Une pluie fine et têtue s'est abattue mercredi dernier au théâtre de plein air de Kélibia lors des projections de films en compétition. Le public nombreux est accouru sous le préau. Les organisateurs ont interrompu momentanément les projections. Certains spectateurs ont choisi de rentrer, tandis que d'autres plus tenaces ont poursuivi la vision des films. Avant que la pluie bénéfique de cette fin d'été ne s'abatte sur Kélibia, un hommage a été rendu au réalisateur irakien Kacem Hawal dont le film «Le musicien» est programmé en soirée spéciale consacrée à ceux ayant honoré le Fifak. Il s'est dit heureux de retrouver encore une fois le public de Kélibia : «C'est par la voie du 7ème art que nous avancerons vers une vie meilleure». Par ailleurs, le président et la directrice du Festival du cinéma africain de Luxor sont également montés sur scène pour annoncer la signature d'un partenariat avec le Fifak. La prochaine édition de ce festival qui se déroulera en mars 2019 verra la participation de deux jeunes réalisateurs amateurs avec leur film ainsi que de cinq autres jeunes qui seront pris en charge par le festival pour des formations dans des ateliers de cinéma dirigés par le grand cinéaste égyptien Khairi Bichara. La signature de cet accord a eu lieu jeudi 16 août à l'Ecole des pêches. Puis place a été faite à la projection des films en compétition nationale en présence de leurs réalisateurs et leurs équipes. Au programme quatre films : deux documentaires et deux fictions. Dans l'ensemble, les films pèchent par une faiblesse technique flagrante, manifestant le manque d'encadrement et de formation aussi bien chez les cinéastes indépendants que ceux appartenant aux clubs de la Ftca. Par contre, le choix des sujets traités est intéressant dans la mesure où on décèle une originalité et une audace de la part de ces cinéastes. «Canne» de Aziz Morjane du club de la Ftca de Zaghouan est un documentaire de 10 minutes beaucoup plus proche du reportage et dresse le portrait d'un handicapé moteur dont la vocation est l'art pictural. Muni d'un long bâton au bout duquel il a accroché un pinceau, il dessine sur les murs des écoles des paysages ou des sujets de personnages humains ou animaliers. «Même lorsqu'on badigeonne les murs et qu'on efface mes dessins, j'en refais d'autres. J'ai peint sur les murs de 125 écoles en Tunisie» indique-t-il. Démuni, sans soutien, il vit seul dans une chambre mais ne se plaint pas de sa condition. Ce genre de portrait a été maintes fois traité par les cinéastes amateurs. Toutes les sessions du Fifak nous propose ce genre de figure anonyme qui ont surmonté leur handicap par l'art. Une idée noble et qui mérite encouragement. Toutefois, le film aurait bénéficié d'un meilleur traitement cinématographique. Il en est de même pour «Ana Hout» du cinéaste indépendant Haythem Meghirbi. Un reportage audacieux et révélateur de la corruption qui règne dans le secteur de l'aquaculture et de la détérioration du patrimoine maritime de la région de Béni Khiar. Saisissant l'occasion de la Fête du poisson organisé chaque année dans cette ville balnéaire, le réalisateur pointe du doigt les industriels de l'aquaculture, responsables des dommages qu'ils ont provoqués au niveau des ressources naturelles marines. Un film de sensibilisation de 20 minutes avec des témoignages poignants mais des défauts au niveau du montage et de l'éclairage. Pour ce qui est des fictions : «Entre deux» de la réalisatrice indépendante Sahar El Echi et «Khyt Nira» de Nesrine Ben Maâti du club Tahar Hadded, nous y reviendrons dans nos prochains articles. Le niveau général n'est ni bon ni mauvais. En fin de compte, ce ne sont que des amateurs !