Noureddine Taboubi poursuit ses consultations comme s'il lui incombait de résoudre la crise qui ne fait que perdurer face à l'inertie de la présidence de la République. En attendant que l'Ugtt renforce ses alliances devenues de plus en plus fragiles, Youssef Chahed cultive le flou et reporte quotidiennement le remaniement qu'il a promis depuis plusieurs semaines Pourquoi Noureddine Taboubi, secrétaire général de l'Ugtt, poursuit-il, contre vents et marées, ses consultations avec les responsables des partis politiques et des organisations nationales dans le but de les convaincre de s'aligner sur la position de la Centrale syndicale ouvrière appelant à la révocation pure et simple du chef du gouvernement et à la formation d'une nouvelle équipe ministérielle qui aura à mettre à exécution les 63 points ou mesures concoctés par les experts pour le Document de Carthage II ? La question s'impose d'autant plus que beaucoup d'observateurs n'ont pas hésité à affirmer que désormais et face au silence qu'observe le palais de Carthage, le sort de Youssef Chahed et de son équipe ministérielle se décidera à la place Mohamed-Ali dans la mesure où on est pratiquement convaincu qu'au palais du Bardo, il n'est pas acquis qu'on puisse collecter les signatures nécessaires pour soumettre une motion de censure à l'encontre de Youssef Chahed ou arriver à convaincre 109 députés de lui retirer leur confiance au cas où le président de la République demanderait qu'on lui accorde de nouveau la confiance. Hier, on est parvenu à la 15e rencontre que Noureddine Taboubi tient avec un responsable politique, en l'espace d'une semaine. En effet, une délégation de Nida Tounès conduite par Hafedh Caïd Essebsi, le directeur exécutif du parti, mais ne comprenant pas Sofiène Toubal, le chef du groupe parlementaire nidaiste (il aurait, selon les informations parvenues à La Presse, refusé de se joindre à la délégation estimant que les consultations du SG de l'Ugtt ne sont plus productives), est allé, hier, à la rencontre de Noureddine Taboubi pour «examiner la situation générale dans le pays à la lumière de la crise politique et pour convenir de la nécessité d'y mettre un terme en créant un nouveau climat politique, social et économique à même d'améliorer les conditions de vie des Tunisiens», comme le souligne le communiqué lapidaire publié à l'issue de la rencontre. Mais ce que ne précise pas le communiqué et ce que répandent certaines sources au fait de ce qui se passe au sein de Nida Tounès, c'est que dans les rangs nidaistes, on n'est plus aligné d'une manière automatique sur les positions du directeur exécutif, que plusieurs voix s'élèvent pour exiger le maintien de Youssef Chahed à son poste dans la mesure où il est pratiquement impossible de le limoger via le Parlement et enfin pour demander que le parti renoue avec ses anciennes habitudes et rouvre ses portes face à ses fondateurs dont plusieurs sont prêts à y retourner mais à condition que «les recrutés soient écartés». On attend toujours le remaniement Reste maintenant à savoir comment Youssef Chahed va se comporter face à «la sainte alliance» que Noureddine Taboubi essaye de former pour l'obliger à partir de son propre gré ou perdre la confiance du chef de l'Etat qui garde encore un silence chargé de signification dont la plus importante est d'attendre les résultats des «négociations-deals qui se déroulent à la place Mohamed-Ali». Plusieurs sources confient qu'au sein du bureau exécutif de l'Ugtt, on n'est plus sur la même longueur d'onde qu'auparavant et que Noureddine Taboubi n'est plus écouté par ses collaborateurs les plus proches comme «la voix de la sagesse absolue ou l'homme providence». En parallèle, le chef de l'Etat observe une trêve qui n'a que trop duré et les Tunisiens l'implorent de réagir «en faisant accélérer le remaniement que Youssef Chahed promet quotidiennement».