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L'étape de la décentralisation est celle des résultats concrets !
Entretien avec... Sarah Poole, directrice adjointe du PNUD pour le monde arabe
Publié dans La Presse de Tunisie le 10 - 07 - 2018


Propos recueillis par Raouf SEDDIK
En visite en Tunisie du 3 au 7 juillet, Mme Poole, qui occupe son poste depuis six mois, a pris connaissance des activités menées par le Pnud dans notre pays, à travers une série d'expériences qui illustrent l'engagement de cette agence onusienne sur deux axes principaux de développement : la gouvernance démocratique et la consolidation des réformes d'une part et, d'autre part, la croissance inclusive et le développement durable... Occasion pour nous de faire le point avec elle et ses collaborateurs présents sur place sur un partenariat qui ne date pas d'hier et qui se fait fort d'obéir à certaines règles dont la plus importante est celle de l'appropriation des stratégies par les pays partenaires, aussi bien au niveau central qu'au niveau local
Vous venez d'effectuer un séjour dans le pays... Est-ce que vous pensez qu'il existe une particularité de la Tunisie du point de vue de l'expérience de collaboration entre le Pnud et les pays où il est présent ?
Pour commencer, merci pour cet entretien et permettez-moi de signaler que j'occupe le poste depuis février dernier, ce qui couvre la région des Etats arabes allant du Maghreb au Soudan, à la Somalie et Djibouti en incluant la Syrie, le Yémen et les pays du Golfe... C'est ma deuxième visite officielle au bureau d'un pays depuis que je suis à ce poste... La question que vous posez correspond en partie aux raisons pour lesquelles je suis venue en Tunisie relativement tôt : je voulais voir par moi-même le partenariat unique que nous avons ici en Tunisie...
Le Pnud est présent en Tunisie depuis quatre décennies. Nous avons une longue histoire de partenariat, non seulement au niveau national mais aussi au niveau local. La relation a connu une hausse d'intensité particulièrement depuis 2011.
Parmi les choses qui confèrent son caractère unique au partenariat, c'est la très forte collaboration que nous avons avec les partenaires nationaux, mais aussi avec les partenaires locaux ainsi qu'avec les partenaires internationaux pour renforcer et consolider la transition de 2011.
La seconde partie de la réponse, qui ressort des discussions que nous avons eues depuis que je suis ici, tient au fait qu'il existe beaucoup de zones de bonnes pratiques, qui sont en cours d'adoption en Tunisie et dont il est possible de s'inspirer pour d'autres pays... Il y a de nombreux détails et exemples, mais je laisse cela pour les questions suivantes.
Les domaines d'intervention du Pnud sont multiples... Est-ce que vous pouvez faire un premier bilan de la collaboration, en relevant les motifs de satisfaction, mais aussi les motifs de regrets, s'il y en a ?
Il y a beaucoup de domaines qui font l'objet de satisfaction... Laissez-moi mettre l'accent sur la coopération... Ce que nous avons vu durant la semaine écoulée, c'est que nous avons un partenariat fort avec un grand nombre d'acteurs. Au niveau du gouvernement, cela inclut le ministère du Développement et celui des Affaires étrangères, mais aussi le Parlement, les instances indépendantes, la société civile et la jeunesse. C'est donc ce partenariat qui est pour nous un sujet de réflexion. Pour nous qui sommes une organisation dédiée au développement, il est très important que l'on puisse s'assurer que le travail que nous menons ensemble est apprécié par nos partenaires, par les communautés sur le terrain et qu'il a un impact sur la vie des gens à long terme. Ce qui ressort également des discussions, c'est que nous bénéficions d'un très fort soutien de la part de nos partenaires internationaux et de nos bailleurs de fonds, qu'il s'agisse de l'Union européenne ou des bailleurs bilatéraux.
Maintenant, il y a des domaines d'action particuliers où il existe un fort partenariat... comme le travail que nous avons mené depuis 2011 pour soutenir la transition dans le domaine de la gouvernance. Parmi les exemples, il y a le soutien important que nous apportons sur le terrain de l'action parlementaire, à travers la formation, le renforcement du rôle de la femme parlementaire, l'encouragement de méthodes innovantes... En début de semaine, j'ai eu l'opportunité d'assister au lancement d'une plateforme électronique qui était ouverte à la société civile et dont le but était de susciter un plus grand engagement de la société civile et des jeunes et de favoriser le dialogue avec les parlementaires... Le thème de l'action parlementaire engage, comme je l'ai signalé, une collaboration avec d'autres partenaires, comme l'Union européenne ou le Japon...
