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Des bourgades assoiffées
Kairouan
Publié dans La Presse de Tunisie le 05 - 08 - 2016

Le gouvernorat de Kairouan n'est pas épargné par les coupures d'eau en cette saison estivale.
Mais au manque actuel de ressources s'ajoutent des problèmes de raccordement au réseau et d'exploitation anarchique des canalisations existantes.
Malgré tous les projets hydrauliques (lacs collinaires, forages, barrages, puits de surface et sources naturelles) réalisés jusque-là, plusieurs délégations du gouvernorat de Kairouan souffrent du manque d'eau potable en raison d‘une absence de raccordement au réseau de la Sonede à cause de la dispersion géographique. En outre, le forage de puits anarchiques est un phénomène de plus en plus fréquent, outre celui de la rupture des vannes et des canalisations de la Sonede dans le but d'avoir de l'eau potable.
Par ailleurs, beaucoup de groupements hydrauliques connaissent des difficultés à cause du non-paiement des factures d'eau et du raccordement anarchique aux réseaux hydrauliques. De ce fait, il y a eu une aggravation de l'endettement des groupements dont certains ont abandonné les travaux de maintenance et sont dans l'incapacité de régler les montants de l'énergie et de l'achat de l'eau.
D'ailleurs, leur dette s'élève à 2 milliards, sachant que le coût du m3 est calculé sur la base des dépenses relatives à la maintenance du réseau, à la consommation d'énergie nécessaire, à la production de l'eau ainsi qu'au paiement des ouvriers.
Privés de cette denrée précieuse, surtout en cette période estivale, les villageois souffrent de gale et d'infections intestinales et ne cessent d'organiser des sit-in pour revendiquer l'approvisionnement régulier de leurs zones marginalisées, se déclarant lassés des promesses non tenues et de la lenteur des travaux entrepris pour renouveler les conduites vétustes. Et beaucoup de protestataires bloquent les routes car ils en ont marre d'être obligés d'utiliser l'eau minérale même pour les sanitaires.
Face à cette situation frustrante, les responsables régionaux organisent souvent des campagnes de lutte contre la soif, et ce, en assurant l'approvisionnement en eau potable à l'aide de citernes tractées.
D'autres journées de sensibilisation ont été organisées pour lutter contre le raccordement anarchique au réseau de la Sonede. Ce phénomène s'est accru ces dernières années à tel point qu'on compte aujourd'hui plus de 18.000 raccordements anarchiques dont les contrevenants utilisent l'eau potable non seulement pour leurs différents besoins quotidiens mais aussi pour l'irrigation de leurs parcelles agricoles alors que d'autres villageois sont assoiffés.
Témoignages
Dernièrement, nous nous sommes rendus dans certains villages des délégations d'El Ala et de Hajeb El Ayoun où nous avons rencontré des villageois lassés de faire le pied de grue devant des fontaines publiques pour remplir leurs bidons et puis de faire plusieurs kilomètres pour regagner leur domicile sous une température frôlant les 40 degrés. D'autres s'approvisionnent en eau de sources polluées et certains ont recours à différents moyens pour assouvir leur soif comme l'exploitation des majels, l'achat de citernes et le recours à des puits appartenant à des privés. Ils sont de ce fait à la merci d'un ciel peu clément et leur rêve est de voir un jour l'eau du robinet couler dans leurs habitations.
Heureusement que la vente de l'eau à ces ruraux, par l'intermédiaire des groupements de développement agricole, sauve quelque peu la situation des assoiffés.
Loin de Hajeb-centre, à Mnassa, Essarja, Rhima et Gouiba, les logements ruraux, les champs et les petites écoles s'échelonnent avec nonchalance dans un monde essentiellement rural et dont la population reste très attachée à ses coutumes comme à son genre de vie. Dans ces villages, l'eau est une denrée rare comme nous l'explique Madame Radhia Mnissi : «Le plus proche des puits dont on se sert est situé à plusieurs kilomètres et nous fournit une eau d'un degré de salinité très élevé qui n'étanche pas notre soif.
Notre priorité actuellement est à l'évidence l'eau potable. L'Etat pourrait faire des sondages pour que nos villages deviennent verdoyants avec la création de périmètres irrigués».
Plus loin, dans la zone d'Aouled El Haj (Imadat Rhima), nous avons traversé à bord d'une charette tirée par un cheval, un paysage d'une émouvante beauté où l'homme s'harmonise si bien avec la nature qu'il se confond parfois avec l'ombre des eucalyptus, qu'il faut bien le chercher et qu'on le devine plus souvent qu'on ne le croise, on pourrait raconter la sérénité de trois bergers qui surveillent un troupeau de moutons, on pourrait raconter l'âne solitaire qui emprunte inlassablement les mêmes sentiers.
Mais il y avait Ourida, son sourire et son incroyable beauté éclatante — mariage d'étoffes écarlates et de bijoux—, Ourida qui nous explique que le manque d'eau potable et d'infrastructure sociale a obligé beaucoup de familles à partir ailleurs, à la recherche d'une vie plus saine.
Ourida voulait que nous nous reposions dans sa modeste habitation, s'excusant presque de la vétusté de son mobilier.
Comment pouvions-nous lui exprimer que la chaleur de son accueil et la saveur de la tabouna qu'elle nous avait préparée valaient de très loin toutes les richesses du monde, tant nous étions émus de nous sentir en quelques minutes comme un enfant qu'on aurait retrouvé après un long voyage.
Autre lieu, même décor
Plus de quatre kilomètres séparent imadat Traza d'El Ala. La piste bordée de cactus est plutôt difficile. De plus, il faisait chaud et quelques lambeaux de nuages se profilaient dans un ciel étonnamment bleu.
Ce qui frappe, c'est l'existence de plusieurs logements abandonnés. Les paysans, dont Ameur Rebhi et Salah Oueslati, nous expliquent que le chômage, la pauvreté et la rareté d'eau potable ont obligé les gens à aller depuis longtemps dans les villes du Sahel à la recherche d'un emploi stable. Car beaucoup de jeunes filles, que nous avons rencontrées à la source d'El Saâdha qui est mal entretenue, nous ont dit que leur point de rencontre avec le monde, c'est cette source. C'est ici qu'elles viennent puiser l'eau, laver le linge et discuter de leurs espoirs et de leurs différents problèmes. Rym Jaballah nous explique que la soif oblige certains villageois d'El Ala à aller chercher l'eau dans des oueds remplis de têtards, ce qui cause beaucoup de maladies. «Est-il normal qu'en 2016 on continue d'avoir soif?», soupire-t-elle.
Une heure plus tard, les filles quittent les lieux pour rejoindre leurs domiciles situés à plusieurs kilomètres, le cou et le dos ankylosés sous le poids de leurs jarres d'eau.


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