Arts et féminismes célèbrent la pluralité de la création. A quelques pas de la place Halfaouine, la cour intérieure du Théâtre national se transforme pendant 4 jours en une place des arts et des expressions créatrices féminines. Du 6 au 9 septembre, c'est d'ailleurs tout l'espace qui se mue en une bulle où les imaginaires de 150 artistes, conférencières et activistes se rencontrent entre elles et avec le public, sous le drapeau coloré de Chouftouhonna, Festival international d'art féministe de Tunis. Le coup d'envoi de la quatrième édition a été donné jeudi dernier. Deux des membres de l'association Chouf qui organise le festival l'ont présenté en tunisien et en anglais, accompagnées par une interprète en langue des signes. Ainsi se veut la manifestation, inclusive dans tous ses modes d'expression, abolissant au passage la hiérarchie parmi ses organisatrices, les frontières entre public et participantes, et le gaspillage. En partenariat avec l'association Zero waste Tunisia, Chouftouhonna a instauré une politique zéro déchet et zéro plastique. Un appel à l'engagement envers la planète auquel a répondu présent le public du festival, venu surtout soutenir l'engagement envers un art qui valorise et donne de la visibilité au point de vue féminin sur le monde. «Chouftouhonna veut faire entendre les voix des femmes, qui ont encore à se battre pour leurs droits», ont tenu à rappeler les présentatrices de la cérémonie d'ouverture. Elles ont également tenu à rendre hommage à la large équipe qui a rendu la manifestation possible, entre comité d'organisation, bénévoles et comités de sélection. L'une d'elles, la photographe Sophia Baraket, nous a quitté cette année et une rétrospective de ses œuvres est venue rappeler que sa mémoire et son art resteront vivants parmi nous. La photographie est l'une des expressions artistiques célébrées à Chouftouhonna, aux côtés de l'art plastique, de la musique, de la danse et du cinéma. Au programme donc, projections, concerts, exposition collective, ateliers et conférence, en plus de l'incontournable «Soukouhonna». «Leur marché» en arabe est un lieu où, chaque année, les artisanes font connaître leurs produits et leurs démarches de création. C'est le cas de Wejden qui crée de la «mode éthique» : chaussures et accessoires sont fabriqués à partir de la récup de margoum et du papier d'anciens journaux. Avant la cérémonie d'ouverture, la première journée de Chouftouhonna a été animée, grâce à «Soukouhonna» et aux autres volets du programme. En entrant au Théâtre national, le visiteur est accueilli à sa droite par une exposition où dessins et peintures explorent des thématiques, comme le corps et la liberté. La matinée a été consacrée aux ateliers et à une rencontre-dialogue entre artistes invitées. Dans l'après-midi, projections, performances et lectures ont occupé les différentes salles du Théâtre national, portant les noms de Hbiba Msika, Ali Ben Ayed ou encore Bernard Turin, témoins d'images, de sons et de créations qui portent haut et fort la parole des femmes et expriment des féminismes pluriels. Gratuit et ouvert à tous, le festival a accueilli un grand nombre de visiteurs qui ont fourmillé entre ses différents espaces et propositions artistiques. Un joyeux labyrinthe où l'on a plaisir à se perdre sans pour autant perdre d'esprit l'essentiel, le combat des femmes toujours d'actualité dans tous les domaines. Le programme se poursuit jusqu'à dimanche où il se terminera sur un concert de percussion à la Place Halfaouine.