«C'est rageant, car je pense qu'on était dans les tons mais pas dans les temps ». Ce propos lancé par un observateur résume à lui seul l'aventure clubiste vécue du côté de Gabès. Un CA qui n'a pas concédé beaucoup d'espaces, maîtrisant son sujet, monopolisant le ballon, dictant le tempo, sans pour autant faire preuve de clairvoyance dans la zone de vérité. Le CA a donc été battu par le SG dans son fief. Une défaite cuisante qui ne devrait toutefois pas laisser place à l'amertume. En clair, le CA ne doit pas sombrer dans le fatalisme. Maintenant, il faut continuer. Ce n'est pas terminé. Ça vient juste de commencer ! Une réaction rapide serait donc souhaitable pour ne pas tirer rapidement une croix sur les ambitions clubistes. Bref, les prochaines échéances seront aussi palpitantes que dangereuses. Au CA de relever la tête et de retrouver confiance et prestance. La saison passée, on s'en rappelle, il a suffi d'un regain de convictions pour que le CA surfe de nouveau sur la confiance grattée au fil des matchs gagnés. Le résultat a été au-delà des espérances avec un trophée de Coupe glané méritoirement et une seconde place au classement synonyme de participation à la C1. L'on se rappelle aussi qu'en milieu de saison, le CA ramait dans le magma du classement. C'est dire que l'impossible n'est pas clubiste, même si l'effectif n'était pas le même que celui en place actuellement. Il faut maintenant persévérer, corriger ce qui doit l'être, soigner le placement et le replacement. Répéter ses gammes offensives à l'entraînement et optimiser certains choix, précisément en attaque. A Gabès, il s'en est fallu de peu pour que le CA ouvre le score. Le groupe à Jose Riga n'a nullement été gobé physiquement. Loin de là. Sauf que le carré offensif n'a pas décollé de ses positions la plupart du temps. Pourtant, le SG semblait attentiste. Or, le CA aurait dû en profiter pour se montrer digne de son statut d'outsider de la compétition, pour montrer ce qu'il a dans le ventre. Ce genre de match se négocie avec les tripes et non la fleur au fusil. L'une des particularités du CA d'antan a trait à son caractère et à son implication d'ensemble. Un CA qui ne desserre pas les mâchoires, avançant aux tripes et à l'audace. Voilà comment valider son début de saison, quel que soit le résultat. Sassrako fait jaser dans les chaumières ! Le CA est un club sanguin et populaire. Il est scruté sous tous les angles, décortiqué en long et en large. Il est donc attendu que ses premières prestations insipides fassent le bonheur de certains, chauffés à blanc par certains consultants qui moquent très vite son inefficacité devant le but, mais aussi sa gestuelle, peu académique, faisant fi de sa précédente bonne saison: «Sassrako? C'est juste pas possible, c'est juste Philippe Agoussi en moins bon» ! «C'est un joueur de seconde division de district! Il a les pieds carrés» ! Assez de critiques, même si les analyses des détracteurs ont une part de vérité. Pour certains, ce sont des analyses à l'emporte-pièce quand on sait que le joueur en question est précédé d'une solide réputation de buteur. De plus, ce genre de joueur peut facilement mettre un certain temps à s'adapter au contexte clubiste. Cela dit, en attendant qu'il s'intègre et s'épanouisse, Sassrako ne manque actuellement pas de déclencher plus d'un écart verbal de la part des observateurs clubistes. Et maintenant, toujours volet attaque, suite au départ de Saber Khelifa, avec cette pénurie d'avants au CA, Jose Riga aura sans doute du mal à rendre son équipe compétitive sur la durée, et dans toutes les compétitions qui figurent au programme de l'année. En ce moment même, il n'a plus qu'à espérer que son ossature en place ait toutes les compétences requises pour permettre au CA de franchir ce palier. Cependant, il ne faut pas être hanté par l'obligation de plaire. Les joueurs sont certes animés d'une grande détermination de vaincre, accompagnée néanmoins d'excès de précipitation pour gagner. Mais s'ils veulent toucher au but, ils doivent s'armer d'humilité et de sérénité. A Gabès, le rythme sur lequel s'est jouée la partie face au SG était bien élevé. La pression exercée par le CA a donné lieu à un engagement physique appuyé et une dépense d'énergie sans retenue. Sauf que s'ils n'ont pas cessé de courir, les joueurs clubistes devront, entre autres, bien gérer leurs ressources physiques à l'avenir.