Quel est justement le rôle précis de ces partenaires internationaux ?
Les projets sont financés par différents bailleurs de fonds... En fait, le rôle du Pnud, surtout quand il s'agit de projets aussi souverains que celui de l'appui au Parlement, est d'apporter les expériences dans le monde et un soutien stratégique. Nous avons une règle d'or qui est de ne jamais intervenir dans les prises de décision... Notre contribution est d'exposer aux parlementaires les expériences existantes au niveau international, et les bonnes pratiques. On analyse les besoins avec les parlementaires et on examine les réponses. Avant la plateforme électronique qui est désormais en marche, il y a eu l'académie parlementaire, qui est un outil de formation pour les députés mais aussi un outil pour consolider les capacités aussi bien des parlementaires que de l'administration du Parlement. A côté de cela, il y a eu également la mise en place d'un réseau d'experts, qui sont Tunisiens et qui comptent parmi les meilleurs juristes du pays : ils sont mis au service du Parlement quand il s'agit d'analyser des lois ou de proposer des amendements, ou de faire des recherches autour de certains sujets compliqués...
Rien à dire côté regrets ?
Non... Le thème de la gouvernance est un bon exemple qui illustre la multiplicité des collaborations et les bons résultats... On pourrait aussi parler des élections. Mais l'impératif, maintenant, nous l'avons vu à l'occasion de la visite de Djerba où une approche très intégrée est mise en place en matière de développement, c'est que nous devons travailler collectivement de façon à ce que les gens voient les résultats, que ce soit sur le plan économique, social ou en termes d'engagement effectif dans un processus. C'est le feed back qui nous vient de beaucoup d'intervenants : il se passe des choses dans différents domaines, mais les résultats, c'est très important !
L'action du Pnud est présente sur des dossiers très sensibles comme la lutte contre la corruption et la justice transitionnelle... En quoi consiste précisément cette contribution et comment faites-vous pour éviter que votre expertise empêche le « génie local » de s'exprimer ?
Laissez-moi vous répondre à travers un exemple qui s'est présenté hier : c'est celui des « îlots d'intégrité ». A Djerba, nous avons visité un hôpital où le directeur, l'administration et les autorités sont en train d'adopter une approche très proactive pour s'assurer que le système de délivrance des soins à la population fonctionne de façon très transparente et sans aucune forme de corruption. Cela a nécessité beaucoup de digitalisation, depuis l'accueil du patient jusqu'aux soins puis à la facturation... Dans ce genre d'expériences, où on prodigue l'expertise et un certain financement pour la mise en place d'une action concrète, l'opération est conduite et dirigée par l'administration concernée. Nous fournissons le conseil, nous fournissons le soutien, l'expertise et l'outil mais l'engagement et l'initiative sont assurés par les gens... Nous ne sommes pas les concepteurs de la stratégie. Nous apportons notre soutien à la demande. Le travail que nous réalisons repose toujours sur un accord avec l'Etat partenaire et en réponse à une demande qu'il formule. Le principe est que c'est le porteur du projet qui doit assumer son rôle. Nous avons l'exemple des municipalités. Nous travaillons maintenant avec les maires et les conseils municipaux. Nous avons commencé tout un programme pour les appuyer et les aider à maîtriser... collectivité locale, et puis à profiter des études, des savoir-faire et commencer à planifier avec la population.
D'une façon générale, le Pnud se considère en Tunisie essentiellement comme un partenaire de développement. Tout ce que nous entreprenons s'inscrit dans les priorités établies par le pays et en réponse aux requêtes que nous recevons. Notre but, c'est que le soutien que nous apportons soit durable, parce qu'il implique les bons intervenants.
Le Pnud est engagé sur presque tous les terrains en lien avec ce que nous appelons les objectifs de la révolution. Or le citoyen a très souvent le sentiment que les choses traînent, qu'il ne se passe rien... Y compris et en particulier dans le domaine de la lutte contre la corruption... Qu'avez-vous à dire à ce sujet ?
