Par Kamel GHATTAS Il y a quelques semaines, c'était le président du Club Africain qui était ciblé et on a même préparé un «Comité de direction» devant prendre la relève pour tenir les rênes du Club. Cette initiative est tombée à l'eau et on n'entend plus parler de cette fronde mais c'est le club qui en a subi les conséquences. Maintenant que les Clubistes traversent une période positive qui pourrait s'accentuer à travers de nouvelles performances, il faudrait revenir au passé récent pour se poser des questions à propos du départ du président (qui ne nous concerne en rien et qui ne nous regarde nullement). Au cours de la semaine écoulée, on a ressenti les effets des erreurs commises lors des recrutements par l'Etoile qui a été sommée de payer une très forte somme d'argent pour un joueur qui n'a pas joué et que l'on a recruté en bonne et due forme, mais inutilement. C'est la règle, et nous avons compris que c'est encore au président de s'acquitter de cet argent, puisqu'il est presque le seul pourvoyeur aux besoins d'une association omnisport de l'envergure de l'Etoile. Cette semaine, et après le match perdu et l'élimination contre Al Ahly, c'est au tour du président de l'Espérance de secouer ceux qui croient que la direction d'un club voulant jouer les premiers rôles est un jeu d'enfant et que les moyens dont il faudrait disposer n'ont rien de virtuel. Dans un football professionnel qui évolue dans un monde fonctionnant selon les règles d'un amateurisme sidérant et biscornu où agissements, réactions et règlements sont flous et extrêmement mal adaptés, le départ d'une cheville ouvrière couplé à un pourvoyeur de fonds est une véritable catastrophe. La frilosité de nos plus grandes équipes est mise à nu à la première secousse faute d'assises solides et d'organisation adéquate basée sur une réglementation claire et explicite. Inutile de rappeler que le Département des Sports dort du sommeil du juste pour tout ce qui concerne la mise en place de ce professionnalisme tant et inutilement décrié qui n'en est pas un et qui, au fil des saisons, devient un gouffre sans fond et un handicap pour une évolution normale du sport national. Parce que tout simplement un titre régional, continental, olympique ou même mondial ne signifie absolument rien, lorsqu'il s'agit de dire si oui ou non la population tunisienne est «sportive» ou pas. Un rapide calcul débouchera sur une réponse et des statistiques ridicules. Nos champions sont pour la plupart issus de quelques centres de formation insuffisamment pourvus ou de générations spontanées et doivent tout à leurs qualités exceptionnelles et aux remarquables performances réalisées sur la scène internationale. Tous les techniciens qui ont été produits par nos écoles de formation, dont beaucoup trouvent leur bonheur à l'étranger ainsi que ceux qui sont passés chez nous ont confirmé le fait que les Tunisiennes et Tunisiens sont capables de se classer, dans bien des disciplines, parmi les meilleurs du monde. Il suffit d'organiser notre sport et de lui fournir les moyens. L'organisation ne peut émaner que d'une décision politique. L'Etat providence c'est fini dans tous les domaines. Le pays a bien d'autres préoccupations pour se mettre au service de joueurs surpayés et des dirigeants qui fonctionnent à l'humeur. Les investissements (infrastructures, matériels, équipements, services et assistance médicale et autres), ne devaient être faits que dans les milieux scolaires, universitaires, les corps constitués (police, garde nationale et armée), pour le sport amateur et les équipes nationales. Doter ces institutions d'une infrastructure adéquate et de moyens substantiels, permettra la prise en charge de prés de deux millions de jeunes filles et garçons, fera appel à des milliers d'enseignants et d'entraîneurs, résorbera le chômage et détournera toute cette masse de jeunes, des cafés, de la rue et de bien des tentations. Nous payons actuellement ce vide terrible et destructeur, que nos jeunes une fois qu'ils se sentent capables de se prendre en charge, convertissent en décisions parfois insensées, qui ébranlent le socle de leur propre famille ainsi que celui de la société toute entière. Aux cotés de la culture, le sport est un facteur de fixation à prendre en compte pour reprendre en main cette jeunesse, à l'effet de canaliser ses ambitions et ses capacités créatrices. Pour le sport professionnel, dont le fonctionnement n'a rien à voir avec ce qui se fait actuellement, il est urgent de réagir. Cela fait des années déjà qu'on a promis de réglementer et de mettre en place les garde-fous ainsi que les structures répondant aux besoins d'une activité en pleine expansion et qui d'année en année évolue techniquement, scientifiquement et méthodologiquement. On continue à se focaliser sur les titres et les médailles et on oublie l'essentiel. Il n'y a aucune raison d'entretenir des équipes elles mêmes mal structurées et mal organisées, sous le couvert d'un professionnalisme primaire qui ne mène nulle part. Les hommes providentiels ne se rencontrent pas à tous les coins de rue. Les tentations, oui !