Le problème que connaissent presque toutes les disciplines sportives se situe au niveau de l'estimation générale d'un sport donné dans le pays, tant du point de vue insertion active dans le milieu sportif qu'à celui des pratiquants effectifs. Le nombre de licenciés devient secondaire si celui des pratiquants effectifs est insignifiant. C'est à partir de là que nous pouvons, sans risque d'être trompés par les résultats que l'on met adroitement en relief, prouver « qu'une fédération travaille et que tout va pour le mieux dans ses rangs ». C'est le cas, par exemple, lorsqu'on estime que le sport va bien dans notre pays alors qu'une partie infinitésimale de la population s'adonne à une activité physique ou à un sport qui sont, ne l'oublions pas, avant tout des moyens d'éducation et de formation. -Que tout va bien au sein d'un club lorsque l'équipe première remporte des titres, alors que son centre de formation est désert et que ses jeunes croupissent dans une situation intenable. -que la natation tunisienne est une des meilleures au monde lorsque Mellouli monte sur un podium olympique ou mondial. -que la lutte est en plein essor parce que Maroua Amri glane des médailles d'or, d'argent ou de bronze, alors que cette discipline vit une situation intenable. -que le judo ou l'athlétisme sont en pleine expansion parce qu'un ou deux de leurs combattants ou compétiteurs se hissent au niveau des meilleurs. -que le volleyball tourne à plein régime parce que l'équipe nationale séniors dispute des phases finales avec plus ou moins de bonheur, alors que les clubs sans moyens ni réserves pouvant servir de socle de recrutement sont complètement dépassés, etc., .etc. Promotion, formation et expansion Nous avions dans un précédent article soulevé le cas du volleyball et nous avions souligné que cette discipline va droit dans le mur, en dépit des résultats qu'enregistre de temps à autre son équipe fanion. Derrière cette sélection, qui a beaucoup perdu de sa splendeur et de son aura, il n'y a rien. La promotion et la formation sont actuellement à la mesure de l'expansion que connaît cette discipline. Autant dire nulles. Nos adversaires directs passent un à un devant nous. Avec des réserves ridicules, avec une compétition des jeunes pour ainsi dire peu fournie, conventionnelle, avec une compétition nationale presque jouée d'avance entre les mêmes équipes qui continuent à tenir à bout de bras cette discipline (jusqu'à quand ?), le volleyball ne risquera jamais de rattraper le temps perdu. Le Cameroun qui était dans notre rétroviseur est passé devant. Ce n'était pas une surprise pour ceux qui voyaient venir cette catastrophe annoncée, n'en déplaise au sélectionneur et à ceux qui continuent à gérer ce sport sans réelle intention de le relancer. Le Cameroun a compris que faute de compétitions qui comptent sur son territoire, il fallait encourager ses jeunes qui promettent à aller jouer à l'étranger. Les résultats ne se sont pas fait attendre et la victoire sur la Tunisie en ouverture du Mondial est bien le résultat de ce choix. Les nôtres ont été dépassés, surtout que le Cameroun est réputé être le pays où la taille est la plus grande du continent. Le volleyball tunisien n'a plus beaucoup de choix -Il lui faut repartir du point zéro pour développer le volleyball partout à l'intérieur du pays, surtout dans les villes côtières, en s'appuyant sur les établissements scolaires pour augmenter et élargir le champ de prospection. Les réserves qu'il possède sont ridicules et ne permettent aucune véritable expansion. L'Equipe nationale ne devrait plus être le principal objectif. Il faudrait certes s'en occuper, mais les gros moyens sont à orienter vers la promotion de cette discipline. La quantité finira par engendrer la qualité, parce que tout simplement les jeunes Tunisiens et Tunisiennes aiment le volleyball. -Ouvrir les frontières devant les meilleurs joueurs et non pas cadenasser les règlements et cloîtrer ceux qui sont en mesure de progresser plus rapidement au contact des compétitions réellement de niveau est aussi une urgence. Les clubs devraient comprendre cette nécessité pour l'intérêt national. Ils devraient faciliter les transferts et en tirer des profits, à l'image du handball, du football et du basketball. Cela revient à dire qu'en l'absence de moyens d'action conséquents, les résultats de la sélection deviennent secondaires par rapport à ce qui devrait être fait pour la promotion de cette discipline dont l'avenir dans notre pays pourrait être radieux. A condition de s'y consacrer en priorité et de cesser de faire croire que tout va bien comme dans le meilleur des mondes.