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Un rêve nommé : Fifa Gaza
Khalil Al Muzayen (réalisateur palestinien)
Publié dans La Presse de Tunisie le 01 - 09 - 2013

Son documentaire Gaza 36mm a ouvert le Festival international du film amateur de Kélibia (Fifak). Il est, également, à l'honneur avec une fiction: Sound Man
Votre film, Gaza 36mm tourne autour de la mémoire, celle de votre pays, du cinéma en Palestine. Dans quel cadre s'inscrit ce projet ?
C'est en réalité une ancienne idée que je tenais à inscrire un jour dans l'histoire, avec des images et des sons. Mon travail au cinéma, plus généralement, s'inscrit dans une volonté de m'exprimer, de la manière la plus sincère possible. Il s'agit d'un va-et-vient, entre mon intérieur et le réel dans lequel j'évolue. L'occasion de laisser apparaître cette interaction entre la vie personnelle et le monde extérieur.
Dans ce film, vous semblez attaché à l'idée de la mémoire personnelle du cinéma palestinien, qui se fond avec une histoire commune.
Il s'agit en partie de ma propre mémoire, effectivement. Nous sommes confrontés à la perte du matériau filmique, de la pellicule, des projecteurs, de tout moyen de voir des films dans le dispositif des salles. Ces dernières ont disparu de Gaza. Il n'en reste plus aucune aujourd'hui.
Sound Man, également présent dans le Fifak, est une fiction. Est-ce le sujet qui vous a amené à travailler sur ce genre, vous qui êtes un adepte du documentaire ?
Il s'agit d'une fiction, tirée d'une histoire vraie qui m'a été racontée, sur le sort d'une jeune femme, qui obéit à ses désirs et en paye le prix, dans la société misogyne qui l'entoure. La fiction m'a permis de mieux aborder le sujet, et peut-être de passer un message derrière cela. Il s'agit toujours d'un rapport personnel au monde, qui va de l'intériorité à la société. J'ai choisi de m'intéresser à la femme, un sujet qui me passionne.
Parlons de la passion que vous portez pour le cinéma. Depuis quand vous anime-t-elle?
Depuis tout jeune, j'adorais passer du temps dans les salles obscures. Comme je l'évoque dans mon film Gaza 36mm, je faisais de petits business (vendre des clous, du zinc, le fer étant alors un matériau rare), et obtenais en contrepartie une petite pièce qui me permettait de me réfugier dans le cinéma, en cachette. Mon père ne voulait pas, en effet, me savoir dans ces lieux proscrits par le pouvoir islamiste. Les salles, qui étaient au nombre de 11 jusqu'en 1994, comportaient souvent un étage, comme dans un théâtre, réservé aux femmes, qui ne se mélangeaient pas aux hommes installés en orchestre. Et nous regardions tous le même film. Les gens s'aimaient à l'époque, il y avait cette convivialité, cet esprit de communauté qui a, hélas, disparu peu à peu. Les gens sont aujourd'hui plus portés sur l'individualité. Je parle de Gaza, comme du reste du monde.
Par quel univers de films étiez-vous bercé ?
Je pense à tant de films. Je voyais de tout, des classiques égyptiens, des productions de Hollywood... Je ressentais un grand plaisir à être emporté par l'univers filmique.
Quelles sont vos références cinématographiques, et qu'est-ce qu'un grand film pour vous ?
C'est la question à laquelle il m'est le moins aisé de répondre. De grands cinéastes m'ont influencé dans ma vision du cinéma. A l'exemple d'Ingmar Bergman, d'Andrei Tarkovsky ou encore de Krzysztof Kieslowski que j'admire. Le premier critère d'un grand film qui me vient à l'esprit, c'est l'émotion, les sentiments qui pénètrent le spectateur dans un premier degré. Et le cinéma est, à ce niveau, le moyen qui permet au public de communiquer. Ensuite, il doit être porteur de valeurs humaines. Casablanca de Michael Curtiz (1942) est pour moi le manifeste du scénario dans le cinéma. Le voleur de Bicyclette de Vittorio De Sica (1948) et La Dolce Vita de Federico Fellini (1960) m'ont permis d'élever mes exigences artistiques. Un cinéaste comme Tarkovsky m'impressionne. Il utilise l'image comme composition, un langage, ne serait-ce que dans la manière dont les personnages se meuvent dans le cadre. Sur ses bandes sonores, est inscrite une vraie poésie, impressionnante, au rythme magique.
Avant de revenir sur votre présence parmi nous à l'occasion du Fifak, vos films sont-ils projetés à Gaza, et plus généralement en Palestine ?
Pour parler de mes récentes créations, Gaza 36mm a été censuré par l'instance de contrôle des œuvres audiovisuelles, essentiellement pour les conflits avec le mouvement Hamas. Bien que le Centre culturel français ait participé à ce comité, le film a été interdit. Concernant Sound Man, qui n'a pas encore été soumis à cette «épreuve», je pense sincèrement qu'il le sera tout autant, car dans son analyse, il dénonce les Frères musulmans.
Quelles sont vos impressions depuis que vous êtes parmi les festivaliers de Kélibia ?
Je suis réellement sous le charme de ce festival auquel je participe pour la première fois. Je suis si impressionné par l'initiative d'offrir au cinéma amateur l'opportunité d'être présenté devant un public, que j'aimerais tout emporter avec moi à Gaza. Ce public est chanceux d'avoir ce cadre tellement agréable, une salle de cinéma sous les étoiles (théâtre de plein air de Kélibia).
Comment aimeriez-vous reprendre le principe du Fifak à Gaza ?
J'espère «emmener» le festival dans ma ville. Les mêmes films seraient projetés à Gaza. Cela donnerait une nouvelle occasion à ces œuvres d'être vues. Même s'il n'existe pas actuellement de salles de cinéma, cela peut se faire avec un rétroprojecteur, avec tous les moyens possibles. Le public est assoifé de ce genre d'événement, il en serait ravi. Je pense sérieusement à une collaboration avec les associations organisatrices du Fifak et le ministère de la Culture palestinien avec lequel j'entretiens d'excellents rapports. Ce serait une sorte de jumelage dans lequel je contribuerais en trouvant les financements nécessaires. Je pense qu'il suffit d'avoir la volonté, et personnellement, je l'ai.
En tant que réalisateur, vous êtes actuellement dans l'attente du tournage d'un film qui aurait lieu à Paris et qui porterait sur la lumière. Qu'envisagez-vous dans les mois à venir ?
En effet. D'ailleurs, je pense peut-être m'installer à Paris. Je suis sincèrement fatigué, la guerre m'épuise. Comme tout être, je voudrais vivre, être libre. Bien évidemment, ma boîte de production, Lama Film, qui produit films, spots et émissions télévisuelles, restera à Gaza, ce qui signifie que mes projets se poursuivent dans mon pays.
Et votre séjour en Tunisie ?
Vous devez entendre souvent cela, mais je le redis : les Tunisiens sont tellement accueillants, sympathiques et chaleureux, et je suis si ravi d'être parmi eux cette semaine, ici à Kélibia.


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