Coup d'envoi de la 3e édition du Festival international d'art féministe de Tunis «Chouftouhonna» jeudi dernier au Théâtre national de Tunis à la Place Halfaouine. 14h30 au Théâtre national de Tunis à Halfaouine, sur l'allée conduisant aux divers espaces du TNT, des artisanes ont installé leur stand. Elles proposent aux festivaliers des bijoux, des sacs, des plantes et divers autres ouvrages faits main. Une artisane palestinienne fabrique des bijoux en tissu brodé avec des points de croix. Une autre tunisienne vend des plantes grasses. Le tableau de cette exposition n'est pas complet. On nous signifie que les participantes seront plus nombreuses le lendemain. A l'étage supérieur, la petite salle de cinéma Ali Ben Ayed affichait complet. Un public majoritairement féminin assiste à des projections réalisées par des femmes. Des courts métrages sur «l'activisme», un thème pas du tout glamour et encore moins cinématographique. Il s'agit d'une série de témoignages de féministes dont celui de Nawel Saâdaoui, figure de proue du féminisme égyptien et arabe, célèbre romancière avec des livres abordant des sujets tabous comme l'excision des filles, le sexe, la prison, etc. La séance est animée par une présentatrice qui fournit des explications dans les trois langues arabe, français et anglais aux spectatrices venues des quatre coins du monde pour soutenir l'action de l'Association Chouf, organisatrice de "Chouftouhonna", festival international d'art féministe qui en est à sa 3e édition. A l'étage supérieur du bâtiment dans une grande salle, se tient l'exposition d'une centaine d'œuvres picturales, graphiques et photographiques toutes produites par des femmes dans le cadre du marché d'art baptisé "Soukouhonna" (leur marché). Ce sont des œuvres d'artistes engagées affirmant les expressions libres contre la discrimination dont la femme fait l'objet. Dans ce territoire, il nous est donné à voir des illustrations sans tabou traduisant l'engagement des artistes dans leur combat acharné pour la liberté. Des œuvres assez audacieuses révélant les angoisses et les frustrations subies par le sexe féminin. Dans ce festival multidisciplinaire où se côtoient les arts plastiques, les arts graphiques et la photographie, le cinéma, le théâtre, les arts scéniques, etc. Ces artistes femmes célèbrent l'art dans tous ses états, avec une sélection de 250 œuvres de plus de 100 artistes venant de 50 pays. A l'affiche, un programme alliant projections de films, performances théâtrales, danse, musique et une exposition photographique, travaux graphiques et œuvres d'arts plastiques et même des séances de tatouage. La pluie de la partie Une pluie fine, la première de cet automne, commençait à tomber. Une tente fut rapidement montée pour que l'assistance pût suivre l'ouverture officielle du festival au cours duquel un hommage posthume a été rendu à la grande comédienne Raja Ben Ammar disparue en avril 2017, et ce, notamment pour son précieux apport à ce jeune festival depuis son lancement il y a deux ans, suivi du concert de musique et de chant donné par la chanteuse palestinienne et son groupe Jamila and the others Heroes venus directement de Berlin. Avec un budget de 55 mille dinars fournis entre autres par des partenaires européens comme Euromed, la Fondation Henrich Boll, le Geothe Institut, l'Institut Cervantes, la Fondation féminine Frida et d'autres, "Chouftouhonna" est né de l'ambition d'un petit collectif de femmes voulant renforcer l'accès de la femme à l'art et à la culture dans le contexte du processus démocratique en Tunisie. Le festival se poursuivra jusqu'au 10 septembre avec au menu un atelier d'illustration, prévu les 9 et 10 septembre de 10h30 à 14h30, et sera animé par la Française Maeril, directrice artistique, illustratrice, designer et vidéaste qui offrira un contenu alliant art et engagement aux causes féminines. En plus de quatre conférences sur la femme, la violence faite aux femmes et la résistance à travers l'expression artistique, cinq ateliers dans diverses formes d'art sont en bonne place dans ce programme féminin qui inclut également des matchs de football pour femmes, des séances de tatouage et deux soirées animées par 10 DJettes venues de différents pays. Par ailleurs, au terme du concours de la meilleure œuvre dans les différentes disciplines d'art, des prix seront attribués aux artistes gagnantes qui seront sélectionnées par un jury pluridisciplinaire de 10 membres, à savoir Jalila Baccar, Malak Sbai, Senda Ben Hassan, Sahar Mandour, Olfa Ben Achour, Nawel Ben Krayem, Sofia Baraket, Rania Warda et Hela Lamine. Un dernier prix sera décerné par le public et sera transversal à toutes les catégories. Les artistes participantes ont été sélectionnées parmi 250 candidatures parvenues à la direction de cette manifestation d'art dont l'organisation vise à élargir les champs de participation des créatrices venues de divers horizons. Perpétuant les mêmes principes sur lesquels a été fondé le festival, depuis sa création en 2015, la manifestation est une opportunité pour les femmes artistes de présenter leurs œuvres artistiques et de sensibiliser le public à leur démarche. Un bémol quand même : l'absence de la littérature et des écrivaines. Pourtant, dans l'histoire du féminisme, la littérature a joué un rôle principal et d'envergure. C'est l'écrivaine française George Sand qui a été la première à parler de féminisme. La littérature féminine est abondante et souhaitons que la prochaine édition consacrera une grand part à ce genre.