La Tunisie a remporté une médaille de bronze en battant l'Algérie par 3 sets à zéro aux Jeux de la Jeunesse. La belle affaire ! On oublie aussi de rappeler dans cette optique que l'Egypte et le Nigeria jouent la finale. Si l'Egypte est un pays où le volley-ball est un sport qui a ses traditions, des traditions qui remontent à très longtemps, chez nos amis nigérians, c'est un sport relativement récent, dans lequel ils ont engagé des moyens pour le devenir et pour imposer leur présence dans presque toutes les compétitions africaines, tout en commençant à fournir des éléments de très bonne valeur à des équipes étrangères. Et pendant ce temps, qu'est devenu notre volley-ball ? Si nous revisitons certains repères, lors des premiers Jeux africains qui ont eu lieu à Brazzaville en 1965, la Tunisie s'était classée deuxième derrière l'Egypte qui bénéficiait d'une plus grande assise sportive grâce au nombre de sa population et de son ancienneté. Le Nigeria n'apparaît dans le palmarès des médaillés qu'en 1978, aux Jeux d'Alger, où il dispute la finale face à la... Tunisie. Depuis, les Nigérians apparaissent régulièrement sur les tablettes et se posent en adversaires crédibles pour les prétendants potentiels. La Tunisie est certes présente aux premières loges jusqu'en 1978 (médaille d'or). Elle disparaît de l'écran en 1987, ne revient qu'en 2007 (médaille d'argent derrière l'Egypte) et s'éclipse dans les éditions de 2011 et 2015. Où sont nos traditions ? C'est dire qu'un pays où les traditions du volley-ball remontent assez loin dans le temps se permet d'être barré par de nouveaux prétendants comme le Cameroun, le Kenya, le Congo est quelque peu étrange. Précisons, en passant, que cette comparaison n'a rien de péjoratif vis-à-vis de ces pays qui ont eu le mérite de travailler pour venir s'imposer le plus régulièrement du monde. Ce qui nous intéresse, c'est bien cette perte de vitesse qui a accompagné le volley-ball tunisien qui semble vivoter alors qu'il constituait, avec celui de l'Egypte et de l'Algérie, la locomotive qui entraînait à sa suite le reste du continent. Que s'est-il passé ? Pour faire court, le volley-ball tunisien semble s'être replié sur lui-même et se contente de gérer ce qui est en place, grâce à l'effort disparate des clubs. Des clubs qui n'ont pas beaucoup de moyens et pour lesquels l'incitation à faire mieux et plus est la qualité la moins partagée dans les coulisses de cette discipline. Aux derniers Jeux méditerranéens, la Tunisie s'est classée sixième. Pourquoi, comment expliquer cette absence de répondant ? Les réponses pourraient être trouvées dans la carte « géographique » de notre volley-ball national : une division nationale que l'on veut porter à douze clubs et une seconde division qui ne compte jusque- là que quatre clubs ! Comment dans ces conditions gérer un sport dont la base pyramidale s'effrite et pour lequel ses gestionnaires ne semblent pas pressés de trouver une solution en amorçant un plan d'action régénérateur ? Comment mettre en place un plan d'action alors que la fédération ne possède pas de directeur technique et que tout se passe en tout empirisme ? Nous sommes loin des temps où un Belkhouja défonce les portes et défend bec et ongles « son » sport. L'élan freiné ! Une fois l'élan donné par ceux qui lui ont succédé est arrivé à bout, c'est du n'importe quoi. C'est ainsi que nos filles et nos garçons sont battus par des pays qui ne possèdent aucune tradition en volley-ball mais qui ont travaillé durement et mis en place des actions de promotion pour ce sport. Chez nous, nous entendons parler de «tournois des plages» c'est comme si ce sport était devenu une simple et banale activité de loisir pour passer un bon après-midi estival au bord de la mer. Les jeunes, leur formation, leurs compétitions, leur encadrement, leurs sélections ? Motus et bouche cousue. Lorsqu'un sport descend si bas, lorsque pour procéder à une sélection de jeunes, on demande aux clubs d'envoyer leurs « meilleurs » éléments pour constituer une sélection, on ne peut plus affirmer que cela va très bien et qu'un résultat contraire est le fait d'un accident de parcours. Mais dans tout cela, où est la tutelle ? Comment le ministère des Sports se permet-il de laisser une discipline aussi importante, qui a son histoire et ses traditions, végéter et sur le point de devenir une simple activité de loisirs ? Ces «résultats» que l'on glane de temps à autre par l'entremise de l'équipe «senior», qui est en fait devenue un groupe de joueurs surentraînés et qui ne possèdent aucune assise sportive pour assurer la pérennisation de la discipline, ne sert absolument à rien. Ces entraîneurs étrangers pour lesquels on dépense de l'argent ne s'imposent pas, alors que la base est complètement hors du coup, dépassée par l'histoire et oubliée de Dieu et du monde. Le volley-ball tunisien est en perdition. Messieurs, réveillez-vous. Un sport se juge à partir de ce qu'il possède au niveau de la richesse de sa base. Prenez l'exemple du handball qui se régénère au rythme que lui imposent les départs des joueurs à l'étranger (combien y a-t-il de volleyeurs opérant à l'étranger ?), à celui des blessures et des mises à l'écart parfois de ses meilleurs éléments. Le volley-ball est capable de faire la même chose à la condition de lui donner les moyens, de retourner aux sources (le milieu scolaire), de motiver les clubs, d'inciter les régions à la création de nouvelles sections, et de concevoir un plan d'action à même de consolider sa base. Avec cette poignée de joueurs, d'équipes, et avec tout le respect que l'on doit pour celles qui sont en place, nous ne pouvons pas aller bien loin.