Par Kamel Ghattas Un président qui démissionne en pleine gestion ? Cela est devenu normal, étant donné que la gestion est devenue un «kif» auquel on s'adonne par caprice, pour rendre service, pour se faire un nom et bénéficier des gros titres des médias. Le football n'est, après tout, qu'un jeu. Et si un président retire ses billes et ne veut plus jouer, qu'est-ce qui l'oblige à le faire ? Un arbitre «caillassé» qui sort sur une civière ? C'est le risque du métier. Il n'avait pas à venir arbitrer. Le football n'a pas besoin d'arbitres. Il n'a besoin que de fans en folie pour progresser et se frayer une place au sein des nations sportives développées. Et puis, pour ne pas se blesser, un arbitre peut toujours endosser une tenue de footballeur américain avec casque renforcé. Une équipe lésée ? Qu'y a–t-il d'anormal ? On joue pour le jeu. Ou on en accepte les règles ou on reste chez soi. On peut se suffire de voir un match à la télévision. La préparation, l'engagement de joueurs et de techniciens, c'est pour présenter un bilan d'action à l'AG. Pas plus. On s'étripe à la télévision et on s'arrache le linge sale à laver en public comme de vulgaires chiffonniers ? C'est normal, c'est la démocratie ! C'est quand même un beau spectacle et de toutes les manières on donne du grain à moudre pour le lendemain sur les terrasses de café. Les chômeurs et les pêcheurs en eau trouble en ont besoin pour passer le temps. Arrêtons. Il y a de quoi se demander où nous allons, avec cet esprit où les débordements les plus invraisemblables nous fournissent tous les jours la preuve que notre société court tête baissée vers le mur de l'ignorance, de l'absence de responsabilité et de la violence incontrôlée qui finira par tout détruire. Détruire au moins ce que des générations ont pris la peine de mettre en place, dans l'espoir que leurs enfants en bénéficieront un jour. Tout se banalise et personne ne sait plus dans quelle direction on doit aller ou quelle attitude prendre face à autant de laisser-aller. Serait-ce trop dramatiser que de dire que nous ne reconnaissons plus nos jeunes ? Les titres des journaux prouvent qu'il y a effectivement beaucoup de changements et que, sous l'influence de meneurs sans scrupules on est en train de détruire l'image de tout un pays. Tout est allégrement transmis avec force détails où l'imagination et beaucoup de méchancetés font que les Tunisiens passent pour des violents irascibles. Il n'y a pas à se demander pourquoi en sommes-nous arrivés là avec les émissions télévisées et les passes d'armes pleines de haine et de mépris qui se déversent sans merci, chaque fois que l'on passe des débats. L'exemple, dit-on, vient d'en haut. Comment faire lorsque les choses volent si bas ? Comment les nouvelles générations pourront-elles retrouver leurs marques, dans un stade, dans la rue, chez soi, lorsque tout se banalise ? Lorsque faire du mal, agresser, maudire et traiter autrui de tous les noms en public, sans vergogne est devenu si banal ?