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a annoncé, lundi dernier, la suspension du Document Carthage 2 quand les participants à la réunion réservée à sa signature n'ont pas réussi à s'entendre sur son point 64 relatif au départ ou au maintien de Youssef Chahed à son poste. Aujourd'hui, près d'une semaine après, Nida Tounès et l'Ugtt restent sur leur position, c'est-à-dire le départ de Chahed, Ennahdha maintient désormais subtilement sa confiance au chef du gouvernement et «s'attache toujours au consensus et à la stabilité du pays» comme le martèlent quotidiennement Rached Ghannouchi et ses principaux collaborateurs, les fondateurs de Nida Tounès écartés par Hafedh Caïd Essebsi et ses lieutenants se préparent à réinvestir le parti et la Centrale syndicale ouvrière fait répercuter le message selon lequel «les syndicalistes attendront l'issue à laquelle aboutiront les tiraillements au sein de Nida Tounès ainsi que le sort réservé à la politique du consensus Nida Tounès-Ennahdha pour se positionner (comme le révèle Slaheddine Selmi, S.G adjoint de l'Ugtt au journal Maghreb du vendredi 1er juin 2018). Les Tunisiens vivent dans l'expectative, attendant ce que leur élite politique et civile est en train de leur concocter. Du côté de Nida Tounès, Hafedh Caïd Essebsi garde toujours le silence et a décidé, semble-t-il, de ne pas répondre à certains parmi les députés du bloc nidaïste qui n'ont pas hésité à souligner qu'ils partageaient l'approche développée par Youssef Chahed quant à la responsabilité que le directeur exécutif assume dans les cuisantes défaites électorales subies par le parti ces derniers mois, même s'ils tiennent à préciser qu'ils auraient préféré que le linge sale du parti soit lavé au sein du parti et non à la télé. Quant à ceux qui ont été obligés de quitter Nida Tounès lors du fameux congrès de Sousse de juin 2015, ils poursuivent leurs concertations dans le but «de réintégrer le parti et d'y retourner maintenant que Hafedh Caïd Essebsi a échoué dans sa mission en conduisant le parti d'une défaite à l'autre. Pour nous, les fondateurs de Nida Tounès, Hafedh Caïd Essebsi n'est plus partie prenante dans le schéma politique national, tout simplement parce que quand on échoue, on part», confie à La Presse Me Abdessattar Messaoudi, l'un des pionniers de Nida Tounès. Il ajoute : «Nous sommes en train de reprendre contact les uns avec les autres, dans le but de reconstruire le parti et lui redonner la crédibilité, le poids et le rayonnement qui lui ont permis de constituer depuis sa création en juin 2012, une force d'équilibre face au parti islamiste Ennahdha. Nous sommes convaincus que nous sommes face à une opportunité historique de sauver le parti et le pays en cette période où beaucoup de parties multiplient les initiatives visant à servir malheureusement certain agendas louches». Ennahdha campe sur sa position Quant à Ennahdha, il se contente pour le moment de comptabiliser les profits qu'il peut tirer aux dépens de son principal allié au gouvernement, Nida Tounès, qui passe par l'une des étapes les plus difficiles de son parcours. Certains observateurs pensent que les nahdhaouis «auraient compris que le président Caïd Essebsi pourrait donner encore une chance à Youssef Chahed» même si certaines indiscrétions laissent entendre que Ghannouchi et le président de la République envisagent de repenser la configuration du consensus dans son ensemble.