L'environnement scolaire est de plus en plus exposé aux agressions, à la violence, à la délinquance et aux comportements à risque La situation prévalant dans le milieu scolaire est devenue quelque peu préoccupante dans nombre d'établissements éducatifs où les parents commencent à s'inquiéter pour l'avenir de leurs enfants qui sont de plus en plus confrontés à la violence et exposés à la consommation de la drogue et au phénomène de la délinquance juvénile relative au vol et au pillage. Autant dire que l'institution éducative est devenue on ne peut plus ouverte à tous les dérapages, et les parents, la mort dans l'âme, assistent, fort impuissants, à ce spectacle de désolation qui s'est abattu sur le milieu scolaire, les lycées en premier. Mon enfant a touché à la came Phénomène rare naguère dans nos lycées, la consommation de la drogue est devenue une pratique courante parmi les élèves des lycées du Kef, en particulier dans les trois grands établissements du centre-ville où certains parents ont appris, un an après, que leurs enfants ont décroché le bac, que la drogue était à la portée des élèves, moyennant de petites sommes d'argent. De jeunes dealers rôdent parfois, impunément devant les lycées et offrent aux élèves leurs services en la matière. Amir, un ancien élève du lycée pilote du Kef et qui poursuit aujourd'hui ses études d'ingénierie, a reconnu avoir touché à la drogue en groupe aussi bien devant le lycée qu'ailleurs. D'autres élèves ont également consommé de l'alcool et sont entrés dans la classe en état d'ébriété . L'un des élèves de la section technique est même entrée, en 2015, ivre au lycée pilote où il était interne. Il avait trinqué en pleine nature en compagnie de ses camarades , non loin du lycée, mais il a aussitôt été renvoyé du lycée après que son camarade l'eut dénoncé à l'administration du lycée qui, en fait, ne s'est aperçue de rien. Agressions contre le corps éducatif L'autre phénomène alarmant concerne les agressions perpétrées contre le corps éducatif (enseignant, personnel administratif et élèves). Il s'est répandu lui aussi comme une traînée de poudre et il ne se passe pas une semaine sans que l'on entende parler d'actes d'agression perpétrés contre des enseignants ou des surveillants . Rached, enseignant au Kef, estime que ce phénomène des agressions est en train de prendre de plus en plus d'ampleur dans les établissements scolaires jusqu'à devenir inquiétant «poussant même certains enseignants à adopter un profil bas et à fermer les yeux sur certains comportements indécents ou sur les retards en classe. D'autres arrondissent même les notes ou les gonflent afin d'éviter d'éventuelles réactions violentes de la part de leurs élèves», nous confie-t-il encore. Le tabagisme en hausse De nombreux élèves nous ont déclaré avoir eu des pratiques sexuelles fréquentes et être des accros de tabac «On fume au sein de l'établissement et devant le lycée en toute impunité, avoue Oussama un élève en classe terminale qui fume depuis trois ans déjà. Ce phénomène du tabagisme s'est même répandu devant les collèges où les élèves se partagent parfois une clope à la volée ». C'est le manque d'effectif des surveillants et des moyens de contrôle qui serait derrière l'ampleur des comportements à risque, essentiellement chez eux les élèves internes qui ne rentrent chez qu'en fin de semaine. Certains élèves se sont même adonnés à la vente des cigarettes au détail pour leurs camarades de classe, incapables d'acheter un paquet entier. Des plaintes ont été déposées par certains parents auprès du ministère de l'Education et des commissariats régionaux contre les dysfonctionnements administratifs observés au sein de certains établissements scolaires mais il semble que ces derniers sont plus occupés par autre chose que par de tels sujets. Et pourtant, les parents représentant un maillon fort dans le système éducatif et dans sa réforme de 2002 qui stipule que l'élève est au centre de l'opération pédagogique et les parents sont un acteur nécessaire de cette même opération d'éducation. Mais ces phénomènes de délinquance ne sont, en fait, qui un reflet de la réalité sociale de notre pays où la consommation de la drogue et la violence ne sont plus un secret pour personne. L'institution éducative ne fait donc que suivre, mais c'est ce suivisme qui risque de mettre en péril la société tunisienne de demain. La vigilance s'impose inévitablement alors pour sauver l'école tunisienne.