Par Khaled TEBOURBI Longtemps nous en avons rêvé. Souvent sans raisons. Pendant que le cinéma et le théâtre confirmaient, tôt, leur visions culturelles, la musique, elle, se confinait dans la petite chanson. Résultat : les JCC naquirent, puis les JTC, mais de journées musicales il ne fut presque jamais question. Depuis le discours du Président Ben Ali, jeudi, à l'occasion de la journée nationale de la culture le rêve est devenu réalité : les JMC verront le jour. La satisfaction des gens de la musique est d'autant plus grande que la décision procède d'une volonté politique pleine. Le Chef de l'Etat offre à un secteur et à une profession, vivant un contexte économique difficile, une chance supplémentaire de faire face à leurs handicaps et de retrouver confiance et audience. La musique sous tous les aspects «Les journées musicales de Carthage suppléent, en principe, le festival de la chanson, devenu, depuis quatre saisons, festival de la musique. Si l'on s'en tient à la comparaison simple, oui, le vieux festival n'avait plus grand motif d'être. Usure ? sans doute. Erreurs : à coup sûr. Les toutes dernières sessions (avant la pause de 2009) furent, en tout cas, la goutte de trop : un théâtre municipal sens dessus dessous, caméras, câbles et grues obstruant salle et scène, des coulisses en foire d'empoigne, des médias permissifs, des candidats intempestifs… et pour parachever le tout, rien, absolument rien qui accrochât l'oreille : un vide créatif dangereusement persistant. L'idée des journées musicales va, cependant, plus loin que réparer une manifestation chancelante ou en mal de solutions. Elle vise, croyons-nous, à réhabiliter la musique tunisienne sous tous ses rapports, c'est-à-dire à la doter d'un événement susceptible de mettre en exergue (et en valeur) tout le potentiel dont elle dispose : vocal certes, mais aussi orchestral et instrumental. Ce que l'expérience du Festival de la chanson avait également omis c'est de souligner les deux autres dimensions majeures de la musique tunisienne : l'orientale, et la méditerranéenne. Les écoles classiques égyptienne, libanaise, et turque font partie de notre écoute depuis des siècles. Et la présence de l'opéra et de la musique symphonique est longue de plusieurs générations dans nos villes. Imaginons alors la richesse du contenu. Sans compter, bien sûr, les musiques du monde et les musiques jeunes qui font incontestablement partie de notre culture récente. C'est cela qui fait la pérennité d'un art et non pas de simples faits d'actualité. La décision du Président Ben Ali d'autoriser la création des «journées musicales de Carthage» participe précisément de cette conception historique de la culture : celle qui associe les œuvres à la qualité et à la consistance d'un projet.