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Emotion pure
«Les derniers jours d'une ville» de Tamer El Saïd
Publié dans La Presse de Tunisie le 10 - 07 - 2018

Dans sa démarche, Tamer El Saïd est allé au-delà de toutes les expérimentations des réalisateurs de sa génération, avec une mise en abyme filmique conjuguée à la mise en abyme d'une ville.
«Vous allez voir à l'écran 10 années de ma vie», dit le réalisateur égyptien Tamer El Saïd pendant la séance spéciale dédiée à son film «Les derniers jours d'une ville» à l'occasion de sa sortie en Tunisie. Une sortie qui survient deux ans après l'achèvement du film en 2016, sans pouvoir être projeté dans son pays d'origine, aucune réponse n'ayant été donnée jusque-là à la demande d'un visa d'exploitation.
C'est un événement donc, et le réalisateur n'a pas pu retenir son émotion face à l'accueil pour son film tant attendu, et pour le fait de le présenter et d'en débattre avec un public d'un pays arabe.
Cette bataille qu'a menée et mène encore Tamer El Saïd, cofondateur de Cimatheque et de Mosireen, s'inscrit dans le propos même de son film, qui résiste par ses images à «ceux qui veulent raconter l'histoire à notre place». L'une des séquences les plus marquantes de cette fiction cairote est d'ailleurs celle où les vendeurs d'une boutique de vêtements cachent les mannequins «nus» en collant sur la vitrine des papiers de journaux.
Abdallah, son personnage principal, achète pourtant le journal tous les soirs. Un geste qui fait partie de son rituel quotidien dans le quartier du centre du Caire où il vit visiblement depuis de longues années, à quelques minutes à pied de la place Tahrir, où il a ses repères. La perte un à un de ces repères est au cœur du scénario: sa mère qui s'apprête à partir, l'appartement qu'il doit quitter, son amoureuse qui déserte le pays et ses camarades réalisateurs qu'il n'a pas souvent la chance de voir. Le tout dans une ville qui change, qui s'effrite, qui est en bouillonnement, en résistance silencieuse et déclarée... En pré-révolution.
«Les derniers jours d'une ville» nous téléporte pendant deux heures dans la tête de Tamer El Saïd. Une tête bien faite, confuse face à cette réalité qui la submerge, mais cinématographiquement hyper-lucide. La confusion est transposée sur la structure du film, au service d'un récit où la fiction déploie la réalité comme rarement il a été accompli dans l'histoire du cinéma arabe. La rue, les gens de la rue, les lieux et les acteurs jouent leurs propres rôles mais tout est écrit, joué, filmé avec toute la spontanéité du monde. Une équation filmique poétique dont seul Tamer El Saïd détient les inconnues mais que l'on vit avec une émotion et une immersion pures, au point d'avoir voulu garder ce moment de projection et d'échange intact, et ne pas le trahir ou le défigurer par un article.
Mais la bataille de Tamer El Saïd et de ses semblables doit être racontée, connue et soutenue, et le public vivement invité à la découvrir, sans s'attendre à être rassuré dans ses convictions ou ses attentes. Un acte de résistance en retour, en ces temps artistiquement et socialement difficiles, sous nos cieux comme sous les cieux du pays de «Les derniers jours d'une ville». Pour ce film, le réalisateur a tenu tête à ceux qui voulaient lui dicter comment raconter son histoire qui s'arrête pour lui avant la révolution de 2011, alors que les images de cet événement sont plus prisées par les fonds de production et les distributeurs. «Je voulais vivre ce moment comme un citoyen», explique-t-il, en rappelant que la traversée du désert du film pour voir le jour s'est achevée entre autres grâce au prix gagné au fond Takmil des Journées cinématographiques de Carthage.
Grâce à ce film d'une douloureuse beauté, les cieux cinématographiques arabes et égyptiens sont faits plus larges et plus riches tout en contribuant à faire de leurs terres de meilleurs endroits. « C'est un film qui fait la différence dans le cinéma indépendant égyptien», a déclaré le critique de cinéma Ikbel Zalila qui a animé le débat. Dans sa démarche, Tamer El Saïd, poète urbain de l'image, est en effet allé au-delà de toutes les expérimentations des réalisateurs de sa génération, avec une mise en abyme filmique conjuguée à la mise en abyme d'une ville.


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