L'ESS a scintillé à Casablanca face à l'ex-Mouloudia d'Alger pour mériter son premier titre africain L'Etoile Sportive du Sahel dans la cour des grands, cela ne fait pas l'ombre d'un doute. Au départ de Tunis, Mohamed Moôtemri, avec le sérieux qu'on lui connaît et son calme olympien, se contentait d'affirmer que l'Etoile dans une compétition qui regorgeait de clubs expérimentés, à l'instar d'Ezzamalek d'Egypte, du GSP d'Algérie, ou de Desportivo d'Angola, allait jouer les trouble-fêtes sans plus, et essayer d'acquérir davantage d'expérience à l'échelle continentale. L'entraîneur de l'Etoile cachait quelque chose dans ses propos. Il se faisait certes discret, mais au fond de lui-même, il était persuadé que son groupe pouvait atteindre les sommets. Les événements ne l'ont pas démenti. Au fil des rencontres, l'Etoile gagnait en assurance, et cette bande de jeunes commençait à se distinguer. Si les Sahéliens sont facilement venus à bout des Gabonais du Stade Mandji, des Burundais de Sonabel et de Ethiopian d'Ethiopie, la mission fut plus délicate contre le FAP du Cameroun. Les Camarades de Abdelhak Ben Salah ont dû se déployer à fond et s'adapter aux exigences du handball physique. Le point fort des joueurs étoilés est sans doute d'avoir assimilé rapidement les consignes et de s'être vite trempés dans les circonstances du match. Le grand défi Le premier tour passé avec bonheur, l'Etoile allait découvrir les choses sérieuses à partir du dernier carré. Eliminer leur adversaire de Skikda en demi-finale n'était pas chose aisée. Mais l'Etoile l'a fait et de belle manière. Depuis, Mohamed Moôtemri et ses joueurs ont commencé à rêver. Et c'était légitime de leur part. Ils étaient en finale de la Ligue africaine des champions. Un nouveau défi pointait à l'horizon, celui de détrôner le GSP, tenant du titre et ex-Mouloudia d'Alger, le fief des internationaux algériens. L'Etoile ne partait pas avec les faveurs du pronostic, loin de là. Les observateurs estimaient que le GSP n'allait faire qu'une bouchée de l'Etoile. Erreur, car on avait certainement mésestimé cette équipe sahélienne dont les ambitions grandissaient au fur et à mesure que la compétition avançait. Le jour de la finale, l'Etoile était bien fidèle au rendez-vous. Après une mi-temps achevée avec un but de retard (13-12), l'Etoile a su se ressaisir. Quand on sait que l'équipe était amputée des services d'un de ses joueurs de base, en l'occurrence Sami Yassine, retenu en sélection nationale pour la double confrontation face à la France, on ne peut que féliciter cette bande de jeunes d'avoir relevé le défi face à un ogre continental, l'ex-Mouloudia d'Alger. Mais l'Etoile a pu compter sur les services de son gardien international Majed Hamza qui a été d'un apport énorme pour son équipe. Auteur d'une belle prestation, tout comme les ailiers Aymen Toumi et Chahir Ben Zahra et le demi-centre Abdelhak Ben Salah, l'Etoile a bien mérité sa victoire, s'imposant par quatre buts d'écart (26-22). De nouvelles ambitions Aujourd'hui, les jeunes Etoilés, dont la majorité des joueurs est issue de la sélection nationale cadette, se découvrent de nouvelles ambitions. Après avoir remporté sa première Ligue des champions, l'Etoile aura l'honneur de disputer la Coupe du monde des clubs qui aura en principe lieu fin octobre 2011 aux Emirats Arabes Unis ou au Qatar, ces deux pays étant en concurrence pour l'organisation de cette joute mondiale. A vrai dire, le plus dur commence pour les Sahéliens. Ne dit-on pas que le plus difficile est de rester au sommet? Mohamed Moôtemri et ses jeunes loups savent désormais à quoi s'attendre. Ils sont devenus les joueurs ou l'équipe à battre. La parole aux champions Mohamed Moatamri (entraîneur de l'Etoile) : "Valeureux pour le handball tunisien" "C'est ma première consécration à la tête de l'équipe. C'est aussi le le premier titre remporté par l'Etoile cette saison. Ce sacre continental est très important pour le handball tunisien. Nous nous sommes bien préparés et n'avons rien laissé au hasard. Si l'équipe a pu arriver jusqu'au bout, c'est que les joueurs étaient fin prêts le jour J. Je ne considère pas la victoire en finale face à l'équipe algérienne de la Mouldia comme un exploit. Certes, notre adversaire en finale est expérimenté, mais nous avons fait un grand match. Par ailleurs, tous les matches du tournoi ont été difficiles. Atteindre la finale a été amplement mérité. Lorsqu'on est arrivé au bout de l'épreuve, on s'est dit que ce serait bien dommage de ne pas remporter le titre. Tous les joueurs se sont dépensés sans réserve pour l'emporter. Leur détermination et la rage de vaincre qui les a animés lors de la finale, leur a valu la consécration". Mohamed Tajouri : "Extraordinaire" "C'est un titre qu'on ajoute au palmarès de l'Etoile. Dieu merci, nous avons hissé haut les couleurs nationales. C'est quelque chose d'extraordinaire de remporter ce tournoi, avec un effectif composé essentiellement de jeunes joueurs et avec une moyenne d'âge de 22 ans. Personne ne nous donnait favoris, que ce soit durant le tournoi ou en finale". Abdelhak Ben Saleh : "Gérer match par match" "Nous avons débarqué à Casablanca confiants en nous-mêmes. Nous avons géré le tournoi match par match. Notre effectif est jeune, mais solidaire. C'est la première fois qu'un club tunisien obtient le droit d'aller au championnat du monde des clubs." Youssri Ghali : "Les jeunes assurent..." "Dieu merci, cette consécration, difficile soit-elle, est venue à point nommé. C'était difficile car nous avons disputé cette Coupe d'Afrique au début de la saison, alors que nous n'avons joué que cinq matches en championnat de Tunisie. L'effectif est formé de jeunes joueurs, mais qui développent un handball de belle facture, car aguerris en expérience. La plupart d'entre eux sont à leur troisième titre remporté. Ce qui nous fait plaisir, Mohamed Tajouri et moi-même, qui sont les joueurs les plus expérimentés du groupe, c'est que les jeunes ont démontré qu'ils ont soif de titres. Ça a fait un peu peur aux joueurs de savoir que 90% de l'ossature de l'équipe nationale algérienne est formée des joueurs de la Mouldia. Nous étions un peu stressés à la veille de la finale. Mais lorsque nous avons discuté ensemble, nous nous sommes dit que c'est finalement une confrontation de 7 contre 7. Nous avons abordé la finale avec l'esprit de tout à gagner, rien à perdre. Nous avons bien étudié le jeu de la Mouldia. C'est un sacre au goût particulier, car nous avons affronté une club à l'ossature d'une équipe nationale". Hamdi Aïssa : "Un exploit" "La moyenne d'âge de notre groupe varie entre 19 et 21 ans. Notre adversaire est composé de huit internationaux. C'est comme si une équipe junior a battu une sélection nationale, ce qui est un grand exploit en soi. Notre équipe compte dans ses rangs des joueurs qui promettent un avenir radieux". W.N.