Hier, les négociateurs de l'Ugtt et du gouvernement se sont rencontrés dans le cadre de la commission 5+5 sans parvenir à la solution attendue. Les syndicalistes campent toujours sur leur position initiale. Cependant, la réunion demeure ouverte Hier, la commission bipartite 5+5 (composée de 5 négociateurs représentant le gouvernement et de 5 négociateurs au nom de l'Ugtt) est revenue au-devant de la scène nationale en tenant une réunion de dialogue qui intervient à la suite d'un silence qui dure depuis des mois. A l'ordre du jour de la rencontre : parvenir à un accord qui épargnerait au pays les deux grèves générales programmées par l'Ugtt, la première le 24 octobre dans le secteur public et la seconde le 22 novembre prochain dans la Fonction publique. La rencontre 5+5, tenue, hier, a été décidée lors de l'entrevue qui a groupé mercredi dernier le chef du gouvernements Youssef Chahed avec Noureddine Taboubi, SG de l'Ugtt. Et c'est bien le responsable syndical n°1 du pays qui a annoncé la tenue de la rencontre d'hier tout en précisant que «l'Ugtt est prête à négocier avec le gouvernement et que les deux grèves générales restent à l'ordre du jour au cas où les revendications de l'Ugtt ne seraient pas prises en considération par le gouvernement». Et ces revendications exprimées par les syndicalistes concernent précisément l'augmentation des salaires dans la Fonction et le secteur publics, d'une part, et l'annulation, d'autre part, par le gouvernement de son programme de privatisation des entreprises publiques dites en difficultés économiques ou au bord — pour certaines — de la faillite. Pour ce qui est des augmentations salariales, l'Ugtt exige que les majorations soient au moins identiques à celles accordées le 19 septembre dernier par les patrons aux salariés de leurs entreprises, soit 6,5% du salaire de base et des primes. Et les syndicalistes avancent qu'ils ont fait une concession historique dans la mesure où les indicateurs de l'inflation, de la cherté de la vie et de la dépréciation du dinar exigent une augmentation minimale de l'ordre de 10% en comparaison des majorations décidées en 2016. Sauf que le gouvernement se trouve sous les fortes pressions des finances publiques et des exigences des bailleurs de fonds internationaux dont en premier lieu le Fonds monétaire international qui conditionne l'accord de ses crédits à la Tunisie à la réduction ou au moins à la stabilisation de la masse salariale estimée à plus de 14% du produit intérieur brut. Quant aux entreprises publiques, l'Ugtt campe toujours sur sa position de rejet pur et simple de leur privatisation ou même de l'ouverture de leurs capitaux au secteur privé. Et pas plus tard que jeudi 18 octobre, Noureddine Taboubi, SG de l'Ugtt, a réaffirmé que «le secteur public est une ligne rouge et que les syndicalistes ne laisseront pas le gouvernement offrir au secteur privé les entreprises publiques qui ne sont pas déficitaires, contrairement aux déclarations des membres du gouvernement qui ont déjà préparé une liste de plus d'une centaine d'entreprises à brader à tout prix». Hier, les représentants du gouvernement et de l'Ugtt se sont rencontrés durant plus de six heures sans parvenir à une solution finale. Une source participant à la rencontre représentant la délégation gouvernementale confie à La Presse : «Les syndicalistes ont exigé un document écrit dans lequel le gouvernement s'engage à ne pas privatiser les entreprises publiques. En dépit des assurances que le projet de loi de finances 2019 ne prévoit pas de privatiser ces entreprises, ils ont campé sur leur position refusant de passer au deuxième point à l'ordre du jour de la rencontre relatif aux majorations salariales». «Finalement, ajoute la même source, il a été décidé que la réunion de la commission 5+5 demeure ouverte. La délégation gouvernementale a senti une certaine souplesse auprès des négociateurs de l'Ugtt qui ont souligné que la grève générale n'est pas une fin en soi et qu'ils sont prêts à l'annuler à condition que leurs revendications soient satisfaites».