Pour la première fois de son histoire, le lycée pilote enregistre des cas d'ajournement et seuls 35 élèves sur 150 ont été admis à la fameuse neuvième. La direction du lycée et le commissariat à l'éducation sont pointés du doigt par les parents. Un sit-in a été organisé par les parents pour réclamer la révision des barèmes d'accès aux établissements pilotes et débattre des difficultés pédagogiques qui risquent de poser problème au cours de la prochaine rentrée scolaire. L'année scolaire 2017/2018 restera dans les annales de l'éducation, au Kef, comme étant l'année de toutes les mauvaises surprises et des catastrophes annoncées avec des résultats très décevants pour les examens nationaux où, pour la première fois de son histoire, le lycée pilote, fleuron de tout le secteur éducatif dans la région et dans le pays, a fait 5 recalés au bac, une nouvelle tombée comme un coup de Jarnac pour les parents qui n'en revenaient pas, tant elle est venue nourrir toutes les déceptions et créer chez eux bien des inquiétudes pour l'avenir de leurs rejetons, accusant toutefois l'administration d'incompétence et de laxisme au point que de nombreuses voix se sont élevées depuis 2015 pour réclamer le départ du directeur avec lequel certains parents ont eu des problèmes et sont allés même au tribunal, à la grande surprise du silence du ministère de l'Education sur les multiples plaintes déposées au commissariat contre le directeur du lycée. Mais le ministère, plutôt concentré sur le bras de fer avec la partie syndicale, n'a donné, jusque-là, aucune suite à ces plaintes en dépit des contacts établis avec l'inspection générale de l'enseignement. Avec un tel tableau sombre et qui trouve d'ailleurs son explication dans la propagation des comportements à risque au sein de l'établissement depuis cette même année scolaire 2015 où certains élèves ont été exclus de l'internat après avoir été attrapés en état d'ébriété manifeste, les choses n'ont fait qu'empirer. Le directeur a même reconnu en mai 2017 dans une déclaration à un organe de presse que la situation était assez difficile et que les comportements à risque existaient bel et bien, en particulier devant le lycée où des individus suspects rôdaient la journée entière. La colère est aussi grande pour les parents dont les enfants n'ont pas franchi le cap des 15/20 pour accéder au collège pilote ou lycée pilote, il faut reconnaître que seuls 35 élèves sur 150 ont réussi à réaliser de telles performances, ce qui risque de se rabattre sur la pyramide du lycée pilote qui a prévu cinq classes de 1ère année secondaire pilote. Il n'en aura, au meilleur des cas, avec la nouvelle circulaire que deux classes seulement. «Où iront les profs affectés dans ce lycée ?», s'interroge Taoufik, un parent dont le fiston a réussi une moyenne de 14,5/20 au concours d'admission aux lycées pilotes. Et puis, ajoute-t-il, pourquoi l'on déroge à la règle cette année alors qu'auparavant l'on descendait jusqu'à 14/20 pile?». Les parents ayant manifesté mardi devant le siège du commissariat à l'Education, appuyés par la présence du vice-président de la Ligue des droits de l'homme, ont scandé des slogans appelant à faire revenir le ministre de l'Education sur sa décision portant accès aux institutions pilotes aux élèves ayant seulement plus de 15/20 de moyenne, estimant qu'une telle décision est loin de consacrer une mesure de rigueur mais qu'elle vise à fermer le collège et le lycée pilotes de la région. Du coup, c'est la grogne partout, disent-ils, au lieu de sanctionner les directions régionales et les établissements, le ministère n'a fait qu'achever, malheureusement, tous ces parents en souffrance. «La faute est à l'administration», s'acharne un autre parent dont l'élève a trébuché au bac au lycée pilote. Autant dire alors que la situation est très délicate au Kef et que l'on marche même sur les œufs, d'autant plus que les souffrances de la population sont en voie de s'accumuler de manière inquiétante et que rien ne marche au moral. Le ministère saura-t-il faire bonne oreille pour écouter tous ces parents en détresse ? Attendons voir.