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Souffrance et stupéfiants : le cercle infernal
ONFP : Journée internationale de lutte contre l'abus et le trafic de drogues
Publié dans La Presse de Tunisie le 22 - 06 - 2017

Les agressions infligées aux hommes reviennent souvent à des actes de banditisme, alors que celles perpétrées sur les femmes ont des fins purement sexuelles.
L'Office national de la famille et de la population (Onfp), en collaboration avec la Société tunisienne d'addictologie (Stadd), le Conseil de l'Europe, le Groupe Pompidou et l'association MST Sida a organisé, vendredi dernier, une conférence traitant du thème : Femme, violence et addiction. Cette rencontre s'inscrit dans le cadre de la célébration de la Journée internationale de lutte contre l'abus et le trafic de drogues. La corrélation entre la violence infligée au genre et l'addiction n'a jamais fait l'objet d'un travail de recherche ou d'analyse. Pourtant, elle est plus que manifeste.
M. Nabil Ben Salah, président de la Stadd et directeur général du Camu, a rappelé la littérature de l'usage des drogues et des stupéfiants par les femmes, et ce, depuis la nuit des temps. Le tabac, le tabac prisé appelé communément «naffa», l'alcool, l'opium, les médicaments psychotropes... autant de substances qu'ingurgitent les femmes et qui dévoilent une souffrance souvent insurmontable. «Les enquêtes publiées montrent nettement la vulnérabilité des femmes en proie à l'addiction. D'après les résultats de l'enquête Med Net, publiée en 2013, les femmes recourent plus aux médicaments psychotropes que les hommes. Ces substances médicamenteuses sont, dans la plupart des cas, non prescrites par le médecin traitant», indique-t-il. Dans une autre enquête portant sur la consommation des drogues dans le milieu scolaire et plus exactement par la tranche d'âge située entre 15 et 17 ans, il s'est avéré que pour les adolescentes, les drogues sont systématiquement synonymes de cannabis. Pourtant, nombreuses sont celles qui s'adonnent aux substances psychotropes pour déstresser. Par ailleurs, selon les résultats d'une enquête réalisée cette année, laquelle n'a pas encore été publiée et est axée sur les jeunes de la Médina de Tunis et l'addiction, l'on constate que 21% des jeunes hommes avouent avoir consommé de la drogue contre seulement 2% des jeunes femmes. Le cannabis prend le pas avec un taux alarmant de 80%. «La vulnérabilité des femmes en proie à l'addiction revient d'abord à leurs vécus ; des vécus traumatisants marqués par la violence. Ces femmes sont doublement fragilisées», renchérit l'orateur.
La souffrance des femmes, en général, et des femmes en situation de vulnérabilité, constitue le centre de gravité autour duquel s'articulent les événements traumatisants. Plus qu'un état psychologique et un mal-être, elle se transforme en un catalyseur redoutable, propice aux comportements à risques dont l'addiction. Le Pr Haïfa Zalila, de la Stadd, a expliqué dans son intervention le rapport étroit liant la femme à la souffrance «originelle», à la violence et à l'accoutumance. Une intervention qui diffère nettement des conférences scientifiques, remontant ainsi dans la littérature et jusqu'au péché originel pour aboutir, finalement, à un constat valorisant : la femme est l'origine de l'humanité et non un complément de son alter ego masculin.
