Issu d'une famille de sportifs et habitant tout près du stade Ahmed-Bsiri, il ne pouvait pas ne pas intégrer les rangs cabistes. En effet, ses frères Ridha et feu Salah, deux ex-footballeurs du CAB, et Hamou, ex-gardien de Water Polo du SNB, l'ont encadré tout au long de sa carrière sportive et lui ont appris à aimer les couleurs «Jaune et Noir» dès son jeune âge. Il s'agit bien évidemment, pour tous ceux qui ont suivi le CAB dans les années 80, notamment de l'ailier gauche Mondher Mokrani. Né en 1962 à Bizerte, il a commencé à fréquenter les terrains de football dès l'âge de 10 ans. De la catégorie école, il a vite brulé les étapes pour se retrouver en équipe seniors lors de la saison 1979-80. Depuis, il n'a connu que des succès ! Il remporte deux Coupes de Tunisie (1982 et 1987), le championnat de Tunisie (1984) et la coupe d'Afrique des clubs vainqueurs de coupe (1988). Il dispute son premier match avec les «grands» contre le CSS, remplaçant Abdeljellil Mehaouachi, alors suspendu. «Je devais exercer un marquage strict sur Hamadi Agrebi, un géant du football tunisien. J'étais fier de jouer contre lui en même temps que je lui vouais une grande admiration», nous dit Mondher Mokrani. C'était là le début d'une carrière longue de 10 ans avec les seniors ,puisqu'il raccrocha les crampons en 1988, juste après la coupe d'Afrique remportée haut la main dans un stade d'El Menzah archi-comble. «La claque de Ridha, mon frère» «On jouait contre le ST en Coupe de Tunisie en 1979 et on menait 2 à 1. Notre gardien de but, Ghazi Limam, se blesse. Et alors qu'on était en train de le soigner, l'arbitre Habib Oueslati exige qu'on l'évacue en dehors du terrain, comportement que je n'ai pas apprécié du tout, et je l'ai fait savoir haut et fort à l'homme en noir. Non content des mots que j'ai proférés à son encontre, il m'expulse du terrain, usant directement d'un carton rouge. Dans la foulée, mon frère Ridha qui occupait le poste d'arrière gauche me donna une claque que je n'ai pas encore oubliée. J'étais K.O., je n'en revenais pas!». Comme quoi, l'éducation passe avant toute autre considération. «Je marquais sur corner...» Une des spécifiés de Mondher Mokrani est de marquer des buts sur corner directement. «Il m'était plus facile de marquer des buts sur corner que sur des penalties. J'en ai marqué 9 «comme ça», si je ne m'abuse. J'en ai réussi contre le CA face à Slim Ben Ohtmane, le SRS de Zayani, le CSHL de Sebaï, le CSC, l'OCK...», enchaîne l'ailier gauche du CAB. «Le CAB était le premier à exercer le pressing» L'équipe cabiste a toujours été entraînée par des techniciens yougoslaves, à l'époque. On a vu se succéder au club nordiste Andrada, Nédoklan, Alexandre Gzovdonovich, Rado et Ratko notamment. Les stages en ex-Yougoslavie étaient réguliers. «C'était au cours de notre préparation d'avant-saison à Split en 1979 il me semble, que l'entraîneur Alexandre nous initia les abc du harcèlement, du pressing. De retour de notre stage, nous avons justement appliqué cette façon de jouer, c'est-à-dire d'exercer le pressing sur l'adversaire. C'était contre le ST au Zouiten la même année en Coupe de Tunisie. Tout cela pour dire que c'est Alexandre Gzovdonovich de l'ex-Yougoslavie qui est le ‘‘père'' du pressing en Tunisie et que c'est le CAB qu'il l'a appliqué en premier», poursuit Mondher Mokrani. Il faut rendre à César ce qui appartient à César. L'ex-ailier gauche du CAB a connu également l'ambiance au sein de l'Equipe nationale. Et c'est feu Hmid Dhib qui le convoqua lors de la saison 1979-80 au club Tunisie. Nos internationaux étaient devenus alors professionnels pour la plupart d'entre eux et avaient, à la suite, des bonnes prestations fournies en Argentine, quittés la Tunisie pour évoluer dans des championnats étrangers, à l'image de Temime Lahzami à l'Olympique de Marseille, feu Med Ali Akid en Arabie Saoudite... C'était contre le club anglais de Southampton au Zouiten, en match amical. J'étais sur le banc des remplaçants avant d'être incorporé en fin de match. Nous avions fait match nul 1 à 1 et Khaled Gasmi avait manqué, à cette occasion, un penalty», se rappelle-t-il encore. L'ex-international du CAB n'a pas fait une longue carrière avec les seniors pour cause de douleurs au dos. En près de 10 ans, il a tout de même connu des moments de bonheur intense, côtoyant dans son passage Tarek, Temime, Agrebi, Zayani, Gasmi, Ghazi, Ben Brahim, Bassam Jéridi, Latrech...