Par Kaïs MABROUK * Encore une fois les cloches de la rentrée sonnent pour nous rappeler qu'une nouvelle année commence. Une nouvelle année avec de nouveaux visages, de nouveaux espoirs et de nouveaux challenges. Des milliers de jeunes quitteront leurs mères et leurs pères, leurs contrées si chaudes et si lointaines, leurs frères et sœurs, leurs amis et leurs voisins pour s'abreuver de sciences et surtout de conscience. Nous faisons un métier unique, un métier exceptionnel, j'oserais dire, un métier divin et qui est loin d'être évident, fluide ou limpide. Pourquoi ? Parce que nous ne sommes pas riches mais nous avons le devoir de donner. Nous ne sommes pas chanceux mais nous devons trouver et partager. Nous ne sommes pas des acteurs mais nous devons maintenir l'attrait. Nous ne sommes pas des mages mais nous devons être une source inépuisable d'espoir. Nous ne sommes pas Dieu mais nous devons avoir réponse à tout. Citez-moi un seul métier qui rassemble autant de missions. Ne cherchez pas, vous vous y perdrez ! Je vous écris aujourd'hui particulièrement pour une seule et unique raison ! C'est dans l'espoir de réveiller en nous notre magnificence. De nous redonner goût à la mission. Je sais que vous êtes fatigués, je sais que vous êtes épuisés, je ressens le poids de la lassitude qui pèse sur nos épaules. Mais ne lâchons pas. Ne cédons pas. Ne nous résignons pas. L'avenir de l'humanité est entre nos mains et dans nos «brains». En effet, nous sommes des alchimistes. Nous recevons des êtres parfois perdus mais nous y mettons du nôtre pour les aiguiller. Nous accueillons des jeunes qui viennent voilés de la vérité et nous les éclairons. Nous avons dans nos classes certains difficiles que nous forgeons et destinons à l'élégance et au tact. Nous croisons des désespérés que nous inspirons. Nous recevons des déboussolés que nous recadrons... Chers académiciens, L'année commence et c'est l'occasion de faire le bilan des années précédentes pour construire brillamment l'année en cours. Ce qu'il est attendu de nous n'est pas juste la transmission d'informations, non ! De nos jours, Google fera mieux. Ce n'est pas non plus d'être plus intelligent que la machine ! Ou de prouver à l'intelligence qu'elle est artificielle ! Mais ce qui est sollicité, attendu et escompté, c'est l'éveil des êtres qui nous sont confiés. Ils sont à nous pendant une ou deux heures ou plus par semaine. Ni les parents, ni l'Etat, encore moins la rue ne pourront les façonner autant que nous. Alors, déverrouillons les blocages, libérons les potentiels, révélons au monde leurs talents ! Notre rôle principal est de leur apprendre à donner, à partager, à rêver, à oser, à s'émanciper, à chercher, à construire à remercier, à se libérer, à s'organiser...et surtout de leur apprendre à apprendre. Chers Professeurs, Les parents nous confient ce que la nation a produit de meilleur. Ils nous confient leur chair, leurs âmes, leur passé et leur futur. Alors soyons conscients de la mission qui nous incombe. Nous avons pris rendez-vous avec ce troisième millénaire, ne tirons pas sur l'artiste ! * Professeur universitaire