La présence d'arbitres British en Tunisie favorise le jeu dur L'entraîneur de l'Espérance a eu parfaitement raison de sortir « gentiment » de ses gonds : « l'arbitre a toléré le jeu dur ». Sans aller jusqu'à dire que ses joueurs ont tout l'air, sauf de mauviettes, il y a lieu de leur reconnaître une discipline exemplaire, et une absence absolue de brutalité. Cette absence de brutalité dans le jeu a, d'ailleurs, toujours été un modèle espérantiste : pas de méchancetés. Au point qu'un Gaddour amusait les foules. Mais il ne cassait pas les tibias de l'adversaire. Lotfi Laâroussi, pivot hargneux faisait figure du méchant. Mais il n'avait pas de gestes déconsidérés. La génération d'après, l'équipe d'Amarildo surtout, était truffée de contristes et de régisseurs centraux à la brésilienne : virtuosité, créativité, tacles sur la balle et la défense passive. Toujours pas de tacles donc sur les tibias. Puis, vint le cycle de la machine infernale des années 90 : Chihi, Hamrouni, Malitoli, Gabsi, Tarek Thabet, Berrekhissa : plus que jamais on cherche la balle, on la récupère, on la convertit mais jamais encore les tibias. On ne comprend pas, néanmoins, que les « Brésiliens de la Tunisie », les Clubistes Sfaxiens, aient autant durci ces dernières années. Le Club qui a distillé des joueurs parmi les plus grands virtuoses de l'histoire du football tunisien, renonce à plaire et c'est dégradant pour sa propre image. Cela fait déjà quelques années qu'au contact des réalités du professionnalisme, les Clubistes Sfaxiens sont devenus hargneux, un peu trop même et ils accusent le plus grand nombre de sanctions lors des cinq dernières années. En est-on conscient ? C'est une récurrence qui échappe curieusement à l'entendement et à l'œil des observateurs et des puristes parmi eux. On ne s'imagine pas les Sfaxiens tacler par derrière, pointer des crampons vers les chevilles. Pour nous, personne comme eux ne sait murmurer à l'oreille d'une balle, la caresser, l'envoyer loin, dans les filets, mais sans lui faire de mal... C'est dans leur ADN, pense-t-on. Or, lorsqu'ils se retrouvent avec un arbitre écossais, venant de l'école british, là où le football est d'une brutalité et d'une agressivité uniques en Europe, ils donnent libre cours à cette « agressivité » contenue quand leurs matches sont officiés par d'autres. On en a eu l'illustration, samedi dernier, contre l'Espérance. Et l'on ne s'explique pas que nos responsables fédéraux et nos prospecteurs ignorent cette vérité première. Les arbitres anglais ne vont arbitrer nulle part que chez eux, car ils découlent d'une école où l'intensité endiablée du rythme provoque beaucoup de casse banalisée : tibias, qui cassent en deux, tacles par derrière, renversants coups de hanche ou d'épaules.... L'école britannique en fait même un motif de fierté. Pour que notre football garde une certaine identité, même quand nos matches sont arbitrés par des étrangers, nos règles doivent rester inamovibles. Faut-il attendre une jambe brisée en deux, pour sortir un carton rouge ? et pourtant les Tunisiens sont très branchés sur le football italien. Ils se rappellent sans doute d'un certain Rivera qui sut esquiver le tacle d'un certain Benetti. Il n'y a donc pas eu de contact. Pourtant, le grand Lobello expulsa Benetti juste sur l'intention de nuire. Raouf KHALSI
*Rivera jouait au Milan AC et Benetti à la Juventus. A signaler que les deux joueurs avaient porté ensemble les couleurs de l'AC Milan.