Hier soir, le chef de l'Etat a sommé, dans une interview accordée à Nessma TV, le chef du gouvernement Youssef Chahed de décider lui-même de son avenir: démissionner de son propre gré ou solliciter de nouveau la confiance du Parlement Hier soir, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a parlé au peuple pour mettre les points sur les i et annoncer la fin de la récréation. En plus clair, Youssef Chahed, chef du gouvernement, a deux choix devant lui: «Ou il annonce sa démission ou il sollicite le Parlement pour qu'il lui renouvelle sa confiance. La situation actuelle ne peut plus continuer. La ceinture de soutien au gouvernement d'union nationale doit être de retour et il est temps de mettre fin aux clivages qui opposent le gouvernement à la majorité des partis et des organisations qui lui assuraient son soutien jusqu'au conflit sur le point 64 du Document de Carthage II». Le chef de l'Etat a répondu à toutes les questions que les Tunisiens se posaient depuis la suspension du Document de Carthage II. Et l'idée essentielle sur laquelle il a insisté tout au long de l'interview télévisée qu'il a accordée à Nessma TV et Mosaïque FM est bien la suivante: «Le blocage actuel ne doit en aucune manière se poursuivre parce que personne ne peut en sortir gagnant. Tout le monde doit comprendre que la Tunisie a besoin de tous ses enfants et que personne ne doit être exclu de la solution que nous avons l'obligation de trouver ensemble», a-t-il martelé. «Je parle au moment qu'il faut» «Je parle au moment qu'il faut et c'est moi qui décide de parler, sans que personne n'intervienne dans mes décisions»: le chef de l'Etat a été clair et précis en répondant à une question sur le silence qu'il observe depuis le déclenchement de la crise et que beaucoup d'observateurs considèrent qu'il a trop duré. Et pour répondre à la question «Youssef Chahed doit-il partir dans la mesure où son gouvernement n'est plus un gouvernement d'union nationale puisqu'on le considère désormais comme le gouvernement d'Ennahdha?», le chef de l'Etat est tranchant: «La situation actuelle ne peut plus durer. Toutefois, il faut préserver la participation de tous les acteurs politiques, y compris Ennahdha». La poursuite du consensus est-elle encore possible ? Le président de la République répond: «Oui, elle est possible. Je n'ai pas de conseil à donner à Ennahdha qui dispose d'un président qui a tenu ses engagements quand nous avons instauré le consensus en 2013. Et il sait aussi que la Tunisie a toujours besoin de consensus». Le chef de l'Etat se portera-t-il candidat à l'élection présidentielle de 2019? «L'heure n'a pas encore sonné pour que je prenne ma décision. Pour le moment, j'assume mes responsabilités de président de la République conformément aux attributions que me confie la Constitution. Quant aux promesses que j'ai faites lors de la campagne électorale de 2014, je présenterai un bilan sur ce qui a été réalisé depuis et sur le reste de ces mêmes promesses qui seront concrétisées, je l'espère, avant la fin de mon mandat».