Les porteurs du VIH continuent à être stigmatisés. Une rencontre axée sur les thèmes de la violence à l'égard des femmes et sur le virus du VIH (sida) a été organisée, au siège de l'Office national de la famille et de la population (Onfp) mercredi dernier. Cette table ronde s'est tenue à l'occasion de la célébration de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes (25 novembre) et celle de la Journée mondiale de lutte contre le sida (1er décembre). Le coup d'envoi de la table ronde a été donné lors d'une projection d'un court-métrage documentaire, lors duquel les assistants ont eu droit à des témoignages vivants de femmes victimes de violence physique, verbale et sexuelle. Le documentaire a aussi mis l'accent sur les différentes actions de sensibilisation menées par l'Onfp au profit de femmes ouvrières dans la région de Bizerte. La rencontre a enregistré également la participation de Selim Kallel, docteur en psychologie sociale, qui a présenté une intervention axée sur «La vulnérabilité et genre: facteur de risque pour le VIH/SIDA». En effet, le spécialiste, qui a mis l'accent sur les pistes de réflexion s'articulant autour de cette problématique, a expliqué, entre autres, qu'en Tunisie, le comportement violent de l'homme à l'égard de la femme puise son explication dans la culture religieuse qui tolère notamment le viol conjugal et le justifie par le fait que le mariage dans la tradition musulmane confère à l'époux le droit de disposer légitimement de son épouse. Le Dr Kallel a précisé par ailleurs et selon des études menées, dans le monde et en Tunisie, que les femmes qui ont été victimes de violences sexuelles ou physiques sont plus touchées par l'infection du VIH (séropositives). D'autres facteurs, tels que la discrimination dans l'éducation, le statut social des femmes… ont tendance, par ailleurs, à accentuer leur vulnérabilité à la maladie. A titre d'exemple et selon l'étude réalisée par le Credif, en 2016, le pourcentage des femmes violentées est de 74,5% pour les célibataires et de 77% pour les fiancées. L'Onfp a, quant à lui, mené une étude (dans les années 2010) qui démontre que les violences infligées aux femmes par leurs partenaires sont à caractère physique (47,2%), psychologique (68,5%), sexuelle (78,2%) et économique (77,9%). Le docteur en psychologie a ajouté que l'application des lois, les efforts de la société civile et la non-intériorisation des lois par les citoyens , le contrôle et la réforme du système éducatif national, les médias et la promotion d'une nouvelle culture de la mixité et les activités sportives sont des pistes de réflexion qui permettent de circonscrire ce phénomène. Quant à Khadija Moalla, docteur en droit international et elle Senior consultante internationale, a précisé lors de son intervention intitulée «L'éducation sexuelle entre les droits, la loi et la culture : défis actuels et obligation d'agir dans le contexte du VIH/Sida» que les stratégies élaborées pour lutter contre la marginalisation et la stigmatisation des porteurs du VIH ont échoué car l'approche culturelle est négligée. «La prise en charge judiciaire des affaires de violence sexuelle en vertu de la loi 28/2017» est le thème d'une autre communication qui a été présentée par la présidente de l'Unité centrale spécialisée dans l'enquête sur les crimes de violence contre la femme au ministère de l'Intérieur.