Il était d'une élégance exceptionnelle sur le terrain, il a côtoyé de grands joueurs au cours de sa carrière et a donné le tournis à plus d'un adversaire. Il s'agit de l'ex-attaquant aux longs cheveux du CAB, en l'occurrence Néjib Klouz. Né en 1953, il signe sa première licence en 1968 avec les minimes puis gravit petit à petit les échelons pour se retrouver, lors de la saison 1972-1973, avec les seniors. Entre-temps, il a remporté le championnat de Tunisie avec les cadets en 1970-1971 puis, une année plus tard, il disputa la finale de la Coupe de Tunisie juniors contre le CA à El Menzah. Le CAB avait alors perdu par 3 buts à 2. Côté cabiste, il y avait Khaled Gasmi, Ridha Gabsi, Klouz, Mahmoud Jerbi... face à Naïli, Chicha, Néjib Abada, Med Ali Klibi... Le chassé-croisé était passionnant dans un match à suspense, sifflé par un arbitre impartial, M. Séoudi. Comme quoi les problèmes d'arbitrage ne datent pas d'aujourd'hui! Avec les «grands», il joua son premier match à Sfax contre le CSS da Raouf Najjar, Djerbi, Soudani, Dhouib, Agrebi... Les Sfaxiens l'avaient emporté par une courte tête. C'était lors de la saison 1972-1973. Depuis, il a connu une ascension fulgurante avec l'équipe senior au cours de laquelle l'ailier droit «jaune et noir» croise Akid, Najar, Agrebi, Dhouib (CSS), Ben Mrad, Tarek et Lassaâd Dhiab, Bouchoucha, Jlassi, Abdelhamid Kanzari, Abdelkader, Kamel Karya (EST), Gouchi, Moncef Khouini, Bayari (CA), Anouar Chérif, R. Ayach, Bilel Karoui, Melki, Hadigi, Habacha, Jenayah, Adhouma (ESS), Néjib Limam, Ben Arfa, Hlaïem, Bezdah, Nacer Kerrit (ST), Brinis, Koptane, Khaled Hosni, Fassatoui, Gray, Krich (CSHL), Tabka (USM puis ESS), Chemam Abdessalem, Ben Dadi, Anniba, Dérouiche, Jebali, Ben Chaâbane... Excusez du peu! Mais en pleine éclosion, il a dû arrêter de jouer au football avec le CAB à la fin de la saison 1973-74 pour aller poursuivre ses études à Tunis. Cela ne signifie pas qu'il a raccroché les crampons pour autant. Il rendait visite à Abdelmajid Azaïez, son beau-frère à Hammam-Lif, le père de Walid (EST) et Mohamed (CAB) avec lesquels il se plaisait à jouer au ballon. Autrement dit, Néjib Klouz avait conservé une bonne condition physique. Mordu donc comme il l'était, il revient à de meilleurs sentiments à l'orée de la saison 1975-76 et réintègre le CAB, alors entraîné par Mokhtar Ben Nacef. Sa carrière prendra fin en 1979 à la suite d'un accident de moto. On a dû lui poser quatorze points de suture. C'était fatal ! Il joua son dernier match à El Menzah contre l'EST pour le compte des quarts de finale de la coupe de Tunisie, perdu (1-3). Gaddour, boxeur ? Le parcours de l'attaquant cabiste était riche en événements. Il en garde beaucoup de souvenirs. «On jouait contre l'EST au stade d'El Menzah. Le CAB était en possession du ballon en attaque, j'ai permuté avec Ridha Mokrani pour me retrouver nez à nez avec Abdelkader, dit Gaddour, dans l'axe de la défense espérantiste. Ce dernier m'assène un coup de poing et m'ordonne d'aller jouer plus loin. Abdelhamid Kanzari, qui se trouvait là, sourit et me murmure : "Eh oui, il ne faut pas badiner avec son gagne-pain". Quelques minutes plus tard, le même Abdelkader fait une passe en retrait à Rajhi (Zarga), j'intercepte le ballon et j'ouvre le score pour le CAB. Il était fou de rage contre moi. «Nous avons en fin de compte perdu 1-2», se rappelle encore Néjib Klouz. C'était lors de la saison 1977-78. «Mes plus beaux buts» L'ailier droit cabiste a réussi pas mal de buts dans sa carrière mais il en est deux qu'il n'est pas près d'oublier. «Il y a d'abord ce but de la réduction du score contre le SSS de Sahnoun à Sfax, alors que je venais d'être incorporé à la place de feu Mohamed Choulag, avant que Noureddine Guedda n'égalise (2-2). A l'époque, les Siapistes de Sfax constituaient une belle équipe», dit-il, fier de sa réalisation. A l'issue de la rencontre en 1976, Mokhtar Ben Nacef, alors entraîneur, nous a comblés d'éloges Guedda et moi en présence des plus âgés et chevronnés : Choulag, Y. Zouaoui, Ben Goutta, Dridi, Mehouachi... Nous avions reçu tous les encouragements», rapporte-t-il. «Le second but que je n'oublierai jamais est cette frappe du centre du terrain qui est allée se loger dans les filets de Zayani, le keeper du SRS. C'était au stade Ahmed-Bsiri, en 1976, me semble-t-il», enchaîne-t-il. «Le bouquet» On recevait le CA à Bizerte, en fin de saison. Les Clubistes devaient faire match nul ou gagner pour remporter le titre de champion. «On jouait d'égal à égal par respect de la charte sportive. Et alors qu'on s'acheminait vers un score de parité, je lobe Gommidh, je feinte Moussa et du pied gauche de près de 30 mètres, j'envoie le cuir en pleine lucarne, Mokhtar Naïli ne pouvant rien devant cette lourde frappe. Le CA finit derrière le CSS qui est sacré champion», renchérit le buteur nordiste. Et pourtant, deux jours plus tôt, Klouz et Naïli, camarades au même service, au même bureau à Tunis air, prenaient le café ensemble avec Moncef Khouini, Abdeljelil Mehouachi, Ridha Boushih, Mrad Hamza à l'aéroport. C'était «ça» le football à l'époque! Les bonnes relations amicales, le fair-play et chacun défendait les couleurs de son équipe sans calcul. Cela remonte à l'année 1977. Un mauvais souvenir Le CAB jouait contre l'OK au Bsiri, Mellouli frappe sur le petit filet, le ballon pénètre dans la «cage» keffoise. L'arbitre M. Ghayaza accorde le but. Les réserves formulées par l'OK ont amené le bureau fédéral à faire rejouer le match. Et c'est Néjib Klouz qui marque, cette fois-ci, pour les Cabistes. L'OK est relégué en seconde division. «J'avais de la peine de voir cette bonne équipe avec de grands joueurs comme Ben Brahim, Oueslati, Berrejeb, Bouallègue... quitter l'élite», nous dit l'attaquant bizertin avec regret. «Une année après, l'OK accède en division 1 et on se déplaçait au Kef pour y affronter l'OK. Au cours du match, le Keffois Berrejeb, si mes souvenirs sont exacts, me frappe lâchement. Le sang dégoulinait alors sur tout mon visage», achève-t-il. Néjib Klouz a été entraîné par de grands techniciens au cours de sa carrière, pas très longue en équipe sénior (1972-1979), mais ô combien riche en évènements. Il a été supervisé par Nédoklan, alors qu'il était avec les juniors puis Larbi Zouaoui, Mokhtar Ben Nacef, Alexander Gvozdonovich, Rado, Petar. Et n'eût été l'accident de moto en 1979, l'attaquant du CAB se serait davantage distingué.