Du 10 au 12 août, Kerkennah a vécu au rythme de l'Art contemporain. Trois jours dédiés aux arts de la photographie et de la vidéograpie. Un événement de grande envergure jamais organisé dans l'île, initié par les Journées régionales d'art contemporain de Carthage dans sa première édition. « Entre ciel, terre et mer » Borj Lahssar, monument historique délaissé depuis longtemps, a été éclairé de mille feux et investi par les huit artistes sélectionnés dans l'exposition IN, baptisée « Entre ciel, terre et mer ». Nous avons nommé Safouene Jalloul avec son œuvre-performance« Source de vue, source de vie», Marwen Trabelsi avec «Transposition intemporelle du paysage», Houcine Mssaddak avec « Chqaf », Hayfa Abdelhedi avec « Anachné », Samia El Echi avec «Open space», Youssef Bouajaja avec «Mémoire de la télévision», Arbia Abassi avec « Mémoire du temps » et Khaled Zarrouk avec «Beya ». Autant de regards sur la temporalité, l'espace, le corps, la condition humaine, les images et le patrimoine. La photo et la vidéo sont à la fois alibis, médiums, techniques et finalités interpellant les sens et titillant la curiosité des spectateurs-récepteurs. Surplombant la mer, site archéologique laissé à l'abandon, trace des Phéniciens, Borj Lahssar a vite repris vie et a été saisi par une contemporanéité aussi esthétique que temporelle... L'Uapt, en force ! Parallèlement, l'Union des artistes plasticiens tunisiens (Uapt) a participé en force dans le OFF des Jracc Kerkennah avec l'organisation de deux grandes expositions de groupe (Jeunes photographes/vidéastes et Photographes/vidéastes professionnels) et deux expositions personnelles : l'une de l'artiste Dalel Tangour et l'autre de l'artiste Essia Arous. L'occasion a été de confronter les œuvres des jeunes et des moins jeunes, d'échanger les expériences, de découvrir les démarches des uns et des autres. Un workshop de photo-reportage animé par le photographe tunisien et international Hedhi Khecherem et un workshop dédié au «Tirage argentique noir et blanc en labo » ont également été au menu. Ceci sans oublier la projection d'une série de courts-métrages tunisiens et de films pour enfants pendant les trois soirées de l'événement. Une première... Les mausolées Sidi Mansour Ouled Kassem et Sidi Salem Ouled Yanneg, Borj Lahssar et l'école primaire Ouled Yanneg, rafraîchis à l'occasion, merveilleusement éclairés, ont été transformés. Lieux de culte, vestige militaire, espace éducatif, ces espaces ont été révélés sous un autre jour, ont changé de vocation le temps de trois jours grâce aux Jracc. « C'est du jamais vu à Kerkennah. Vous avez illuminé des lieux qui ont été longtemps obscurs ! », témoigne l'un des visiteurs aux organisateurs. Pour une première, il est vrai que c'en était une ! En effet, jamais l'île n'a été autant investie par l'art contemporain. Les expositions et toute la programmation ont drainé un public nombreux de Kerkenniens avides d'art et de touristes curieux. Contrairement à d'autres événements artistiques précédents organisés quasiment à huis clos dans l'île, les Jracc Kerkennah ont été mis sur pied à travers une démarche participative et en totale association avec les habitants qui ont adhéré au projet. Les Jracc Kerkennah, un rendez-vous qui a fait oublier, ou presque, le triste naufrage du bateau de migrants clandestins, et qui amorcera sans aucun doute de nouvelles traditions et de nouveaux projets artistiques dans l'île.