Le concert du Trio Bollywood donné avant-hier à la Cité de la culture, offrait des sons plus que des musiques, des couleurs plus que des images et des rythmes qui s'enchaînent sans jamais se lasser ni se casser… Le concert du Trio Bollywood a débuté avec une bonne heure de retard provoquant la colère d'un grand nombre de spectateurs. Il s'agit du deuxième retard lors de cette édition des JMC qui est probablement dû à un problème d'organisation par rapport aux horaires des nombreux spectacles en compétition qui précèdent chaque jour les concerts pour grand public qui, eux, arrivent en fin de soirée et débutent normalement à 22h00. Cependant, le public n'a pas boudé son plaisir, c'est qu'il fut très vite amadoué par le spectacle du Trio indien placé sous le signe de la découverte et de l'exotisme. On sait que ce sont des musiciens émérites et des chercheurs dans l'art de tirer des sons toute une philosophie. Le rythme ici est roi, qui ne cherche pas à mener vers un climax comme dans les tambours japonais ou les percussions africaines, mais se déploie comme un train aux innombrables wagons. Impossible de l'attraper, mais facile de l'admirer. Chaque instrumentiste s'empare d'un thème, ou plutôt d'une impulsion, et la lance en l'air avec mille variantes. Des sons plus que des musiques, des couleurs plus que des images, ont tourné dans l'air du soir, des rythmes se sont enchaînés sans jamais se lasser ni se casser. Des chansons indiennes s'enchaînent aux rythmes de la tabla, de l'harmonium, du nay et du târ. Des instruments typiques aussi intrigants les uns que les autres. Ils chantaient l'amour, le soufisme, et nombre d'éléments de la société indienne qui échappe au spectateur étranger. La deuxième partie du concert a été marquée par la prestation du jeune soliste indien qui a embarqué les spectateurs présents dans un «hindi-teckno» original. Il s'agit d'un virtuose des percussions. Un véritable phénomène aux multiples performances. Il joue à la tabla avec une grande dextérité. «J'ai voulu inventer quelque chose, une nouvelle identité». Ses musiques s'inspirent cependant de la musique classique indienne qu'il a apprise chez lui, avec son père, raconte le jeune homme dans la langue de Molière, «Je joue des morceaux traditionnels indiens entrecoupés de longs tempos musicaux occidentaux, je l'ai appelé le beatbox», explique-t-il au public. Et c'est à ce moment-là qu'il commence son show exceptionnel. Il enchaîne les rythmes en créant une multitude de sons avec sa bouche donnant la pleine puissance de son inspiration électrique, au service de sonorités indiennes, voire moyen-orientales. C'était un numéro témoignant d'une grande prouesse technique donnant lieu à un mariage musical réussi entre chants traditionnels et rythmes hip-hop et électro. Ensemble ou en solo, les musiciens nous ont permis de voyager à travers leur pays en explorant la spécificité et la musique traditionnelle de chaque lieu. On découvre alors une musique riche, chaude, et d'une énergie vibrante, avec une abondance incroyable de rythmes qui puisent leur originalité dans les racines profondes d'une culture millénaire. De quoi ravir un parterre déjà conquis dès la première note !