L'équipe de Tunisie est passée à côté du sujet lors de la 17ème édition du championnat d'Afrique des Nations disputée à Tétouan en terminant à une peu enviable 5ème place. C'est une piteuse 5ème place qui ponctue la participation de l'équipe nationale de volley-ball au XVIIème championnat d'Afrique des Nations. Une dégringolade qui fait très mal à ce sport en mal de tout et qui n'avait certainement pas besoin d'une telle débandade car l'équipe de Tunisie senior a toujours été une sorte de locomotive pour cette discipline qui ne draine plus les foules et qui vivote. Le nombre de licenciés et d'associations qui s'adonnent à ce sport le prouve. Seize à dix-sept associations et quelques centaines de pratiquants. Les chiffres sont là pour expliquer cette dégringolade somme toute prévisible. Il faudrait toutefois préciser que nous ne nous attendions pas à voir le « six » national quitter prématurément la compétition et ne pas se qualifier pour les demi-finales. Une première pour le volley-ball tunisien qui se retrouve derrière l'Egypte, l'Algérie, le Cameroun et le Maroc. C'est un revers qui remet en question beaucoup de choses, à commencer par la qualité de cette équipe nationale et le travail accompli par Basic qui est aux commandes depuis un peu plus d'un an. Il va sans dire que cette 5ème place nous prive d'une coupe du monde qui aura lieu dans un mois au Japon et des éliminatoires de la Ligue mondiale 2011... Deux personnes ont bien voulu nous donner leurs impressions après ce fiasco. Il s'agit de Foued Kammoun, actuellement à la tête du Club Sportif Sfaxien et Raouf Dâaloul vice-président de l'ES Sahel et président de la section volleyball depuis plus de dix ans. Même si leurs points de vue sont différents, ils sont toutefois d'accord sur un point. Pour nos deux interlocuteurs, c'était dans l'air...Ils s'expliquent:
« Des jeunes mal préparés » La cinquième place ne surprend guère Foued Kammoun. « La Tunisie termine en cinquième position le XVIIème championnat d'Afrique des Nations, je pense qu'il fallait s'y attendre. La FTVB a misé sur les jeunes sans pour autant les préparer. Depuis l'an 2000, j'avais déjà insisté sur la façon de faire. Jacob qui a misé sur un noyau de sept joueurs et en oubliant tous les autres. J'avais attitré l'attention des responsables sur les conséquences de cette méthode mais à l'époque, on m'avait taxé de pessimiste. Maintenant, les résultats sont là. On n'a rien fait pour assurer une bonne relève. Du temps de Jacob, les mêmes joueurs prenaient part à toutes les compétitions qu'elles soient officielles ou amicales avec à l'arrivée une équipe sans vécu et sans grandes expérience des compétitions continentales. Il fallait penser à préserver notre hégémonie sur le plan continental en donnant la possibilité aux jeunes de prendre part à des tournois de moindre envergure. Pour le championnat d'Afrique, il fallait des joueurs d'un autre acabit. Lors de ce championnat d'Afrique, le groupe a montré certaines limites sur le plan techniques et mental. Face à l'Algérie, nous fûmes, à la limite, ridicules. Personnellement, je respecte le travail effectué au sein de la FTVB et la DTN. Nous sommes tous impliqués par cette équipe nationale et je pense qu'il est important pour nous d'être les meilleurs sur le plan continental. Ceci ne peut être possible qu'avec des joueurs expérimentés et d'un certain niveau technique. On a mis à l'écart des joueurs comme Hfaïedh, fehri, Guidara et Ghezal sous prétexte qu'ils ne veulent plus porter le maillot national. Il aurait fallu leurs rappeler que c'est la FTVB qui leurs permet de jouer à l'étranger et de devenir professionnels. En outre, c'est l'équipe nationale qui leurs a permis de se faire connaitre sur le plan international. La limite d'âge est un faux prétexte. A titre d'exemple l'Italie qui compte dans ses rangs des éléments qui ont largement dépassé la trentaine mais ces derniers ne prennent pas part à tous les tournois. Les jeunes et les remplaçants sont convoqués pour les compétitions de moindre envergure pour leurs permettre de s'aguerrir. En Tunisie, Hfaïedh et compagnie aurait dû aider sans avoir à subir des stages de cinq mois et puis qu'on se le dise, c'est leur devoir de porter le maillot national. Je terminerai par dire que le talent manque à cette équipe nationale car les clubs n'ont pas travaillé comme il le fallait. En des termes beaucoup plus simples, c'est une équipe composée de joueurs qui n'ont pas les moyens techniques pour faire mieux... »
« Mauvais coaching... » Pour Raouf Daâloul, « c'est la première fois que le volley-ball tunisien n'atteint pas les demi-finales d'un championnat d'Afrique. Les indices pour une pareille dégringolade étaient là avec un tournoi qualificatif au championnat du monde approximatif quelques jours avant la compétition continentale. Nous ne pouvons imputer cette mauvaise prestation à la préparation qui fut bonne. Personnellement, je me pose des questions sur la qualité de la préparation mentale et de l'apport de Basic, pourtant en place depuis un an. Je n'arrive pas à comprendre les raisons de cette débâcle. J'estime qu'il faut revoir certaines choses et si j'ai un reproche à faire à Basic, c'est celui de ne pas avoir fait les changements qui s'imposaient surtout face à l'Algérie qui s'est bien préparée avant de nous donner la réplique. Les Algériens ont su museler Marouène Garci qui était le plus en vue depuis le début de la compétition. Il fallait le sortir pour surprendre l'adversaire et donner la possibilité au joueur de reprendre sur le plan psychologique après avoir été contré plus d'une fois. Sinon, c'est une équipe qui ne fait pas mal. En outre, certains joueurs furent en deçà des attentes à l'instar de Jouini en qui je ne crois pas beaucoup et Lyès Karamosli qui fut en demi-teinte. Ceci m'amène à parler de beaucoup de choses et surtout du retour de Khaled Belaïd qui soit dit en passant est un joueur qui a fait ses preuves mais j'estime qu'il ne fallait pas regarder dans le rétroviseur car cela ne nous mènera nulle part. D'ailleurs, les résultats sont là pour le confirmer. Enfin, si nous en sommes arrivés à cette situation, c'est tout simplement parce que le volley-ball n'est plus populaire et la promotion manque terriblement. Il faut impérativement élargir la base et ce n'est que de cette qu'on arrivera à redorer le blason de l'équipe nationale sur le plan continental. Avec seulement seize à dix-sept associations qui s'adonnent à ce sport, il nous désormais difficile de prétendre à mieux.