Comment régler la question de l'interdiction de la cigarette dans l'espace public ? Privatiser celui-ci permettra de responsabiliser les fumeurs et les propriétaires pour un contrat social clair. Après l'interdiction de fumer à l'intérieur des espaces fermés, depuis un certain temps, fini de s'en griller une sur les bancs publics. Récemment certaines mairies européennes viennent d'interdire le tabac dans les parcs municipaux. Une mesure radicale et liberticide pour certains, salvatrice pour d'autres. Loi, arrêtés municipaux...ont pour seul et unique but de dissuader les fumeurs. Où en sommes-nous de tout cela? Les Tunisiens ont bien compris que fumer dans les espaces publics fermés comme les transports en commun, les aéroports, les grandes surfaces, les administrations... est formellement interdit et respectent très bien les lois. Pourtant, les convaincre d'arrêter de fumer tout court est une dure besogne. Sans statistiques claires du ministère de la Santé, certes, une baisse du tabagisme est constatée d'une manière assez officieuse. La hausse des prix des paquets et autres mesures ne semblent pas convaincre les accros de s'arrêter, en dépit des dangers connus pour la santé. Par courtoisie mais... Mais revenons à nos espaces partagés. Comment faire cohabiter, sur un territoire donné, une minorité agressive (fumée, pollution de l'air et du sol) et une majorité obligée de subir des externalités négatives ? La courtoisie ne suffit pas toujours : certains non-fumeurs sont en droit de revendiquer de partager un air sain, même si leur voisin prend la peine de leur demander avec gentillesse s'il peut en griller une. La présence de jeunes enfants, de nourriture peuvent aussi jouer un rôle décisif dans la relation interpersonnelle. Quid alors de la privatisation de l'espace public ? Le propriétaire du terrain n'est-il pas en droit, finalement, de disposer de celui-ci comme il l'entend et d'édicter les règles pour tout le monde ? « Les espaces couverts et non couverts des parcs doivent être non fumeurs, des espaces extérieurs ont été spécialement aménagés à l'attention de nos visiteurs fumeurs. Ce règlement s'applique également aux cigarettes électroniques », assure le propriétaire d'une petite ferme aménagée en parc à thème du côté de La Manouba. Voilà qui est sans ambiguïté et chaque espace sera bien respecté. Les mégots, véritable plaie de nos villes, seront localisés et déposés dans des facilités ad hoc fournies par le propriétaire. C'est aussi le cas dans la plupart des habitations privées, où les fumeurs sont tenus de respecter les règles édictées par le propriétaire. Fumer, un choix personnel À moins d'instaurer des camps de redressement, l'Etat ne pourra indéfiniment lutter contre les choix personnels. Aucun fumeur n'ignore, aujourd'hui, les risques qu'il fait peser sur sa santé. Laissons donc ses choix s'exprimer dans des espaces réservés. La base du respect de la liberté, c'est le contrat. Or, contractualiser des relations antagonistes susceptibles de déboucher sur des conflits interpersonnels, c'est le rôle des individus. Pour les aider, seuls des droits de propriété clairement définis leur seront utiles.