Cela rejoint ce que nous disions à propos des résultats et de la possibilité pour les gens de voir l'impact en matière d'amélioration de leur vie, d'emploi, de corruption, d'éducation... Je pense qu'il y a deux parties à la réponse. L'une est que nous arrivons à la décentralisation : c'est très important. Ce que nous observons dans beaucoup de pays, c'est que quand les stratégies arrivent au niveau local, c'est à ce moment que les résultats commencent à être ressentis de façon concrète en termes d'amélioration des conditions de vie... Donc ce processus de décentralisation et de gouvernance locale va être très important. Le second point sur ce sujet est illustré par ce que nous avons vu hier à Djerba : l'engagement des autorités locales aux côtés de la société civile, travaillant ensemble pour identifier les priorités susceptibles de faire la différence dans leur vie quotidienne, pour concevoir le plan d'action autour de cela et pour produire les résultats qui sont attendus. J'ai évoqué le cas de l'hôpital, où un résultat très concret a été obtenu... Il est important qu'à partir de ces expériences réussies en termes de résultats, on puisse travailler de manière à ce qu'elles soient menées à une plus large échelle... Nous travaillons sur trois hôpitaux en Tunisie : il s'agit de faire en sorte que les expériences ne demeurent pas isolées. Dans le cadre de notre travail, nous intervenons avec le ministère : et c'est lui qui est en train d'examiner les moyens de passer à une action plus générale. Ce qui passe par une planification, un budget, l'identification des personnes ressource qu'il faut former...
Autre exemple qui me vient à l'esprit, toujours à Djerba. Hier, nous avons rencontré un jeune entrepreneur, un artisan potier à qui le Pnud a permis de bénéficier d'une formation ainsi que d'un soutien financier et qui a développé un concept en en faisant une affaire rentable. Il a désormais son atelier et emploie au moins une dizaine de personnes... Il ne s'agit plus seulement de lui maintenant : il s'agit de production, de nouveaux employés qui, grâce au projet, bénéficient de conditions viables... Autre exemple : celui d'un projet pour lequel le Royaume-Uni apporte son soutien et qui concerne les services du ministère de l'Intérieur. Le but est de réduire le temps d'attente pour les citoyens, quel que soit le service dont ils ont besoin... Un passeport peut être délivré maintenant en 24 heures : ce sont des exemples très concrets. Dans le domaine de la sécurité, il y a des stratégies globales, mais il y a aussi des projets pilotes. Nous sommes présents sur une douzaine de centres de police et de la garde nationale, qui ont été reconçus de manière à mieux servir les citoyens et à leur apporter des réponses rapides. Nous avons visité l'un des centres, le centre d'accueil du ministère de l'Intérieur qui sert un peu de modèle à l'échelle nationale : on a vu comment le personnel a été formé pour être capable de répondre aux besoins selon les normes internationales en matière de service au citoyen, mais on a vu aussi comment ont été mises en place des technologies qui facilitent les procédures... On a vu par exemple un bureau où il y a zéro papier : tout est digitalisé. Cela réduit le nombre de jours d'attente à 24 heures pour le passeport et à une heure pour le cas du B3.
Comment voyez-vous la collaboration entre la Tunisie et le Pnud dans l'avenir, à plus long terme ?
Je pense que le point de départ réside dans le cadre général qui correspond aux objectifs de développement durable. La Tunisie, avec les autres pays membres des Nations unies, en a été signataire en 2015... C'est cela le cadre, qui couvre la lutte contre la pauvreté, la promotion du rôle de la femme, l'éducation, la santé, la protection de l'environnement, le changement climatique, la bonne gouvernance... La Tunisie n'a pas seulement souscrit aux objectifs : elle les a traduits dans ses propres plans de développement... Il y a deux jours, nous étions à un atelier organisé par le ministère du Développement. Il y avait là quelque 200 personnes qui représentaient divers ministères, divers secteurs d'activité du monde de l'entreprise : ils travaillaient ensemble...
Donc c'est ce cadre-là qui définit les contours d'un partenariat futur !
Oui. Mais cela ne vaut pas seulement au niveau national. Le cas de Djerba montre que ces objectifs sont amenés au plan régional et local...


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