Un bon livre est un jardin que l'on transporte avec soi. C'est dans cette perspective que s'inscrit la 13e session de la rencontre nationale sur la lecture en milieu rural qui se poursuivra jusqu'à jeudi à Tozeur. Tenue sous l'égide du ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, avec la collaboration du ministère de l'Education et le Fonds national de solidarité, cette édition est articulée autour du thème «Les jeunes et la lecture». Au menu de la première journée, diverses expositions comportant quelques modèles des livres offerts aux écoles primaires et écoles préparatoires concernées par la caravane culturelle, des affiches informatives sur la rencontre et les activités des bibliothèques publiques, certains exemplaires de ceux dédiés aux bibliothèques de la région et quelques éditions des emblèmes culturels de la région. Pour ce qui est du premier panel, des interventions devaient porter sur divers axes, à savoir «la puberté et la lecture», «les pratiques culturelles et sociales des jeunes au fil des temps et des lieux» et «la transmission des pratiques culturelles des pères aux enfants». Le deuxième panel devait abonder dans le même sens, pour débattre de «la réalité du livre à l'ère des technologies modernes de la communication» et «des générations de l'internet et leur relation avec le livre et la lecture», pour finalement s'attarder sur les caractéristiques et modèles des lectures pour jeunes. Le programme de la deuxième journée ( celle d'aujourd'hui ) comporte des visites de terrain pour certains établissements scolaires pour y fonder des noyaux de bibliothèques, tout en procédant à l'animation de ces espaces par des spectacles de théâtre et à la distribution de certains cadeaux à plusieurs élèves. Des ateliers sur le partage du désir de la lecture et un grand spectacle théâtral, «avec un grand esprit sportif», de la troupe le théâtre du Djérid de Tozeur, ont également figuré au programme. Quant au menu de la dernière journée, il sera procédé à la lecture du rapport final et des recommandations issues de cette rencontre pour récompenser, par la suite, les plus fidèles des lecteurs, les bibliothèques et les associations les plus actives et certains agents retraités. Il va sans dire que cette rencontre permettra, de surcroît, d'aménager bon nombre des bibliothèques des écoles primaires et préparatoires de la région, en l'occurrence l'école primaire «Raas Dhraa» (Tozeur), l'école primaire «Lakhdhar Ben Hassine» (Nefta), l'école préparatoire de Hezoua et l'école préparatoire de Tamaghza. Dans ce sens, 28 autres écoles seront, prochainement, dotées de livres et d'équipements nécessaires. Une stratégie de relance Comme tout un chacun le sait, l'on vit, par les temps qui courent, une lente érosion de la lecture, le livre étant globalement banalisé. Ce dernier a, en effet, perdu de sa force de fascination pour ceux qui, par leurs origines sociales et culturelles, n'en étaient pas familiers, ainsi qu'une partie de son pouvoir de distinction chez les jeunes. Parallèlement, l'essor des médias électroniques lui a fait perdre son hégémonie comme moyen d'accès au savoir et comme vecteur d'enrichissement personnel, notamment auprès des personnes moyennement diplômées. La plupart de ces raisons (ou plutôt handicaps à la lecture) sont plutôt relatives au milieu urbain, car pour les zones rurales, on parle sur un tout autre registre. C'est que l'accès au livre ne s'avère pas à la portée de tous. D'où la mise en œuvre par l'Etat de toute une stratégie pour promouvoir la lecture dans les régions reculées du pays. Les bibliothèques itinérantes incarnent, à bien des égards, ces orientations judicieuses. En effet, le réseau des bibliothèques mobiles, consistant en des autobus aménagés pour assurer les services de prêt des livres pour les bénéficiaires dans les zones rurales, comptaient, jusqu'à la fin de 2009, 31 unités. Elles disposent de 498.192 livres et couvrent 1.782 zones, pour faire bénéficier 304.787 personnes. Ces bibliothèques mobiles veillent à la diffusion, en plus du livre, de divers autres documents dans les régions qui ne disposent pas de bibliothèques fixes. Elles fournissent aussi des prestations bibliothécaires sur place aux institutions sociales, économiques et culturelles. M.Ali Marzouki, directeur de la lecture publique, avance dans ce sens que si la diminution du nombre des lecteurs est perceptible, la conviction est que cette érosion n'est nullement inexorable. D'où la conception d'un programme d'exercice national visant à inciter et à redonner le goût de la lecture à chacun, quelle que soit son origine sociale, géographique et culturelle. «Cela exige notamment une volonté politique sans faille. Laquelle volonté a été à maintes reprises manifestée par le Chef de l'Etat, qui n'a eu de cesse de multiplier les consultations nationales sur le livre afin de dépister les difficultés du livre et d'y remédier», ajoute notre interlocuteur. Du reste, il y a lieu de noter que notre conception des bibliothèques fixes et itinérantes, surtout, doit être ainsi orientée davantage vers les jeunes et vers la diversité. Elles devraient constituer de véritables lieux de vie et de convivialité, proposant de multiples services en adéquation avec les besoins nouveaux qui émergent dans la société.