La liberté syndicale est, certes, un droit sacré consacré par la Constitution de 2014, mais elle ne donne pas le droit de mettre en péril l'institution qui est la raison d'être du corps enseignant ni les examens qui évaluent l'apprentissage de nos enfants et qui matérialisent une part essentielle de cette raison d'être. Surtout que le corporatisme a fait son temps, ouvrant la voie à une forme de militantisme ouvert et participatif Le Bureau exécutif de l'Ugtt a rendu public, jeudi, un communiqué qui s'oppose fermement à la décision de boycott des examens du premier trimestre prise et annoncée par la commission administrative de l'enseignement secondaire. La direction monte ainsi pour la deuxième fois au créneau pour signifier clairement son refus de «toute forme de militantisme pouvant nuire aux intérêts des citoyens», invitant, au contraire, les enseignants à faire réussir l'année scolaire et les examens dans les délais qui leur sont fixés. Le BE de la centrale syndicale a fait connaître son appui aux revendications des enseignants du secondaire mais insisté sur l'impératif que cela n'empiète en aucun cas sur «les principes de base de l'Ugtt». Ce qui ressemble à une véritable sommation mettant en avant un nouveau type de «lignes rouges». Mais la Fédération générale de l'enseignement secondaire ne semble pas disposée à prendre en compte les mises en garde de la direction de la centrale. C'est ainsi que l'on a vu Néjib Sallemi, secrétaire général-adjoint de la Fédération, affirmer que «la décision du boycott sera maintenue». Et d'ajouter que les conceptions du BE à propos de la démocratie sont différentes des leurs. Sans pouvoir préjuger de ce qu'il adviendra comme conséquences à ce désaccord qui rassure les parents des élèves concernés, il est utile de se souvenir des trop nombreuses fois où le syndicat de l'enseignement secondaire a mis en péril l'année scolaire et fait fi de l'autorité du ministère de l'Education nationale. La liberté syndicale est, certes, un droit sacré consacré par la Constitution de 2014, mais elle ne donne pas le droit de mettre en péril l'institution qui est la raison d'être du corps enseignant ni les examens qui évaluent l'apprentissage de nos enfants et qui matérialisent une part essentielle de cette raison d'être. Cette ligne rouge qu'évoque publiquement le Bureau exécutif est une initiative heureuse. Car le syndicalisme tunisien doit se maintenir dans sa ligne traditionnelle de patriotisme et de démarche constructive. Surtout que le corporatisme a fait son temps, ouvrant la voie à une forme de militantisme ouvert et participatif qui s'efforce de protéger l'entreprise et de servir sa prospérité, tout en veillant à ce qu'elle soit partagée.