Le choix du plan-séquence permet une bonne distance entre la caméra et les personnages, ce qui souligne le caractère naturel et la justesse du jeu des acteurs. Qu'est-ce qui pousse un enfant de 19 ans issu de la petite bourgeoisie à partir en Syrie? Comment peut-on comprendre le malaise existentiel qui touche une jeunesse tunisienne instruite ? Quelles sont les motivations qui poussent des adolescents sans histoire à chercher dans l'extrémisme l'essence même du bonheur ? De l'incompréhension et des interrogations posées par des parents anéantis par la perte d'un être cher... des interrogations auxquelles le film «Weldi» de Mohamed Ben Attia tente de trouver des réponses sans pour autant entrer dans le jugement ou le parti pris. Le film débute avec la scène de parents en détresse face aux migraines répétées de Sami, leur unique enfant. Sami (Zakaria Ben Ayed) accapare toute l'attention du couple qui cherche à assurer toutes les commodités pour sa réussite. Quand l'enfant disparaît en laissant un message à son père expliquant son départ en Syrie, la fissure du couple se met à nu. Face à l'absence de l'enfant, unique lien de communication d'un couple refroidi par le poids du quotidien, la caméra de Mohamed Ben Attia met en scène la douleur et l'incompréhension des parents : une douleur sourde et silencieuse pour la mère Nazli (Mouna Mejri) et une douleur révoltée pour le père Riadh (Mohamed Dhrif). Lors du débat qui a suivi la projection presse du film, jeudi, à la salle «Tahar-Cheriaâ», à la Cité de la culture, le réalisateur Mohamed Ben Attia a expliqué que le choix du plan-séquence permet une bonne distance entre la caméra et les personnages, ce qui souligne le caractère naturel et la justesse du jeu des acteurs. «Inspiré des histoires actuelles de parents partis rechercher leurs enfants en Syrie, mon film traite avant tout de cette quête du bonheur chez une jeunesse qui ne se contente plus du modèle parental traditionnel», a souligné Ben Attia. L'histoire de Sami est une histoire qui touche toutes les familles tunisiennes, a mentionné le réalisateur, en indiquant à titre d'exemple que dans la résidence des parents où a été tournée l'action du film 6 jeunes sont partis en Syrie. Au-delà de la problématique du fléau du terrorisme qui touche les jeunes, avec «Weldi», Mohamed Ben Attia dresse un portrait réaliste des relations du couple et des rêves de la jeunesse en quête d'un bonheur insaisissable dans une société régie par une misère affective, spirituelle et économique. Produit par Nomadis Film et porté à l'écran par Mohamed Dhrif, Mouna Mejri, Zakaria Ben Ayed, Imen Cherif, le film «Weldi» de Mohamed Ben Attia figure dans la sélection officielle des JCC 2018. La sortie nationale du film est prévue le 11 novembre.