Le scénario semblait inéluctable. Comme une malédiction redondante à travers laquelle l'on a senti ce dénouement se dessiner ! Il y a des jours comme ça où rien ne va pour le Club Africain. Au terme d'un match sans volume, sans intensité et sans réelle envie affichée de gagner de la part des locaux, les visiteurs se sont quant à eux inclinés sans gloire face à une Stayda humble et réaliste à souhait. Une défaite amère pour un CA qui a pourtant pris le match par le bon bout dés le coup d'envoi. Maintenant, les Clubistes devront vite se remettre en selle. Car jusque-là, l'entame de saison est indigne des ambitions du club. Et pourtant, le CA était prévenu. La Stayda devait logiquement subir, via un bloc-bas hermétique et un travail de sape qui lui permettrait d'user son adversaire, avant de changer son fusil d'épaule par la suite. Cette équipe du SG est intraitable dans son antre. Ce n'est pas faute de l'avoir répété. Bien que timide dans la construction-projection, elle a toujours des arguments à faire valoir. Sa force, elle la doit notamment à ses grands gabarits. Et c'est d'ailleurs l'une des raisons pour laquelle le CA a chuté. S'entêtant à vouloir passer par l'axe, Khelil et ses partenaires se sont retrouvés confrontés à une muraille locale : deux tours plus particulièrement nommées Zahou et Ben Sassi, qui ont tout renvoyé. Ce faisant, dès le début du match, les joueurs clubistes ont voulu mettre les ingrédients qui avaient fait leur réussite face à l'USM: de l'engagement, de l'agressivité et de la générosité dans l'effort. Mais cette volonté s'est transformée en caricature du jeu face à un Stade Gabésien qui a su relever le combat physique avec mérite. Bref, on attendait cette rencontre face au SG pour jauger des progrès clubistes. Force est de constater que cette évolution semble minime au regard de l'écart de niveau entre le CA de ce début de saison et celui de la fin de l'exercice passé. Sasrako rate le coche Comme le symbole d'une après-midi où rien n'a tourné en faveur des Clubistes, la supposée pointe, Sasrako, a tout tenté sauf l'essentiel. Abattage, mobilité, appel et contre-appel, ce n'est pas faute de volonté et de générosité. Non, ce joueur de type déménageur qui évolue dos au but n'est pas un avant-centre classique. Il n'a ni le sens du but ni le jeu tout en finesse qui va avec. Ce n'est pas un renard des surfaces, soit un joueur qui anticipe et qui surprend. Techniquement limité, il ne sert qu'à aspirer le tandem d'axiaux adverses. Ce qui pourrait le rendre plus utile dans une tout autre configuration. Dommage, car le cachet de Jose Riga est plus que visible ces derniers temps. Le CA allie célérité, vivacité et jeu en mouvement. Il ne manque plus qu'un buteur qui sache matérialiser l'ascendant des Clubistes. Il faut tout de même le relever. Globalement, la rencontre s'est résumée à une démonstration de maîtrise de la part des visiteurs. Des visiteurs peu bousculés par des adversaires incroyablement prudents et ils ont eu raison de l'être. Le vice-champion de Tunisie s'est donc incliné à Gabès. Pourtant, il a montré un visage valeureux par moments. Est-ce encourageant ou inquiétant ? Ce scénario semblait inéluctable. Comme une malédiction redondante d'un CA en manque de réalisme et habité par une stérilité offensive inquiétante. Et le pire, c'est que ce fut durant les temps forts du CA, non «fructifiés» contre une équipe adverse plutôt empruntée, que l'on a senti ce dénouement se dessiner… Une fois de plus, le CA a dû se plier à la loi du réalisme, une caractéristique primordiale en compétition. Dur pour les hommes de Riga, dont la marge de manœuvre se réduit déjà. Le manque d'efficacité rédhibitoire en L1 ! Le premier acte du match face au SG a ressemblé à la première période contre l'USM, ce que le CA avait proposé de mieux depuis le début de saison. Le plan de jeu était très clair, et il ne consistait pas forcément à confisquer le ballon aux locaux, habitués à avoir la possession à domicile, mais plutôt à les faire rompre par un impact physique de tous les instants. Sauf que si Sasrako a encore brillé par sa faculté à se déplacer entre les lignes. Il a manqué de justesse et de suite dans ses idées. Darragi, à son tour, balle au pied dans l'entre-jeu, s'active à créer des décalages. Sauf que s'il a su se montrer actif, la plupart du temps, il n'est pas vraiment parvenu à mettre le pied sur l'accélérateur. Tout le contraire du match face aux Bleus ou ses rushs et sa conduite de balle avaient fait frissonner les travées de Radès. Par la suite, en début de seconde période, la configuration semblait identique. Mais les lignes se sont progressivement étirées, au fur et à mesure que la fatigue s'est fait sentir. Et cet émoussement physique a évidemment profité aux Gabésiens. Guère inspirés en première période, ils ont par la suite trouvé des angles de passes. La réussite a fait le reste. Dans le dur cahier des charges de la L1, toute distraction est payée cash. Orkoma reprend de la tête au second poteau. Charfi renvoie mais Izaka, à l'affût, plonge le banc clubiste dans le silence. La messe est dite. Le CA ne s'en remettra jamais ! Vers la fin, les Clubistes n'avaient ni les ressources physiques ni psychologiques pour rebondir. Au coup de sifflet final, l'heure était évidemment à la frustration. Ce genre de rencontres se joue sur des détails. Le CA l'a appris à ses dépens.