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Le prodigieux destin de l'enfant de Djerba
In memoriam — Mohamed Ben Smail (1927-2018)
Publié dans La Presse de Tunisie le 09 - 10 - 2018

Samedi dernier à la Cinémathèque de Tunis, un hommage a été rendu par sa famille à Mohamed Ben Smail, éditeur et pionnier prolifique. Un moment fort, qui a ravivé le temps d'une interview avec lui.
«J'ai marché pieds nus dans les sentiers caillouteux de l'île. Je me suis nourri d'orge et d'huile d'olive. J'ai fait mes études primaires dans une école située à trois kilomètres de chez moi, où je me rendais quotidiennement, par tout temps, à pied bien sûr. Je suis un prototype du simple paysan djerbien fidèle aux origines…».
Juillet 1995… Assis dans son bureau de Cérès Editions, Mohamed Ben Smail ressuscitait des souvenirs. Avec ce ton de l'évidente sincérité qui lui est propre, il évoquait son île natale lors d'une interview réalisée avec lui pour La Presse Magazine sur Djerba et ses patrimoines. Il venait alors de créer, avec un groupe d'amis, l'Association, «Djerba Mémoire». Personnage charismatique, il installe tout de suite un climat de confiance et d'échange basé sur la bienveillance avec son interlocuteur. L'écouter…un régal.
Sur son île natale, il confiait : «Djerba, c'est la nostalgie profonde et permanente, teintée du regret de ne pas, de ne plus la visiter aussi souvent que je le voudrais…C'est ce reproche permanent que je me fais. Mais le temps passe vite et Djerba a le tort d'être loin… »
Un propos clair comme une eau cristalline
Je suis sortie de l'entretien, qui n'aura pourtant pas duré plus qu'une heure, avec le sentiment d'avoir toujours connu l'homme. L'impression aussi d'avoir renoué un lien privilégié avec un grand-père tant aimé et récemment disparu, chez qui également le bonheur de l'expression allait de pair avec une prodigieuse culture. Une rencontre marquante pour la jeune intervieweuse que j'étais. D'autant plus que Si Mohamed s'est avéré un «client» de rêve pour un journaliste. Son propos, finement ciselé et clair comme une eau cristalline, s'habille au fil des mots de précision, de rigueur et d'élégance. Aucune fioriture, aucun surplus ne traversent son verbe. Une aubaine pour le journaliste : les réponses déjà tellement bien écrites, ponctuées par l'émotion, ne demandent aucune intervention !
A la découverte de textes confidentiels
Grâce à l'hommage qui lui a été rendu samedi dernier à la Cinémathèque par sa famille et notamment par son fils Karim Ben Smail, actuel directeur de Cérès Editions, maison fondée par le père en 1964, nous découvrons que ce don du mot juste, Mohamed Ben Smail l'a acquis dès ses premières années de jeunesse. Ses textes poétiques en français et en arabe, sélectionnées et lus par la voix grave et voilée d'émotions de Samy Menif, directeur de Cérès Editions, lors de la cérémonie, qui a rassemblé un large public d'intellectuels, de personnalités politiques et d'auteurs de Cérès, l'attestent.
C'est un MBS quasi confidentiel qui se dévoile. Beaucoup plus connu comme à la fois excellent éditorialiste et reporter à L'Action, à Afrique Action et puis à Jeune Afrique, qu'il fonde avec son ami Bechir Ben Yahmed, très peu de personnes savent qu'il était aussi maître des rimes : «Quand ça allait mal pour lui ou pour son pays», précise Samy Menif.
Un goût des lettres qui a probablement mené à la voie de l'édition, l'univers auquel MBS a consacré la majorité de sa carrière, repérant des potentiels et défrichant des talents d'essayistes, de romanciers, de poètes, de photographes, de maquettistes sur plusieurs décennies, en Tunisie et dans tout le Maghreb.
Mais l'homme, dont la trajectoire se confond avec la construction de la Tunisie post-Indépendance, où tout était à construire, a marqué d'autres domaines.
Un bâtisseur de la Tunisie moderne
D'abord le tourisme : de 1959 à 1963, lorsque Bourguiba décide de le nommer en tant que premier directeur général du tourisme et P.-d.g. de la toute nouvelle Shtt (Société hôtelière et touristique de Tunisie). Ensuite, le sport, son autre passion, puisqu'il préside, de 1963 à 1968, l'Espérance Sportive de Tunis et lance en 1982 «Tunis Open», premier tournoi de tennis professionnel au Maghreb. Et plus encore : les médias et la communication. Premier producteur de films documentaires de la Tunisie indépendante au début des années 60, il va quelques années plus tard diriger de 1970 à 1971 la Radio Télévision tunisienne (RTT). Ses collaborateurs de l'époque se souviennent de ce directeur hors normes qui fait souffler sur le 71, avenue de la Liberté, malgré le contexte autoritaire, un vent de liberté d'expression inédit. Il démissionnera quand sa hiérarchie remet en cause ses choix de gestion de l'information.
Au début allié à Ben Ali, qui le charge de présider le premier Conseil supérieur de la communication entre 1989 et 1992, il prendra au fil des années ses distances avec le régime en contestant son système de propagande et sa politique liberticide. Huit contrôles fiscaux vont alors l'attendre au tournant, dont il se relèvera la tête haute, comme toujours.
Par petites touches, le portrait de ce visionnaire peu médiatisé qu'est Mohamed Ben Smail a été esquissé samedi dernier par son petit-fils Youssef Ben Smail, qui évoquera «les leçons de vie du petit déjeuner avec mon grand-père», ses amis, Moncef Barouni de «Djerba Mémoire», l'éditeur Afif Ben Yedder, l'hôtelier Mounir Ben Miled, le sportif Aziz Zouhir, la militante des droits humains Khadija Cherif, son ancien collaborateur Moncef Guellaty, l'universitaire Abd El Aziz Kacem... Les évocations semblent traversées d'un attachement qui se mêle par moments à la passion. Les souvenirs des uns et les anecdotes des autres ressuscitent le destin prodigieux d'un fils d'apprenti épicier, l'enfant de Djerba, qui marchait «pieds nus dans les sentiers caillouteux de l'île».


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