La première de la pièce «Kontra» (Contrebande), écrite et mise en scène par Taïeb Mlaïki et produite par le Centre des arts dramatiques et scéniques de Kasserine, a été présentée lundi dernier au Théâtre des régions à la Cité de la culture. Une lumière tamisée, une atmosphère angoissante, une musique confuse, un décor minimaliste où le seul relief n'est autre qu'une estrade derrière laquelle un grand écran blanc délimite l'espace des évènements que la pièce va dérouler. Une première apparition. Deux personnages engagent une conversation sur leur sort de pauvres, de laissés-pour-compte, d'exclus qui se remémorent la joie perdue d'une enfance heureuse, insouciante. Et soudain le sursaut, la colère et l'envie de changer les choses. Et c'est là que tout commence. La trame de fond de «Contrebande» commence à s'épaissir pour donner tout le volume au travail dramaturgique du metteur en scène qui a voulu raconter, à sa manière, l'enrôlement de deux jeunes dans la nébuleuse mafieuse qui fait de la contrebande un travail lucratif, faisant table rase de toutes les valeurs morales et éthiques. La pièce déroule une histoire qui se passe dans les années quatre-vingt-dix dans une usine désaffectée où «Si Cherif», un personnage présent-absent, gère avec une main de fer les activités de la contrebande avec la complicité de sa femme et de ses ouvriers. Mais les conflits entre les tenants de ce commerce font soudainement surface, alimentés par la cupidité des uns et la lâcheté des autres. «La machine» est au ralenti avant de se gripper. Si Cherif, qui est une métaphore du chef contrebandier, manipulateur des petits arrivistes qui cherchent à se faire fortune à travers cette activité, finit par tomber, mais pas la «contrebande » qui renvoie dans cette pièce à la nature humaine qui balance entre le bien et le mal. Ecrite et mise en scène par Taïeb Mlaïki, interprété par Riadh Misaoui, Walid Khadhraoui, Karim Rouafi, Jamai Al Maamari, Chaima M'barki, Sami Amri, sur une scénographie de Mounir Semii, «Contrebande est une production du Centre des arts dramatiques et scéniques de Kasserine, lequel a choisi de la présenter en première au Théâtre des régions de la Cité de la culture lundi 4 juin dans la cadre du programme du Pôle théâtre et arts scéniques pour le mois de Ramadan. En présence d'un grand nombre de comédiens, dont Fatma Ben Saïdane et Dalila Meftahi, «Contrebande» a fait l'autopsie du système des groupuscules mafieux qui font de la contrebande une activité juteuse avec tous les dangers et risques qui en découlent. Des repris de justice, des ratés, des naïfs qui cherchent à sortir du cercle fermé de la pauvreté mais qui finissent par être pris au piège d'un autre engrenage où l'issue n'est autre que la prison ou la mort. Avec une écriture dramaturgique utilisant des approches modernes où la lumière et les effets sonores sont très présents en tant que complément indissociable du texte, «Contrebande» est un travail assez audacieux à travers lequel Taïeb Mlaïki a mis en valeur le talent de ses comédiens, et de ses techniciens de la scène, avec un décor peu encombrant qui permettra sans doute à cette pièce de voyager à travers le pays. Pour une première ce fut une grande pour le Centre des arts dramatiques et scéniques de Kasserine qui vient tout juste d'être créé et dont cette première œuvre augure d'un avenir prometteur sur le plan de la création. Rappelons que «La petite sirène Mayar» est le prochain spectacle proposé par le Pôle théâtre et arts scéniques et qui se déroulera le mardi 12 juin, au Théâtre des régions de la Cité de la culture, à 22h00.