Par Jalel Mestiri L'heure est venue pour se poser de bonnes questions. A-t-on vraiment les moyens et les hommes pour assurer la bonne formation de nos joueurs ? Nos jeunes joueurs qui évoluent soit dans l'élite, soit dans les clubs peuvent-ils vraiment briller sous la houlette des responsables techniques et des entraîneurs choisis? La relève est-elle prête? Le constat apporte un début de réponse : les sélections des jeunes sont aujourd'hui dans l'inhabilité de s'imposer face aux adversaires qu'il faut. Leur parcours est d'une pauvreté désobligeante. Que ce soit dans les clubs ou dans les équipes nationales, l'on s'indigne d'une formation en manque d'inspiration. A aucun moment, en tout cas, l'on ne donne l'impression de pouvoir se réhabiliter. Chaque fois où le décollage était annoncé, l'on subit un coup d'arrêt, devenu à la longue habituel. Le football tunisien a lâché ses fondamentaux. Ses premiers responsables techniques ont commis l'énorme erreur de penser que l'impératif du résultat entraîne des obligations dans la formation et dans le travail quotidien. L'absence de stratégie et de programmes bien élaborés ne peut en aucun cas être un phénomène naturel. Elle résulte des effets conjugués de connaissances insuffisantes, de modalités et de stratégies mal pensées. L'on remarquera en passant qu'on ne fait pas disparaître magiquement les réalités auxquelles correspondent certaines habitudes dans le travail au niveau des jeunes. En l'absence de stratégies et de travail de fond, le risque de l'assèchement de tout le football tunisien est réel, tout comme la menace de s'égarer sur un terrain glissant. Les hommes vont, les hommes viennent et les clubs sont dans l'incapacité de faire valoir une vision et un projet de travail valables en matière de formation. Pour les observateurs avertis, rien n'a changé. Les promesses de chaque nouvelle équipe dirigeante ne dépassent pas le stade des paroles et les temps des élections. Les travers sont toujours les mêmes. C'est dire à quel point on aurait besoin aujourd'hui d'éveiller la passion de ceux qui croient toujours au travail qui doit s'accomplir au niveau des jeunes. De tout temps, l'on ne cesse de parler de reconstruction. De réédification. De rétablissement de valeur. Mais l'on n'arrive pas toujours à faire face aux exigences du quotidien. Donc pas de changement, et encore moins de progrès, surtout tant que les plaies restent toujours ouvertes. Tant que l'inaptitude de la plupart des techniciens, mais aussi et surtout de beaucoup de responsables, les empêchent de se fondre dans un cadre défini et d'en façonner les règles. On imagine ainsi le gâchis causé par un tel manquement. Une chose est cependant sûre: dans le contexte actuel, la réhabilitation de la formation des jeunes n'est pas pour autant facile. On n'évolue pas dans la facilité. Les contraintes surgissent de toutes parts et dans des clubs qui sont plus que des équipes, et dans lesquels il faudrait certainement être plus qu'un entraîneur, plus qu'un responsable !... Cette situation nous amène à constater que les insignifiances et les dérives ne sont plus une affaire marginale au sein des sélections et des clubs, qui concerne des techniciens qui n'arrivent pas à se rendre utiles, et dont le mode de comportement et de travail fait ainsi système. L'autre versant du manque d'évolution de ces sélections réside dans la transformation du football des jeunes et de son élite en une activité sur fond d'abandon progressif des grands principes, des orientations et de la cohérence au profit des approches, où n'interviennent depuis de longues années que les intrus et les inopportuns sur des projets qui ne prennent pas en considération la réalité du football tunisien, ainsi que les exigences relatives au haut niveau. Chose qui a conduit à faire une élite qui se plie à toutes sortes de pratiques étrangères aux champs des compétences et des valeurs sûres.