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« Nous attendons de la Tunisie qu'elle poursuive son engagement dans le contrôle de ses frontières et dans le rapatriement des migrants irréguliers »
Interview du chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte
Publié dans La Presse de Tunisie le 02 - 11 - 2018

Le chef du gouvernement italien est attendu aujourd'hui à Tunis. Sa visite est la première dans un pays maghrébin après la formation du nouveau gouvernement italien
La Tunisie et l'Italie entretiennent des relations étroites depuis des millénaires, relations parfois difficiles et conflictuelles mais le plus souvent paisibles et complémentaires. Comment qualifiez-vous ces relations surtout après l'avènement de votre gouvernement ?
Les relations entre l'Italie et la Tunisie sont excellentes. La proximité géographique, les racines historiques, l'importance des échanges, le volume des investissements et les relations culturelles intenses font de l'Italie et de la Tunisie deux partenaires stratégiques, ayant également un destin commun ancré dans la Méditerranée. L'excellente qualité de nos relations fait que nous croyons beaucoup en la Tunisie même pour résoudre ensemble des scénarios de crise, tels que celui en Libye.
Certaines mesures concernant l'immigration, annoncées par votre ministre de l'Intérieur et vice-président du Conseil des ministres, l'onorevole Matteo Salvini, ont suscité des inquiétudes légitimes et profondes auprès de l'opinion et des responsables tunisiens. Pouvez-vous nous préciser votre doctrine en la matière ?
L'Italie est le pays européen qui a dû faire face plus que les autres aux débarquements de réfugiés et de migrants en situation irrégulière au cours des dernières années, mais l'Europe nous a longtemps laissés seuls face à ce problème. Aujourd'hui, ce qui a changé concernant ce thème sensible par rapport au passé, c'est que l'Italie n'est plus disponible pour accueillir indifféremment les migrants. Nous avons présenté en Europe un plan intégré à plusieurs niveaux, visant une gestion véritablement partagée du phénomène migratoire, avec une approche structurelle plutôt que d'urgence. Nous demandons que la question soit traitée en Europe avec responsabilité et solidarité. Il faut surtout comprendre le principe selon lequel ceux qui arrivent en Italie (ou dans tout autre pays de première arrivée) débarquent en Europe. Et tout cela, nous pouvons encore le dire à tête haute après une période de cinq ans au cours de laquelle notre pays a sauvé des dizaines de milliers de vies en mer et, comme l'a déclaré le président Junker, «l'Italie a sauvé l'honneur de l'Europe». Ce que nous attendons d'un partenaire ami comme la Tunisie est qu'il poursuive son engagement dans le contrôle de ses frontières et dans le rapatriement des migrants irréguliers. De notre côté, nous continuerons à fournir une assistance technique articulée pour faciliter la tâche des autorités tunisiennes.
L'Europe voudrait confiner la Tunisie dans un statut scélérat de vaste camp d'internement pour les immigrés en provenance d'Afrique, ce que tous les Tunisiens, peuple et dirigeants politiques, refusent catégoriquement. Comment l'Europe démocratique tolère-t-elle de telles positions rappelant l'ère tristement célèbre des colonisations et des périodes particulièrement sombres en Europe même ?
Je ne crois pas que l'Europe puisse accepter ni proposer des idées similaires qui, à ce que je sache, n'ont jamais été formellement proposées à la Tunisie. Toutefois, l'Italie estime que la question de la migration ne peut être résolue avec une approche exclusivement sécuritaire. Il faut collaborer davantage avec l'Afrique à travers une approche globale qui, outre le contrôle des frontières, doit inclure les investissements, l'intégration, la sensibilisation aux risques et aux canaux de la migration régulière. À cet égard, je tiens à rappeler qu'en Europe, nous avons fortement soutenu une augmentation des ressources allouées au Fonds d'affectation spéciale pour l'Afrique.
Y a-t-il moyen d'explorer de nouvelles formes de coopération et d'échanges complémentaires et justes entre la Tunisie et l'Italie? Si oui, lesquelles ?
L'Italie est le premier exportateur en Tunisie où elle est présente avec 800 entreprises. Mais il existe un potentiel énorme pour approfondir les échanges et augmenter les investissements dans les deux sens. Je pense à titre d'exemple au secteur de l'énergie dans lequel nous œuvrons pour la réalisation d'un câble électrique en mesure de relier la Tunisie et la Sicile. Ainsi, l'électricité pourra passer de l'Italie à la Tunisie et de la Tunisie à l'Europe. La réalisation de cette interconnexion pourrait également stimuler de nouveaux investissements importants en Tunisie dans le secteur des énergies renouvelables. L'Italie croit également fermement en l'agriculture et au soutien de la Tunisie par le biais de la coopération au développement. Pour ce faire, nous avons adopté des lignes de crédit de plusieurs millions d'euros au profit des petites et moyennes entreprises tunisiennes. Et nous soutenons fermement le processus tunisien de décentralisation, avec un important programme d'aides aux nouvelles municipalités.
La mer Méditerranée est loin d'être, hélas, un lac de paix. Le conflit israélo-palestinien et israélo-arabe s'éternise. La Syrie est à feu et à sang. La Libye est encore livrée à la guerre civile, aux milices terroristes, aux interférences étrangères et à l'anarchie. La Tunisie a présenté une initiative de paix en Libye impliquant les pays du voisinage. Elle trouve peu d'écho auprès de l'Italie. En même temps, les approches française et italienne divergent sur la résolution du conflit libyen. Pourquoi l'Italie semble-t-elle soucieuse de ses seuls intérêts étroits en Libye ?
La Méditerranée est notre mer commune et elle est aussi la région dans laquelle se décide le sort de notre sécurité et de notre stabilité. Pour cette raison, il est essentiel et prioritaire que l'Italie et la Tunisie, pays qui ne demeurent pas insensibles aux conséquences du conflit libyen, agissent ensemble pour résoudre la crise. Nous avons beaucoup apprécié l'initiative diplomatique du Président Caïd Essebsi, dont la vision peut être véritablement décisive afin d'aboutir à une solution politique. L'Italie a également lancé une importante initiative politico-diplomatique, en organisant à Palerme les 12 et 13 novembre une conférence internationale pour et avec la Libye. Nous comptons beaucoup sur la présence à haut niveau à Palerme de la Tunisie et sur son influence constructive. Nous savons bien que pour parvenir à la stabilisation du pays, la volonté des Libyens est essentielle ainsi que l'appui de tous les principaux acteurs internationaux, sous l'égide de l'Organisation des Nations Unies. Il n'y a pas d'approches divergentes. Nous travaillons avec la France, dans la lignée des initiatives internationales précédentes et dans la poursuite du même objectif de pacification et de reconstruction en Libye. Notre approche est en effet inclusive et nous la partageons pleinement avec les autorités tunisiennes.
Deux visites italiennes de très haut niveau en Tunisie en l'espace de quelques semaines ! Pouvez-vous nous éclairer sur le non-dit de ces visites, par-delà les formules diplomatiques habituelles ?
Le non-dit est aussitôt dit : l'Italie et la Tunisie sont des partenaires stratégiques qui sont confrontés à des défis complexes et communs, en étant convaincus qu'avec des valeurs partagées et un excellent niveau de relations bilatérales, il est possible de les résoudre ensemble, dans l'intérêt de nos deux peuples et de toute la Méditerranée.


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