Le 1er octobre 1985, il y a maintenant 33 ans, l'armée israélienne bombardait le quartier général de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) installé à Hammam-Chatt, dans la banlieue sud de la capitale. L'objectif de l'armée israélienne était on ne peut plus clair : assassiner Yasser Arafat, le leader de l'OLP. Sauf que l'opération sioniste s'est soldée par un échec cuisant : Arafat a échappé à la mort, lui et ses principaux collaborateurs comme Abou Iyad, Abou Jihad et Farouk Kaddoumi. On assure, en effet, qu'il a décidé, à la dernière minute, de ne pas passer la nuit dans les appartements qui lui étaient réservés au quartier général de l'OLP à Hammam-Chatt. Et ce fut un grand scandale : comment Israël a-t-il osé bombarder un pays arabe connu pour sa modération et ses positions pondérées et en prime considéré dans la région maghrébine comme l'un des amis les plus sûrs des USA, le protecteur n°1 de l'entité sioniste ? S'est posée également la question suivante : les Etats-Unis allaient-ils opposer leur véto à la résolution de l'ONU exigée par la Tunisie pour dénoncer l'agression israélienne ? L'on se rappelle toujours la grande colère manifestée par le leader Habib Bourguiba qui a menacé ouvertement l'ambassadeur américain à Tunis de rompre les relations diplomatiques avec Washington au cas où l'administration américaine utiliserait son droit de véto au Conseil de sécurité pour bloquer la résolution onusienne condamnant l'agression israélienne. Les Tunisiens et les Tunisiennes se rappellent encore l'atmosphère électrique dans laquelle s'est déroulée la rencontre du Combattant Suprême avec le diplomate géant Pelletrau Junior que Bourguiba a obligé à rester debout tout au long de l'entrevue. Et l'on se rappelle encore la grande victoire réalisée par la diplomatie tunisienne au Conseil de sécurité où la Tunisie est parvenue à imposer une résolution condamnant Israël et à obliger Washington à s'abstenir, un comportement qu'elle observait pour la première fois depuis des années. Et la victoire tunisienne avait deux pères illustres. D'abord, le leader Habib Bourguiba dont la voix était écoutée sur le plan international et qui a réussi par sa sagesse et son charisme à faire de la Tunisie un interlocuteur de premier ordre dans les instances internationales dont en premier lieu l'ONU où plusieurs pays attendaient que la Tunisie s'exprime pour arrêter leurs positions. Ensuite, Béji Caïd Essebsi, qui conduisait à l'époque la diplomatie tunisienne en tant que ministre des Affaires étrangères et qui s'est déplacé en personne à New York pour diriger la campagne diplomatique tunisienne couronnée par la condamnation d'Israël. A.D.