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Vue sur mer
Tribune
Publié dans Le Temps le 16 - 04 - 2010

Nous étions quatre copains dont les itinéraires se sont entrecoupés sur les bancs de l'université à Tunis et outre Méditerranée, avons usé le fond de nos pantalons sur les chaises des cafés de l'avenue Bourguiba fréquentés par les contestataires et hanté les assemblées générales de l'UGET des années 60.
Deux sont devenus d'éminents professeurs d'université, le troisième a gagné des galons dans la diplomatie et moi – mal inspiré- choisissant le drôle de métier de journaliste au moment où j'avais toutes mes illusions à propos de cette drôle de profession ou cette profession drôle.
Nous ne nous sommes jamais quittés depuis plus d'un demi-siècle. Notre règle était : un pour quatre et quatre pour un.
Début des années quatre-vingt, Mohamed, artiste et poète de la bande, est venu annoncer aux autres qu'il a pris option pour l'achat pour la « confrérie » des terrains sur une plage sauvage entre Ksour Essaf et la Chebba
En se rendant sur les lieux, nous étions émerveillés par la beauté du coin et le panorama paradisiaque. C'était ce que les géographes appellent une hamada : terrain rocailleux où rien ne pousse sauf le romarin et des joncs. Au loin poussaient des figuiers et quelques pieds de vigne. L'air était embaumé avec une vue plongeant sur mer. Le bonheur ! Le coin était si calme qu'on « entendait » le silence. Aucune construction à moins d'un kilomètre. Il n'existait aucune infrastructure : pas de route, pas d'électricité et pas d'eau potable ce qui a fait tiquer certaines de nos épouses.
Malgré ces réticences, la décision a été prise à la majorité de construire des bicoques à l'échelle humaine en harmonie avec le paysage et le cachet local. Une fois les travaux de construction terminés, nous étions si contents que lorsque nous décidions la veille d'y aller nous disions : « demain nous irons au paradis ». Pour s'y rendre, le chemin était tellement impraticable que nous nous déplaçons en 2CV si bien que l'expédition ressemblait plutôt à un rallye « Paris –Dakar ».
Qu'elle était loin la civilisation de consommation. Nous nous éclairons avec des bougies, nous cherchions notre lait chez l'agriculteur du coin et nous achetions notre pain traditionnel « tabouna » chez Ommi Mna, une vieille dynamique qui trottait du matin au soir entre ses poules et le sarclage de ses quelques vignes.
Nous avons fait un saut dans le temps en vivant comme du temps de nos grands parents où le bonheur était à portée de la main. Un vieux pêcheur, armé de son filet, nous apportait chaque matin du poisson qui, si frais qu'il bougeait encore quand nous le nettoyions ce qui faisait la joie des enfants.
Lorsque nous nous baignons dans une mer couleur émeraude, nous étions seuls à nager et on se croirait dans une piscine privée mesurant des dizaines de kilomètres de diamètres.
Un beau matin – mais il n'était pas beau ce jour là- nous étions réveillés par le bruit des bulldozers et d'autres gros engins venus pour l'aménagement d'une route front de mer.
L'asphalte est ensuite passé annonçant l'arrivée de tout le reste : l'électricité et ensuite l'éclairage public, puis l'eau courante et le téléphone.
Et ce qui devait arriver arriva : le prix des terrains a commencé à flamber et ne finit pas de grimper depuis. Nous avions acheté nos lots avec une poignée de dinars et les habitants du village nous traitaient à l'époque de fous pour avoir acquis des terrains de pierraille où rien ne poussait.
Depuis des personnes fortunées ont, non seulement acheté à prix d'or, mais construit des villas à l'architecture et au goût très douteux. Comme chacun veut faire plus grand, plus haut et plus « tape à l'œil » que son voisin, les constructions ont commencé à pousser les unes plus laides et plus arrogantes que les autres.
Une insulte à un paysage dont les lignes étaient si harmonieuses, le bleu si limpide et la luminosité si éblouissante qu'elles auraient du être immortalisées par quelques peintres paysagistes.
Avant l'arrivée du béton, le petit port faisait face à un café dont la terrasse était un « repaire » pour les pêcheurs grâce à ses voûtes et à des maisons de pêcheurs dont la blancheur des murs passés à la chaux, les petites portes basses ouvrant sur des patios ensoleillés et les fenêtres bleues ciel étaient une réplique à la couleur turquoise de la mer. Certaines ont été vendues à des promoteurs qui les ont rasées pour construire des appartements qu'ils louent à des vacanciers.
Les rares maisons de pêcheurs échappées au massacre sont noyées dans une forêt de béton sans goût.
Pire : un homme d'affaires a, non seulement construit une immense villa à étages avec d'innombrables salles de bains et un appartement haut standing doté d'un jakuzy.
Mais le plus révoltant c'est que non seulement les matériaux de construction notamment le marbre importé et l'électronique équipant les portes, c'est qu'une piscine aux dimensions olympiques a été aménagée alors que la villa n'est qu'à peine 100 mètres de la plage.
Dans un pays comme la Tunisie qui souffre d'une sècheresse cyclique où les caprices de la météo ne nous sont pas favorables et où on nous raconte à longueur de journée à force de spots publicitaires, de conférences et autres et séminaires qu'il faut à tout prix sensibiliser les citoyens pour économiser l'eau, on se demande comment les services de l'équipement habilités à délivrer des autorisations de construction fournissent des permis pour l'aménagement de piscines en général et près des plages en particulier.
Devant la tournure des évènements, la bande des quatre copains a décidé de provoquer une réunion urgente pour étudier l'éventualité de vendre et d'aller planter nos « tentes » ailleurs que nous pourrons facilement démonter pour déguerpir une fois encore rattrapé par le béton. Mais où ? Cherchons désespérément coin tranquille.


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