Alors que Mourad Zahou et Jilani Abdesslem, qualifiés d'extrême justesse et à la sueur du front, ont fait la différence côté gabésien, côté clubiste c'est plutôt la grande déception pour ne pas dire la désillusion S'il est un enseignement majeur et clair qu'on peut tirer, sans risque d'exagérer ou de se tromper, du match de samedi entre le SG et le CA, c'est bel et bien la différence, pour ne pas dire le grand écart entre l'apport et le plus donnés par les nouveaux recrutés dans le camp «vert et blanc» et le visage plutôt timide, morose, voire pitoyable affiché par les arrivants au Parc A durant ce mercato d'été. La physionomie de la rencontre entre Stadistes gabésiens et Clubistes, son sort et son résultat étaient largement tributaires de la tournure qu'elle a prise en seconde période, après les changements opérés et le coaching des entraîneurs des deux équipes. Walid Chettaoui sort son premier joker et joue la carte Jilani Abdesslem avant de faire entrer dans la foulée un autre attaquant de pointe rapide, en l'occurrence Alaeddine Gmach. Deux changements bien étudiés et bien à leur place qui vont donner de la force et de la confiance au compartiment offensif des locaux, lequel va peser lourdement sur le débat et imposer la loi sur la défense visiteuse et la pousser à la faute. Celle-ci, sous l'ampleur de la pression et des mouvements répétés va commettre une bévue monumentale. Qui ne connaît pas, en effet, les touches longues de l'arrière latéral Mourad Zahou, son arme principale qui a fait des ravages partout où il a évolué ? Personne, à coup sûr, sauf bien entendu le staff technique des «Rouge et Blanc», impassible et impuissant sur la ligne de touche et sur le banc et au même degré les joueurs sur le terrain. Résultat : touche longue en pleine surface, ausi dangereuse pour ne pas dire plus qu'un corner, premier coup de tête détourné ni extremis sur la ligne par le malheureux portier Seïfeddine Charfi mais reprise encore une fois par un joueur gabésien, Isaâka Abudo, cette fois de manière imparable (75'). Une équipe de haut niveau ne commet pas trois erreurs de marquage et de concentration successives, presque simultanées qui vont lui coûter la perte d'un match après sa pseudo-domination de la première période. Surtout lorsqu'il s'agit du Club Africain au passé glorieux et qui a fait sortir de son arène footballistique des dizaines de joueurs de légende, de stars et de vedettes qui ont marqué de leur empreinte le football tunisien. Les responsables gabésiens ont eu raison de batailler et de cravacher dur pour soustraire à l'ESMétlaoui le duo Mourad Zahou-Jilani Abdessleem qui va les récompenser en leur offrant le premier succès de la saison. C'est ce qu'on appelle un coup de maître alors que côté Club Africain, c'était plutôt un coup d'épée dans l'eau. Des petits noms engagés à la hâte, sans discernement comme Sami Hammami, Ayoub Ben Mcharek, Zakaria Laâbidi et le Ghanéen Sasrako, longiligne, actif sans ballon mais sans grand talent, ni gros génie et ni adresse et lucidité quand il hérite du ballon et qu'il doit le mettre au fond, en pleine lucarne ou tout simplement derrière la ligne du but. Et quand on ajoute que Zouhaïr Dhaouadi n'a plus sa flamme d'antan et qu'il est bon pour la retraite, que Manoubi Haddad et Yassine Chammakhi ne sont pas assez explosifs et percutants sur les couloirs, que Oussama Darragi n'a plus les jambes de son jeune âge pour faire à lui seul le beau temps, on ne peut que conclure que le Club Africain de cette saison n'a pas bonne mine et qu'il risque d'ombrager et de ternir une histoire et un passé fabuleux. Le nouveau président, Abdessalem Younsi, a peut-être de l'argent et de la volonté pour réussir, mais il lui manque l'essentiel : une équipe de compétents à tous les postes et à tous les niveaux.