A chaque jour, les Tunisiens découvrent que la crise politique se complique de plus en plus. Et pas plus tard que ce vendredi, l'on a cru le dénouement de la crise proche, ce qui s'est en fin de compte révélé sans fondement… Que Youssef Chahed finisse par démissionner de son poste de chef du gouvernement, annonce qu'il ne briguera pas la présidence de la République en 2019 ou qu'il se maintienne au Palais de La Kasbah, à tout prix, pour le peuple rien n'est réglé. Les Tunisiens veulent une solution à la crise qui paralyse le pays depuis des mois, une solution qui leur dévoile ce que l'on entend faire des 104 entreprises publiques, une solution qui les rassure sur la rentrée scolaire 2018-2019 que les syndicalistes annoncent comme très chaude, une solution qui mette fin aux déclarations quotidiennes qui ne font que renforcer le flou et semer le doute parmi l'opinion publique, plus particulièrement pour ce qui est des rapports Ennahdha-Nida Tounès. En plus clair, l'opinion publique attend de savoir si le consensus a vécu réellement ou s'il est toujours question de l'alliance sacrée nidaïste-nahdhaouie, laquelle alliance résiste à toutes les difficultés et finit toujours partriompher «dans la mesure où la stabilité et les intérêts supérieurs de la Tunisie sont toujours au-dessus de toutes les ambitions personnelles et de tous les calculs partisans». Et pas plus tard que ce vendredi, l'on a cru le dénouement de la crise proche, ce qui s'est en fin de compte révélé sans fondement… Ennahdha est revenu à la charge pour imposer ses conditions en contrepartie de son accord à retirer son soutien à Youssef Chahed. Le mouvement appelle maintenant «le gouvernement à prendre toutes les mesures pour atténuer le poids des difficultés sur les catégories vulnérables et les régions marginalisées». Donc, si on comprend bien la déclaration publique publiée jeudi 6 septembre par Ennahdha, on découvre que le parti de Montplaisir penche vers le maintien de Youssef Chahed au Palais de La Kasbah, mais à condition de procéder aux grandes réformes qu'on attend depuis des années comme si le chef du gouvernement a les moyens de procéder à ces réformes dans un environnement marqué par une tension de plus en plus vive et des conflits à n'en plus finir avec les structures syndicales. Et comme à l'accoutumée, Ennahdha et ses différents responsables s'ingénient à répandre le flou et à faire comprendre aux Tunisiens qu'ils détiennent les clés de toutes les solutions possibles. Ainsi, Rached Ghannouchi considère-t-il que «la Tunisie a toujours besoin du consensus comme les événements le confirment et qu'il existe une opportunité à saisir avec les 63 points convenus dans le cadre du Document de Carthage II». Autrement dit, les nahdhaouis sont d'accord pour le maintien de Youssef Chahed à La Kasbah à la condition d'un remaniement ministériel et à la condition aussi de «l'accélération de la mise en place des réformes économiques et sociales et aussi l'engagement de ne pas se porter candidat à l'élection présidentielle de 2019», ce qui revient à dire amener Youssef Chahed à faire le travail que tous les gouvernements précédents n'ont même pas abordé et tirer profit de ses succès au cas où ces fameuses réformes aboutiraient. Sauf que ceux qui donnent l'impression de maîtriser l'avenir de Youssef Chahed et pouvoir le manipuler semblent oublier que ce dernier a aussi ses plans, son projet et ses priorités».