60.000 ruraux n'ont pas accès à l'eau potable dans les régions de l'intérieur. Le gouvernorat de Kairouan est l'un des plus défavorisés et par la nature et par les programmes de développement socioéconomique. Non seulement la région souffre d'une faible pluviométrie, mais elle peine sous l'effet d'une insuffisante desserte en eau potable dans la plupart de ses villages, ce qui oblige des milliers de familles à s'approvisionner en eau potable par le biais de distributeurs privés dont les récipients sont souvent rouillés… D'autres, qui souffrent d'absence de raccordement à la Sonede, ont recours aux 250 associations hydriques qui alimentent 190.000 ruraux, et ce, malgré l'existence d'énormes problèmes dus au non-paiement des factures, d'où les fréquentes coupures d'eau, sachant que le coût du m3 est calculé sur la base des dépenses relatives à la maintenance du réseau, à la consommation d'énergie nécessaire à la production de l'eau ainsi qu'au paiement des ouvriers. Ainsi, il y a eu une aggravation de l'endettement des groupements, dont beaucoup ont abandonné les travaux de maintenance. Actuellement, les dettes s'élèvent à 1,5MD auprès de la Steg qui a accepté de rééchelonner les dettes sur trois ans, ce qui a permis d'alimenter les ruraux assoiffés en eau potable. Notons que le taux général de desserte en eau en milieu rural est de 86%, puisque sur un total de 381.000 habitants, 327.000 sont alimentés en eau, dont 35% à partir de la Sonede et 51% des groupements hydrauliques. Recours au marché illégal de l'eau Par ailleurs, 60.000 ruraux n'ont pas accès à cette denrée précieuse et se trouvent obligés d'avoir recours au marché illégal de l'eau avec un mode de stockage inapproprié, notamment lors de son transport. D'autre part, le forage de puits anarchiques est un phénomène très fréquent, outre le fait de casser les vannes et les canalisations de la Sonede dans le but d'avoir de l'eau gratuitement. D'autres essaient de se débrouiller avec différents moyens pour assouvir leur soif comme l'exploitation des majels, l'achat de citernes et le recours à des puits privés. Notons dans ce contexte que du fait d'être privés d'eau de bonne qualité, beaucoup de villageois souffrent de problèmes dermatologiques et d'infections intestinales et hépatiques. D'où les nombreux sit-in pour revendiquer l'approvisionnement régulier de leurs zones marginalisées et l'accélération de réalisation des travaux de renouvellement des conduites vétustes et de raccordement au réseau de la Sonede. Face à ce désarroi, les responsables régionaux organisent souvent des campagnes de lutte contre la soif, et ce, en assurant l'approvisionnement en eau potable à l'aide de citernes tractées. N'oublions pas d'évoquer dans ce contexte le fait que les trois barrages du gouvernorat ont enregistré durant les trois dernières années un déficit alarmant en raison du réchauffement climatique. Et le taux de remplissage demeure faible (à raison de 67%) malgré les pluies du mois d'août 2018. Notons d'un autre côté que l'usage des eaux de forage de puits ainsi que le transfert de quantités d'eau de l'extrême nord du pays, dans le cadre du projet national d'interconnexion des différents barrages et des axes hydrauliques, atténueront certainement l'effet du stress hydrique et achemineront l'eau dans les zones rurales où cette denrée manque cruellement. Somme toute, la disponibilité de l'eau est un critère essentiel pour réaliser le développement durable face à la multiplication des phénomènes climatiques, dont la sécheresse et les inondations.