«Epidémiologie de la violence en rapport avec l'usage de drogues»
Tel est l'angle d'attaque choisi par l'Unité d'urgence médico-judiciaire pour traiter du thème de la conférence. Il s'agit, en effet, d'une étude réalisée par ladite Unité et qui vient de combler un déficit documentaire et analytique. «La Tunisie ne dispose d'aucune étude sur la relation entre les violences et les drogues», indique d'emblée le Dr Mehdi Ben Khelil. Ce travail a été effectué dans un intervalle de temps de 13 mois ; soit de mai 2016 jusqu'à juin 2017. Il consiste en l'analyse des données relatives à quelque 954 sujets issus du Grand-Tunis soit pour soumission à des substances chimiques soit pour des violences perpétrées par un agresseur sous l'effet d'une substance psycho-active. L'étude montre que 76,6% des sujets enquêtés appartiennent à la gent féminine. La violence s'avère être dans 41% des cas le motif de consultation aux urgences, suivie des fugues avec un taux de 28%. «Les fugues accompagnées d'agression justifient 35% des consultations des sujets féminins contre 16% des sujets masculins», note l'orateur. S'agissant de la soumission à des substances chimiques, elle n'entraîne que 1,2% des cas d'agressions opérées au Grand-Tunis. Néanmoins, en analysant ce taux, l'on remarque, non sans inquiétude, que le ratio genre dévoile un écart incommensurable : un homme de 46 ans contre dix femmes d'une moyenne d'âge de 19 ans sont victimes de violences accomplies sous l'effet des substances chimiques, ce qui en dit long sur la vulnérabilité de la gent féminine. Pis encore : les agressions infligées aux hommes reviennent souvent à un motif de vol ou de braquage, alors que celles perpétrées sur les femmes ont des fins purement sexuelles. L'orateur saisit l'occasion pour inciter les victimes de violences à déclarer et à dénoncer leurs agresseurs. Il recommande, aussi, la confirmation analytique des cas de soumission à des substances chimiques surtout que certaines sont polymorphes. Il appelle, enfin, à l'adoption du projet de loi organique sur la lutte contre la violence à l'égard des femmes.
51,1% des femmes en détresse sont en situation de rupture conjugale
Le parcours de l'association «Beity» pour l'accompagnement et l'hébergement des femmes vulnérables lui a valu une meilleure connaissance des différents facteurs de renforcement de la vulnérabilité, voire de l'exclusion des femmes. Des facteurs que Mme Sana Ben Achour a rappelés, point par point. Cette association a été créée en 2012. Au bout de cinq ans, elle a accueilli 542 femmes en détresse dont 10% sont de nationalités étrangères. La plupart des femmes sont âgées entre 30 et 39 ans. Illettrées, vivant dans la précarité, victimes de violence et ayant un enfant ou plus à leur charge, 70% d'entre elles sont vouées à l'isolement social. «51,1% des femmes qui recourent à Beity sont en situation de rupture conjugale. Certaines sont des mamans célibataires, accompagnées d'enfants âgés entre un et cinq ans. Cette catégorie de femmes représente 15% de la population féminine et suit une courbe ascendante en raison de l'absence d'une éducation sexuelle à même de leur éviter des grossesses non désirées, mais aussi de la méconnaissance des moyens contraceptifs — puisque seules 20 sur 118 femmes en utilisent — ainsi que de la dissuasion illogique à laquelle recourent certains professionnels de la santé publique quant à la pratique de l'IVG», indique-t-elle. S'agissant des facteurs socioéconomiques de vulnérabilité, l'oratrice souligne que sur les 118 femmes reçues en 2016, 88 sont au chômage et 27 sont contraintes à des boulots précaires contre des salaires modiques variant entre 180 dinars et 300 dinars. D'autant plus que 70 femmes ne disposent même pas de couverture sociale et 40% d'entre elles n'ont pas un toit sûr. Mme Ben Achour met le doigt sur la vulnérabilité de la femme face à une société machiste et violente. En effet, sur les 118 femmes accueillies, 56 sont victimes de violence physique. La violence morale et économique touche 33,2% d'entre elles. «Dix femmes sont victimes de violence sexuelle. Nous nous confrontons encore au non-dit tant en raison des tabous qu'en raison de la profonde souffrance que vivent ces femmes et leur incapacité à la verbaliser, voire à avouer leurs propres échecs. Car au final, l'agresseur n'est autre que le conjoint ; la personne à qui l'on fait le plus confiance», ajoute-t-elle. La militante de la société civile suggère une série de solutions à caractère politique, soit l'instauration d'une politique publique de lutte contre l'exclusion via la mise en place d'une loi intégrale contre l'exclusion. Elle appelle aussi à l'instauration d'une politique de la ville et de la mixité urbaine. «L'heure est à la garantie de la citoyenneté ; une citoyenneté pleine et effective. Il est inadmissible que des citoyennes ne disposent même pas de CIN et elles sont au nombre de 300 mille», renchérit-elle.


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