Dix mille parcelles, propriété de l'Etat, seront cédées à l'Agence foncière d'habitation (AFH), destinées à la construction de logements sociaux au profit des catégories moyennes et vulnérables Où est passé le logement social ? Les Tunisiens appartenant à la classe moyenne ont-ils encore la possibilité d'accéder à un logement décent ? Pourquoi les promoteurs immobiliers n'arrivent-ils plus à écouler les logements qu'ils construisent à longueur d'année au point que dans plusieurs cités, considérées comme les plus huppées, on ne trouve que deux ou trois appartements vendus alors que des blocs entiers restent vides des années durant ? Qui se souvient encore de la SNIT qui offrait dans les années 70, 80 et 90 du siècle dernier des villas à des prix abordables et la Sprols qui mettait à la disposition des citoyens de condition modeste des appartements de deux ou trois chambres à des prix symboliques, existent-elles encore ou ont-elles mis les clés sous le paillasson ? Et le grand projet de Mohamed Salah Arfaoui, ministre de l'Equipement et de l'Habitat, offrant un logement qu'on peut acquérir en obtenant un crédit de 200 mille dinars, est-il parvenu à réaliser les objectifs qui lui sont assignés, à savoir ouvrir la voie devant des catégories sociales interdites de crédits bancaires comme les artisans ? Ces questions se posent aujourd'hui avec acuité quand on observe la crise dans laquelle se débat le secteur de la promotion immobilière et quand on découvre que l'accession à un logement, et qui plus est social, est devenue un rêve inaccessible voire impossible alors que la politique suivie depuis l'indépendance est abandonnée pour on ne sait quel motif à l'avènement de la révolution avait pour objectif principal que la majorité écrasante des Tunisiens accède à la propriété de leurs logements, l'on se souvient encore, avec nostalgie, que le principal investissement consenti par le citoyen tunisien consistait précisément à s'offrir un logement au point qu'on est parvenu dans les années 80 et 90 du siècle dernier à ce que 80% des Tunisiens soient propriétaires de leurs logements et à ce que la Banque de l'habitat (BH) qui a succédé à la Caisse nationale de l'épargne logement (Cnel) compte le plus grand nombre de clients en comparaison des autres banques, tout simplement par des centaines de milliers de salariés qui y sont affiliés soit pour aspirer à un crédit, soit pour payer un crédit acquis. Répondre aux attentes Aujourd'hui, il semble que le secteur du logement social va renaître de ses cendres dans la mesure où on accorde de nouveau l'intérêt qu'il faut à la nécessité d'offrir des logements sociaux aux catégories moyennes et faibles. Ainsi, l'on apprend que l'Etat vient de décider de mettre à la disposition de l'Agence foncière d'habitation (AFH) quelque 10 mille parcelles dans l'ensemble des régions du pays. Ces parcelles, qui couvrent près de 600 hectares dans les régions de Nabeul, Sousse, Tozeur, Zaghouan et Mahdia, sont programmées dans un projet exceptionnel mis au point par l'Agence foncière d'habitation. Mabrouk Korchid, ministre des Domaines de l'Etat et des Affaires foncières, en a fait l'annonce au début de la semaine écoulée, sans préciser les conditions exigées pour que les citoyens bénéficiaires puissent accéder à ces parcelles. Toutefois, il ne faut pas être sorcier pour comprendre que ces mesures viennent renforcer celles déjà prises en 2016 concernant l'accession de plusieurs centaines de citoyens aux titres de propriété de leurs logements bâtis sur des terres domaniales dans le gouvernorat de l'Ariana et de Siliana. En tout état de cause et en attendant que le logement social retrouve ses titres de noblesse comme au bon vieux temps, l'on ne peut que saluer de telles initiatives qui réconcilient les citoyens, notamment ceux à revenus moyens ou limités, avec les autorités qui ont, enfin, compris qu'il est temps de répondre positivement aux attentes des catégories vulnérables et de leurs aspirations à un logement décent.