Le secrétaire général de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), Noureddine Taboubi, a annoncé, à l'issue d'une rencontre tenue mercredi soir, avec le Chef du gouvernement, Youssef Chahed, la reprise du dialogue entre les deux parties dans le cadre de la commission bipartite 5+5, en vue de trouver un accord à même d'éviter les grèves prévue le 24 octobre dans la fonction publique et le 22 novembre dans la fonction publique. «Nous ne sommes accordés sur la tenue d'une réunion de la commission commune de négociations 5+5 pour trouver un accord sur les différents points en suspens», a-t-il déclaré. La commission 5+5 qui, regroupe cinq membres du gouvernement et autant de membres du Bureau exécutif de la centrale syndicale, devrait tenir sa première réunion aujourd'hui (vendredi) pour tenter de débloquer les négociations sociales dans le secteur public et débattre des moyens de restructuration des entreprises publiques loin de la logique de la privatisation à tout crin. Le secrétaire général adjoint et porte-parole de l'UGTT, Sami Tahri, a précisé de son côté que le chef du gouvernement s'est engagé à présenter ses propositions aux différentes revendications de l'UGTT, lors de la réunion de cette commission. Selon lui, une réunion de la commission administrative de l'UGTT se tiendra ensuite pour examiner les propositions du gouvernement et décider du maintien ou de l'annulation des grèves décrétés par l'organisation, en signe de protestation contre le blocage des négociations sociales et l'orientation du gouvernement vers la privatisation des entreprises publiques. Les négociations sociales dans le secteur public sont bloquées depuis plusieurs semaines en raison d'un désaccord entre le gouvernement et l'UGTT sur le taux des augmentations salariales au titre des années 2017, 2018 et 2019. L'UGTT propose dans ce cadre la prise en considération de plusieurs paramètres, dont le taux d'inflation, les taux de croissances prévues au cours des prochaines années et le glissement du dinar par rapport aux devises fortes (l'euro et le dollar essentiellement), qui a causé un renchérissement de produits importés. L'inflation tourne autour de 8%, soit presque le double du taux enregistré en 2015, et le dollar s'est déprécié d'environ 40% par rapport à l'euro, tandis que le taux de croissance du produit intérieur brut est sur une courbe ascendante. Compte tenu de ces indicateurs économiques, et pour limiter la détérioration continue du pouvoir d'achat des salariés des entreprises publiques et des fonctionnaires, l'organisation ouvrière réclame des augmentations identiques à celles convenues avec l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA). L'accord conclu le 19 septembre entre l'UGTT et l'UTICA prévoit des augmentations de 6,5% par an du salaire de base et des primes fixes au titre des années 2018 et 2019. Le gouvernement a, quant à lui, jusqu'ici évoqué les fortes pressions qui subissent les finances publiques en raison des coûts liés aux subventions des produits de base et des hydrocarbures, et la masse salariale qui dépassé 14 % du PIB, soit l'une des plus élevées au monde. En ce qui concerne la privatisation des entreprises publiques, l'UGTT refuse la cession des fleurons du secteur public au secteur privé et suggère, en contrepartie, la restructuration des entreprises publiques en difficulté et l'amélioration de leur gouvernance, tandis que le gouvernement s'attache à la privatisation de certaines entreprises évoluant ans des secteurs non-stratégiques.