On se demande comment Youssef Chahed va traiter avec Ennahdha, glorifié qu'il est de leur confiance qu'il vient d'arracher au Parlement au profit de ses nouveaux ministres et secrétaires d'Etat. Avec la naissance très prochaine de son nouveau parti et le renforcement quotidien du bloc parlementaire qui le soutient, on s'attend à ce qu'il se comporte comme l'acteur principal du paysage politique national Maintenant que Youssef Chahed est parvenu à arracher la confiance du Parlement pour ses nouveaux ministres et secrétaires d'Etat et à garantir à son gouvernement une trêve de tensions et de tiraillements qui pourrait s'étendre jusqu'à fin 2019, plus précisément en octobre et novembre de la même année quand sonneront les prochaines élections présidentielle et législatives tant attendues, l'on se demande à quand l'annonce de la création du nouveau parti de Youssef Chahed, censé être issu du bloc parlementaire «la Coalition nationale» et comment va réagir Ennahdha à la décision du chef du gouvernement de ne pas répondre par l'affirmative à la condition nahdhaouie de ne pas se porter candidat à l'élection présidentielle de fin 2019 ? Du côté de «la Coalition nationale», on confirme que la création du parti de Youssef Chahed sera annoncée dans les prochaines semaines et Sahbi Ben Frej, l'un des députés de la coalition qui a eu le courage de prédire que Youssef Chahed sera le leader de la famille centriste démocratique», prévoit la naissance du nouveau parti pour le mois prochain. Le même député introduit une nouvelle donnée : «Le chef du gouvernement jouit de son droit constitutionnel de se porter candidat aux prochaines élections». A lire entre les lignes, on découvre que Sahbi Ben Frej ne parle pas de l'élection présidentielle, ce qui revient à dire que Youssef Chahed sera candidat aux législatives et visera, en cas de victoire de son nouveau parti, le Palais de La Kasbah, c'est-à-dire la présidence du gouvernement. Sahbi Ben Frej a-t-il confirmé sans le dire ouvertement la révélation livrée par le député nahdhaoui Mohamed Ben Salem qui a assuré que Youssef Chahed a informé Rached Ghannouchi de son intention de ne pas se porter candidat à la présidence de la République en 2019. Noureddine Bhiri, chef du bloc parlementaire nahdhaoui, semble confirmer la révélation faite par Mohamed Ben Salem en soulignant, mardi devant les députés lors de la séance de vote de confiance aux nouveaux ministres, «qu'il est prématuré de parler de la candidature de Youssef Chahed au Palais de Carthage en 2019». Toutefois, le parti nahdhaoui continue à maintenir sa pression (la condition de la non-candidature) dans l'attente de voir comment les choses vont évoluer. En plus clair, comme Youssef Chahed n'a pas livré aux nahdhaouis les assurances qu'ils exigent en contrepartie de leur soutien, on préfère attendre, du côté de Montplaisir, pour voir comment le chef du gouvernement va se comporter avec eux quand son parti sera officiellement constitué. Et aussi quels objectifs va-t-il se fixer au cas où se poursuivrait la déconfiture de Nida Tounès et que les députés qui sont en train de le quitter quotidiennement rejoindraient le nouveau parti de Youssef Chahed ? Plusieurs observateurs et analystes estiment que «Youssef Chahed et Ennahdha donnent l'impression de coaliser en prévision de 2019. Sauf qu'en réalité, chacun d'eux attend l'évolution des événements dans les prochains mois afin de renforcer encore plus cette alliance ou de la briser». Youssef Chahed va-t-il traiter avec Ennahdha comme un partenaire qui jouit d'un poids parlementaire influent (les responsables de la Coalition nationale annoncent que leur bloc est rejoint quotidiennement par les démissionnaires de Nida Tounès) et d'une présence politique confirmée, du fait que son nouveau parti comportera les nidaïstes qui fausseront compagnie à Hafedh Caïd Essebsi emportant avec eux leur expérience en matière d'organisation des élections qui a permis à un jeune parti qui avait à peine deux ans d'existence de remporter les trois présidences en octobre et novembre 2014». Les mêmes observateurs ajoutent : «Les nahdhaouis sont avertis et même s'ils donnent l'impression qu'ils ont mis la main sur le gouvernement, ils savent que lorsque la machine électorale nidaïste reprendra son fonctionnement, il leur sera très difficile d'y résister. En attendant ce que cachent les prochains mois, Youssef Chahed laisse perdurer le suspense en se délectant de son accession au statut de principal acteur du paysage politique national.