Même si les députés de Nida Tounès ont effectivement boycotté la plénière et malgré les propos excessifs tenus par Sofiène Toubel — putsch, falsification... — le chef du gouvernement s'est distingué par la courtoisie de ses propos et la «main tendue» de sa démarche. Il a ainsi réussi à clore le dossier de la crise politique Prenant la parole devant les députés de l'Assemblée des représentants du peuple, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a saisi, dans son speech de présentation des motivations du remaniement dont il a pris l'initiative, l'occasion d'analyser la crise qu'a vécue le pays ces dernières semaines, indiquant qu'il s'est agi d'une crise politique et non d'une crise gouvernementale. Et, à ses yeux, c'est cette crise-là qui a chahuté et ralenti l'action du gouvernement. Youssef Chahed a remercié le président de la République pour les propos fédérateurs qu'il a tenus lors de sa conférence de presse, exprimant par là même le plein respect et la considération qu'il lui voue. Le chef du gouvernement a tenu à indiquer que le remaniement qu'il soumet à l'Assemblée est parfaitement conforme à la Constitution et qu'il permettra de clarifier qui sont aux côtés du gouvernement et qui lui sont opposés. Il a insisté sur la nécessité de procéder à une évaluation objective de l'action de son équipe afin d'être en mesure de qualifier la situation du pays et de pouvoir apporter les réformes qui s'imposent. Il est revenu sur la situation économique très difficile qui prévalait au moment de sa prise de fonction, plus particulièrement au niveau des finances publiques et du taux de croissance. «Ce gouvernement, a-t-il lancé, a fourni des efforts importants pour sauver le pays d'un scénario chaotique». Et M. Youssef Chahed d'exposer ses objectifs majeurs avec la nouvelle équipe gouvernementale. Elle devra, en matière économique, assurer une amélioration des indices de croissance de l'investissement, une meilleure employabilité, une compression du déficit budgétaire et l'amélioration de la balance commerciale. Sur le plan social, il est question de combattre l'inflation et de maîtriser la hausse des prix, ainsi que de traquer le phénomène du monopole et le fléau du commerce parallèle, afin de préserver le pouvoir d'achat du citoyen. Il s'agira également d'œuvrer à améliorer les services dans plusieurs secteurs, comme la santé, les transports et l'administration. Alors que l'on est à l'approche des élections, le chef du gouvernement a appelé «tous les partis politiques à s'unir pour assurer le bon déroulement de ces échéances, afin de consacrer la démocratie». Et d'insister sur la nécessité de mettre rapidement en place un président à la tête de l'Isie et à parachever la mise en place de la Cour constitutionnelle. Youssef Chahed conclut en rassurant les Tunisiens sur le sort de la transition démocratique qui, dira-t-il, a déjà réalisé des pas énormes. « Nous avons, a-t-il précisé, mis en place de nombreux acquis en matière de droits et de libertés, et toutes les attaques terroristes perpétrées visent en fait à tenter de détruire ces acquis. Il est naturel que nous ayons des différences de points de vue, mais le plus important c'est que nous soyons unis pour l'intérêt de la Tunisie ». Même si les députés de Nida Tounès ont effectivement boycotté la plénière et malgré les propos excessifs tenus par SofièneToubel — putsch, falsification... — le chef du gouvernement s'est distingué par la courtoisie de ses propos et la «main tendue» de sa démarche. Il a ainsi réussi à clore le dossier de la crise politique. N'est-il pas temps de se donner tous la main pour sauver le pays ? Malgré les désaccords. Au moment où nous mettions sous presse, les débats se poursuivaient encore au palais du Bardo. Abdelfattah Mourou, premier vice-président de l'ARP, a annoncé que le vote de confiance aux nouveaux ministres et secrétaires d'Etat aurait lieu tard dans la soirée, vu le nombre élevé de députés qui ont demandé la parole. Nous y reviendrons