Des projets en cours de développement et d'autres à découvrir bientôt en Tunisie. La huitième édition du Festival du film arabe de Malmö touche à sa fin. On aura assisté à une compétition de longs et de courts métrages documentaires et de fiction, ainsi qu'un important programme consacré au marché des films, ou le «Maff Market forum». Il s'agit d'une plateforme faisant se rencontrer des projets de films portés par des réalisateurs et/ou producteurs arabes, avec des producteurs des pays nordiques. Pour les Tunisiens, si la compétition officielle ne ramène rien de nouveau, les films participants ayant déjà été projetés ou participé à des festivals dans notre pays («Benzine» de Sarra Abidi, «Papa Hedi» de Claire Belhassine, «Upon the shadow» de Nada Mezni Hfaïedh, «Aya» de Moufida Fedhila), à l'exception du court métrage «Black Mamba» de Amel Guellati, la nouveauté vient du côté de ce marché incubateur des projets filmiques arabes. Des Tunisiens étaient, en effet, dans la compétition, ainsi que dans les jurys. Pour la section «Développement», la compétition était ouverte entre 5 longs métrages, trois documentaires, et trois courts métrages. Parmi ces derniers, le projet de la Tunisienne Emna Najar «Worms will not know paradise» (Les vers ne connaîtront pas le paradis», produit par le Tunisien Néjib Ayed et le Suédois Leif Mohlin et qui a remporté le premier prix de 30 000 couronnes suédoises. Cette fiction écrite en 2016 est la troisième de la jeune réalisatrice. Elle est, en effet, l'auteure de «Miel amer» (2014), qui a participé à la compétition nationale des Journées cinématographiques de Carthage, et de «Valse de l'aube» (2018), qui sera au panorama du même festival cette année. Quant à «Les vers ne connaîtront pas le paradis», il explore la complexité de la psychologie des enfants à travers l'histoire d'un garçon orphelin de père, apprenti mécanicien et vivant avec sa mère dans un cimetière. «La mort l'entoure de toute part et il se sent mal dans cet environnement qu'il veut quitter», nous raconte Emna. Il croit trouver une échappatoire grâce à sa rencontre avec le critique de cinéma Hichem, mais l'histoire finit en drame… Inspirée d'un petit incident dont la réalisatrice a été témoin et qui l'a profondément touché, ce scénario en construction a été d'abord imaginé dans un cadre égyptien. «Après une période de détachement nécessaire de mes personnages, je les ai réincarnés dans un environnement tunisien», nous dit-elle. Le forum du festival du film arabe de Malmö est le premier auquel elle participe avec ce projet, qu'elle a également proposé à la commission d'aide du ministère tunisien des Affaires culturelles. Le jury de Malmö, composé de l'égyptienne Azza El Hosseini, du libanais Jad Abi Khalil et de la Tunisienne Kaouther Ben Hania, ont également récompensé les projets «Give up the ghost» de Zain Duraie (Jordanie) et «Everydayat 6 am» de Yasser El Shafiey (Egypte). Moins chanceuse, la Tunisienne Hiba Dhaouadi n'a pas figuré parmi les lauréats de la section «Post-production» du Market Forum. Elle porte pourtant l'ambitieux projet documentaire «Girls of the moon» (Les filles de la lune), produit par Nada Mezni Hfaïedh. Après une expérience d'assistante à la réalisation et le court métrage «Newlook» (2010), ce film en fin de post-production est son premier long métrage. Son avant-première aura lieu début novembre, nous informe la réalisatrice, et le public pourra peut-être le voir aux prochaines Journées cinématographiques de Carthage. Comme son nom l'indique, le film retrace le combat quotidien de trois femmes atteintes de Xerodermapigmentosum. «Mon personnage principal est Lamia, une enfant née avec cette condition. Je tente de retracer comment elle grandit avec cette maladie. Il en est de même pour les autres personnages, dont Sihem, peintre, qui incarne la révolte contre les préjugés sur sa maladie», raconte Hiba qui s'est concentré dans ce film sur ce qu'elles ressentent au quotidien dans leurs vies personnelles et en société. Avant Malmö, le film, dont le développement a commencé en 2012, est passé par plusieurs workshops et forums (workshop de développement Greehouse, prix du meilleur film d'une réalisatrice femme au fond Chicken and eggs pictures, Tribeca film market et le workshop de post-production du festival international du film de femmes du Caire). Il est également lauréat du Prix de la fondation Rambourg de l'édition 2016. A Malmö, le jury de la section post-production, tous genres confondus, composé de l'égyptien Abdallah Chami et la Palestinienne Layali Badra quand même récompensé un autre projet tunisien. Il s'agit du long métrage de fiction «Fataria» de Walid Tayaa, représenté pendant le festival par son producteur Richard Magnien, qui s'est vu attribuer un prix de la distribution offert par «Mad solutions». Selon sa fiche de présentation, l'action de «Fataria» est placée en 2004, pendant le sommet arabe, où les destins des personnages se croisent sans qu'ils ne se rencontrent vraiment. Chacun fait face à ses problèmes personnels dans une atmosphère frénétique et burlesque…